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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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magicien.
    Mon cuir chevelu me picotait et des points noirs commencèrent à danser dans les angles de mon champ de vision.
    Il y avait deux douzaines de flacons vides ornés d’un liseré d’or alignés au-dessus de deux tiroirs. Et, dessus, étincelant sur son socle en velours, un microscope gainé de laiton. C’était un coffre de médecine.
    Mes genoux cédèrent et je m’évanouis, ma dernière sensation étant la fraîcheur du parquet contre ma joue.

53
    Les chemins de la mort
    La nuit, étendue dans l’enchevêtrement de mes draps, je cherchai une voie vers la mort. Chaque parcelle de mon corps aspirait à quitter cette existence. J’ignorais ce qui m’attendait dans l’au-delà, une gloire inespérée ou l’oubli miséricordieux, mais ce mystère était infiniment préférable à l’inexorable misère du présent.
    Je n’aurais su dire ce qui me retenait d’opter pour une fuite simple et violente. Après tout, les moyens étaient à ma portée. J’avais le choix entre une balle de pistolet, une lame aiguisée ou de multiples poisons.
    Je fouillai frénétiquement parmi les bocaux et les fioles du coffre de médecine, laissant les tiroirs ouverts, renversant les flacons dans ma hâte, éparpillant les sachets d’herbes et de poudres sur le sol, essayant de me souvenir des propriétés mortifères de chaque substance.
    Quand je pensai avoir enfin réuni les plus toxiques, je les alignai devant moi sur la table.
    Aconit, arsenic…
    Il y avait tant de morts parmi lesquelles choisir. Comment faire ?
    L’éther. C’était la plus facile à défaut d’être la plus sûre. Imbiber généreusement un linge épais du liquide, se coucher, poser le masque sur mon nez et ma bouche, et me laisser partir. Cependant, il y avait toujours le risque que quelqu’un me trouve trop tôt ; qu’en perdant connaissance, ma tête ne tourne sur le côté ; que je sois prise de convulsions quidélogent le masque ; ou que, tout simplement, je me réveille pour me retrouver dans ce vide douloureux de l’existence.
    Je restai immobile un moment puis, comme dans un rêve, saisis le couteau que j’avais oublié sur la table après avoir coupé des mèches de lin. C’était celui que Jamie m’avait offert. Il était affûté, sa lame projetait des éclats argentés.
    Ce serait sûr, et ce serait rapide.
     
    Jamie Fraser se tenait sur le pont du Philomène , observant l’eau glisser le long des flancs du navire, méditant sur la mort. Au moins, il avait cessé d’y penser d’une manière personnelle depuis que son mal de mer s’était enfin – après trop, trop longtemps – apaisé. Ses pensées étaient désormais d’ordre plus abstrait.
    Pour Claire, la mort était l’ennemi. Une entité contre laquelle il fallait toujours se battre, et à laquelle il ne fallait jamais céder. La mort était pour lui tout aussi familière mais, par la force des choses, il avait fait la paix avec elle. Du moins, il le pensait. Comme le pardon, ce n’était pas une chose que, une fois apprise, on pouvait laisser de côté mais une pratique constante. Accepter l’idée de sa propre mortalité tout en vivant pleinement était un paradoxe digne de Socrate.
    Il s’était retrouvé face à face avec la mort suffisamment de fois pour savoir qu’il y avait bien pire. Mieux valait mourir qu’être celui qui restait pour pleurer les morts.
    Il ressentait encore quelque chose de pire que du chagrin chaque fois qu’il regardait sa sœur, frêle et esseulée, et entendait le mot « veuve » dans sa tête. Ce n’était pas juste. Ce terme ne pouvait s’appliquer à Jenny. Elle ne pouvait être coupée aussi brutalement de la vie. C’était comme de la regarder, impuissant, être mise en pièces.
    Il se détourna de ces pensées et se concentra sur Claire, sur son désir de la retrouver. Elle était la flamme de sa chandelle dans le noir. Sa caresse était un réconfort, une source de chaleur. Il se souvint du dernier soir avant son départ, quand ils s’étaient tenu la main assis sur le banc devant le broch. Il avait senti son cœur battre au bout de ses doigts, une pulsation régulière qui avait apaisé ses propres palpitations.
    Etrange comme la présence de la mort traînait toujours dans son sillage tant de fantômes, des ombres oubliées depuis longtemps qui réapparaissaient brièvement dans la pénombre. En se revoyant jurer à Claire de la protéger la première fois qu’il l’avait tenue dans ses bras, il

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