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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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bougé. John Grey se tenait sur le seuil de ma chambre. Il n’avait pas de cravate et sa chemise tachée de vin pendait mollement hors de ses culottes. Ses cheveux étaient dénoués et emmêlés, ses yeux aussi rouges que les miens.
    Je me levai lentement avec l’impression de me mouvoir sous l’eau.
    Il referma la porte derrière lui et marmonna :
    — Cette nuit, je ne veux pas le pleurer seul.
     
    Je fus surprise de me réveiller. Je ne m’y étais pas attendue et restai allongée sans bouger un moment, laissant la réalité reprendre sa place autour de moi. Je n’avais qu’un léger mal de tête, ce qui était presque aussi surprenant que le fait d’être encore en vie.
    Mais tout cela paraissait bien dérisoire comparé à la présence de l’homme couché près de moi dans le lit.
    — Si je puis me permettre, cela faisait combien de temps que vous n’aviez pas partagé la couche d’une femme ?
    Il ne parut pas offusqué par ma question. Il plissa légèrement le front et se gratta le torse, songeur.
    — Mmm… une quinzaine d’années ? Au moins.
    Il me regarda avec une inquiétude soudaine.
    — Oh, je vous demande pardon.
    — Pardon de quoi ?
    Il hésita.
    — Je crains de ne pas m’être conduit… comme un gentleman.
    — On peut le dire. Mais je vous assure que je ne me suis pas comportée comme une dame non plus.
    Ses lèvres remuèrent comme s’il cherchait ce qu’il pourrait répondre à ça, puis il capitula. Je poursuivis :
    — En outre, ce n’était pas à moi que vous faisiez l’amour. Nous le savons tous les deux.
    Il me lança un regard surpris, ses yeux très bleus. Puis l’ombre d’un sourire traversa son visage.
    — C’est vrai, répondit-il. Parce que vous, peut-être, c’est à moi que vous faisiez l’amour ?
    — Non.
    Le chagrin de la nuit dernière s’était atténué mais son poids était toujours là. Il nouait ma gorge et rendait ma voix grave et rauque.
    John se redressa et saisit une bouteille et un verre sur la table de nuit. Il remplit le verre et me le tendit.
    — Merci.
    Je le portai à mes lèvres et m’arrêtai.
    — Mais… c’est de la bière !
    — En effet, et d’excellente qualité.
    Lui-même but au goulot, prenant plusieurs grandes gorgées en fermant les yeux. Puis il abaissa la bouteille et poussa un soupir de satisfaction.
    — Cela nettoie le palais, rafraîchit l’haleine et prépare l’estomac à la digestion.
    Malgré moi, j’étais amusée… et choquée.
    — Vous voulez dire que vous prenez de la bière au petit déjeuner tous les matins ?
    — Bien sûr que non. Uniquement pour accompagner mon repas.
    — Je m’étonne qu’il vous reste encore des dents !
    Je goûtai néanmoins à mon verre. Effectivement, c’était de la très bonne bière, capiteuse et fruitée, avec le juste degré d’amertume.
    Je remarquai tout à coup dans sa posture une certaine tension que la teneur de notre conversation ne justifiait pas. Bien que mon cerveau fonctionne au ralenti, je finis par comprendre l’origine de son malaise.
    — Si vous avez envie de péter, ne vous gênez pas pour moi.
    Il fut suffisamment estomaqué pour lâcher un vent malgré lui. Il devint cramoisi.
    — Je suis atrocement confus, madame.
    J’essayais de ne pas rire mais mes efforts pour me retenir ne parvinrent qu’à faire trembler le lit, ce qui acheva de le mortifier. Pour le mettre à l’aise, je lui demandai :
    — Auriez-vous eu autant de scrupules si vous aviez été au lit avec un homme ?
    Il se gratta la joue.
    — Cela dépend sans doute de l’homme en question mais, en règle générale, non.
    L’homme en question . Je savais qu’il pensait à Jamie, tout comme moi. Il lut lui aussi dans mes pensées.
    — Il m’a offert son corps un jour. Vous le saviez ?
    — Je suppose que vous l’avez refusé ?
    Je connaissais déjà la réponse mais j’étais curieuse de connaître sa version.
    — En effet. Ce n’était pas cela que j’attendais de lui, enfin… pas uniquement cela. Je voulais tout. J’étais jeune et suffisamment orgueilleux pour penser que je ne pouvais me satisfaire de rien de moins que son cœur. Et naturellement, il ne pouvait pas me le donner.
    Je restai silencieuse un moment. La fenêtre était ouverte et les longs rideaux en mousseline s’agitaient dans le courant d’air. Puis je demandai :
    — Vous avez regretté de ne pas avoir accepté son offre ?
    Il m’adressa un petit sourire.
    — Un million de fois, au

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