Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
Vom Netzwerk:
Cette pensée me touche profondément, monsieur. J’aurais peut-être un petit service à vous demander mais, quoi qu’il en soit, je vous remercie pour votre bénédiction.
    — Si je peux faire quoi que ce soit, quoi que ce soit ! insista M. Bell avec ferveur.
    Une lueur d’hésitation traversa soudain son regard. Il devait se souvenir de ce que lui avait écrit son épouse au sujet de Jamie. Il ajouta :
    — Quoi que ce soit, hormis la… la trahison.
    — Ne vous inquiétez pas, il ne sera pas question de trahir, lui assura Jamie.
    Là-dessus, nous prîmes congé.
     
    Je pris une cuillerée de ragoût aux huîtres et la humai, au bord de l’extase. Nous étions arrivés tôt afin d’avoir une table près de la fenêtre, mais Mowbray s’était vite rempli. Le vacarme des bruits de vaisselle et de conversations était presque assourdissant.
    Je me penchai en avant pour me faire entendre.
    — Tu es sûr que tu ne le vois pas ?
    Jamie fit non de la tête tout en faisant rouler une gorgée de moselle frais dans sa bouche d’un air béat. Quand il l’eut enfin avalée, il répondit :
    — Quand il arrivera, tu le sauras. Il ne passe pas inaperçu.
    — Soit. Quel service plus ou moins honnête comptes-tu demander à M. Bell en échange d’un billet de retour pour les colonies ?
    — Je voudrais qu’il emporte ma presse.
    — Quoi ? Tu confierais ta précieuse chérie à un quasi-inconnu ?
    Il me jeta un regard noir mais acheva de mastiquer son morceau de pain beurré avant de me répondre :
    — Je suis sûr qu’il en prendra le plus grand soin. Après tout, il ne va pas imprimer mille exemplaires de Clarisse Harlowe 4 à bord du navire.
    J’étais très amusée.
    — Elle a un nom, ta chère presse ?
    Il rougit légèrement et détourna le regard, mettant un soin méticuleux à cueillir une huître particulièrement grasse avec sa cuillère. Puis il marmonna enfin :
    — Bonnie.
    Je me mis à rire, mais, avant que je puisse le taquiner davantage, un nouveau bruit perturba le brouhaha. Des gens reposaient leurs couverts et se levaient, tordant le cou pour apercevoir quelque chose dans la rue.
    — Je te parie que c’est Andy, déclara Jamie.
    Je regardai au-dehors à mon tour et vis un petit groupe d’enfants et de badauds battant des mains. Un peu plus haut dans la rue, j’aperçus un cheval d’une taille comme je n’en avais encore jamais vue. Ce n’était pas une bête de trait mais un hongre gigantesque. Pour autant que mon œil inexpert puisse en juger, il devait faire près de dix-sept paumes.
    Un tout petit homme se tenait en selle, le dos droit et ignorant royalement les applaudissements. Il s’arrêta juste à notre hauteur et, se retournant, détacha un coffret carré de la selle. Il le secoua et une échelle pliante se déploya. Un gamin se précipita pour la lui tenir tandis qu’il descendait sous les acclamations. Il lança une pièce au garçon, une autre à celui qui avait pris la bride de sa monture, puis disparut de notre vue.
    Il réapparut quelques instants plus tard par la porte de la salle principale de l’auberge. Il ôta son chapeau à cornes et inclina gracieusement la tête en direction des clients qui le saluaient bruyamment. Jamie leva un bras et appela « Andy Bell ! » d’une voix forte. Le petit homme se tourna vers nous, surpris. Je l’observai avec fascination tandis qu’il approchait, son visage se fendant lentement d’un large sourire.
    Je n’aurais su dire s’il était atteint d’une forme de nanisme ou s’il avait gravement souffert de malnutrition et de scoliose dans son enfance. Ses jambes étaient courtes, proportionnellement à son torse, et ses épaules étaient de guingois. Il mesurait à peine un mètre vingt et, alors qu’il passait entre les tables, on ne voyait de lui que le sommet de son crâne coiffé d’une perruque très distinguée.
    Vus de plus près, ces détails devenaient insignifiants face à son trait le plus remarquable. Andrew Bell avait un nez monumental. Au cours de ma vie, je n’en avais jamais rencontré d’aussi gros et, pourtant, j’avais vu mon lot de spécimens. Celui-ci commençait normalement entre les sourcils et s’incurvait doucement, comme si la nature avait voulu lui donner un profil d’empereur romain. Puis quelque chose avait mal tourné et, après ce début prometteur, une protubérance ressemblant à une petite pomme de terre avait été ajoutée. Bulbeux et rouge, il attirait

Weitere Kostenlose Bücher