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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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lui rendrai visite cet après-midi.
    — Ah.
    Je n’étais pas enchantée à l’idée qu’il ait un charmant tête-à-tête avec l’élégante Française qui avait été autrefois sonassociée dans la contrebande de whisky, mais l’intérêt de la visite ne m’échappait pas. Je préférai changer de sujet :
    — Et à ton avis, où trouve-t-on Andy Bell à dix heures du matin ?
    — Dans son lit, répondit aussitôt Jamie.
    En voyant mon expression, il ajouta avec un sourire ironique :
    — Il dort. Les imprimeurs sont des créatures sociables qui, en général, fréquentent les tavernes le soir. Je n’en ai jamais connu un qui se lève avec l’alouette, à moins d’avoir des enfants souffrant de coliques.
    Je devais faire de grands pas pour rester à sa hauteur.
    — Tu comptes l’extirper de son lit ?
    — Non, nous le retrouverons chez Mowbray à l’heure du déjeuner. C’est un graveur. Il a quand même besoin d’un peu de lumière pour travailler, alors il se lève à midi. Il déjeune chez Mowbray presque tous les jours. Je veux juste vérifier que son imprimerie n’a pas brûlé et s’il a osé se servir de ma presse.
    Son ton menaçant m’amusa.
    — A t’entendre, on croirait qu’il s’agit de ta femme.
    Il émit un grognement, me faisant comprendre qu’il était conscient qu’il s’agissait d’humour mais ne souhaitait pas s’appesantir sur la question. Jusque-là, je ne m’étais pas rendu compte qu’il était si attaché à sa presse mais, d’un autre côté, il en était séparé depuis près de douze ans. Son cœur amoureux devait battre plus fort à l’idée de la retrouver.
    Peut-être craignait-il vraiment que l’imprimerie n’ait brûlé. Cela n’aurait rien eu d’extraordinaire. Sa propre échoppe avait été ravagée par un incendie des années plus tôt. Ce genre d’atelier était particulièrement vulnérable au feu en raison de la présence d’une petite forge pour fondre et remouler les caractères ainsi que du papier, de l’encre et autres matières inflammables qui y étaient entreposés.
    Mon estomac se mit à gargouiller à l’idée d’un déjeuner chez Mowbray. Je conservais un excellent souvenir de notre dernière et unique visite dans cette auberge, notamment d’un succulent ragoût aux huîtres accompagné d’un délicieux vin blanc frais.
    Malheureusement, il me faudrait attendre encore un peu. Les gargotes d’ouvriers ouvraient à midi mais, pour les habitants chics d’Edimbourg, il était de bon ton de déjeuner à trois heures. Tout en m’efforçant de suivre Jamie, je me demandais si nous ne pouvions pas acheter un friand à un vendeur de rue, histoire de tenir jusque-là.
    L’imprimerie d’Andy Bell était toujours debout. La porte était fermée contre les courants d’air et nous agitâmes une clochette suspendue au-dessus pour annoncer notre arrivée. Un homme d’âge mûr en bras de chemise et tablier était penché sur un panier, à trier des lingots. Il se redressa et vint nous ouvrir.
    — Bonjour, madame ; bonjour, monsieur, dit-il cordialement.
    Il n’était pas écossais ou, du moins, pas né en Ecosse. Il avait l’accent doux et légèrement traînant des colonies du Sud. Jamie le remarqua aussi et sourit.
    — Monsieur Richard Bell ?
    — En effet, répondit-il légèrement surpris.
    Jamie s’inclina
    — James Fraser, pour vous servir. Et voici mon épouse, Claire.
    Perplexe, M. Bell s’inclina à son tour.
    — Pour vous servir, monsieur.
    Jamie glissa une main dans la poche de sa veste et en sortit une petite liasse de lettres retenues par un ruban rose.
    — Je vous apporte des nouvelles de votre femme et de vos filles, dit-il simplement. Nous pourrons discuter ensemble de la possibilité de votre retour.
    M. Bell marqua un temps d’arrêt puis devint soudain blême. Je crus un instant qu’il allait s’évanouir mais il s’accrocha au bord du comptoir.
    — Vous… vous… retour ? balbutia-t-il.
    Il serra les lettres contre son cœur puis les contempla, les larmes aux yeux.
    — Comment a-t-elle… comment a-t-elle… ma femme… Il redressa soudain la tête, l’air effrayé : Elle va bien ? Elles vont bien ?
    — Elles se portaient comme un charme la dernière fois que je les ai vues à Wilmington, le rassura Jamie. Elles sont affligées par votre absence, bien sûr, mais leur santé est bonne.
    M. Bell tentait désespérément de se contrôler, un effort qui le laissait sans voix. Jamie posa

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