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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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    Fascinée par les nouveaux détails du monde autour de moi, je ne m’étais pas encore demandé à quoi je ressemblais. Intriguée, je m’approchai d’un petit miroir accroché au mur.
    — Oh mon Dieu ! lâchai-je en reculant d’un pas.
    Jamie se mit à rire et M. Lewis m’adressa un sourire indulgent.
    — Elles vous vont à ravir, madame.
    J’examinai avec méfiance l’inconnue dans le miroir.
    — Oui, peut-être, mais ça me fait quand même un choc.
    Je n’avais pas vraiment oublié mon aspect mais je n’y avais pas pensé depuis des mois. Ma seule vanité avait été de préférer les vêtements propres et d’éviter le gris, ce dernier me donnant l’air d’avoir été embaumée par un croque-mort incompétent.
    Aujourd’hui, je portais un dégradé de marron : une veste couleur de jonc ornée d’un liseré doré en gros-grain, ouverte sur ma nouvelle robe en épaisse soie café, avec un corsage très ajusté et trois jupons ourlés de dentelle qui cachaient mes chevilles. Nous ne devions pas rester longtemps à Edimbourg. Il nous fallait encore conduire le brigadier-général à sa dernière demeure et Jamie avait hâte de retrouver les Highlands. Toutefois, nous avions des affaires à traiter en ville. Décrétant que nous ne pouvions avoir l’air de va-nu-pieds, Jamie avait convoqué un tailleur dès que nous avions trouvé un logement.
    Je reculai encore, gonflant le torse. En toute sincérité, j’étais surprise de me trouver plutôt belle allure. Au cours des longs mois de voyage, de retraite et de combats aux côtés de l’armée continentale, j’avais été réduite à l’essentiel : la survie et les fonctions de base. Mon apparence n’avait eu aucune importance, quand bien même aurais-je possédé un miroir.
    En fait, je m’étais inconsciemment préparée à voir une sorcière. Une femme usée avec des cheveux gris hirsutes, voire un ou deux longs poils sous le menton.
    Au lieu de cela… c’était toujours moi. Mes cheveux, coiffés d’un chapeau plat en paille orné d’un petit bouquet de pâquerettes en tissu, étaient relevés en chignon sur ma nuque. Quelques boucles flatteuses s’enroulaient sur mes tempes. Mes yeux étaient d’une couleur ambrée et claire derrière mes nouvelles lunettes, avec une expression de surprise candide.
    Naturellement, j’avais les rides de mon âge mais, dans l’ensemble, ma chair épousait confortablement la forme de mes os au lieu de s’affaisser en bajoues et en double menton.Une ombre discrète soulignait les rondeurs de mes seins. Pendant la traversée, la marine de Sa Majesté nous avait nourris royalement et j’avais repris un peu des formes perdues durant la longue retraite de Ticonderoga.
    — Ma foi, ce n’est pas mal du tout, déclarai-je.
    Je semblais tellement surprise que Jamie et M. Lewis éclatèrent de rire. J’ôtai les lunettes avec grand regret. Celles de Jamie étaient simples et pouvaient être emportées sur-le-champ mais les miennes devaient être équipées d’une monture en or. M. Lewis me promit qu’elles seraient prêtes le lendemain après-midi et nous sortîmes de l’échoppe pour nous atteler à notre mission suivante : la presse de Jamie.
    Alors que nous remontions Princes Street, je demandai :
    — Où est Ian, ce matin ? J’espère qu’il ne s’est pas dégonflé et n’a pas pris la poudre d’escampette plutôt que de rentrer chez ses parents ?
    Il était déjà parti à mon réveil, sans laisser de mot indiquant où il allait.
    — Si c’est le cas, je le retrouverai et lui flanquerai la raclée de sa vie. Il le sait.
    Jamie s’arrêta pour contempler la masse sombre du château perché sur son rocher de l’autre côté du parc, puis chaussa ses lunettes pour voir si cela faisait une différence. Apparemment pas. Il reprit sur un ton distrait :
    — En fait, je crois plutôt qu’il est au bordel.
    — A dix heures du matin ?
    — Pourquoi pas, il n’y a pas d’heure pour ça. Il m’est déjà arrivé d’être pris d’une envie le matin, non ?
    Il ôta ses lunettes, les enveloppa dans son mouchoir puis les rangea dans son sporran en ajoutant :
    — Cela dit, je doute que ce soient les plaisirs de la chair qui occupent son esprit en ce moment. Je lui ai demandé de vérifier si madame Jeanne possédait toujours son établissement. Si c’est le cas, elle saura m’en apprendre plus et plus vite que n’importe qui d’autre à Edimbourg. Si elle est toujours là, je

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