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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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s’étant retourné, découvrit le capitaine Richardson. Un grand blanc envahit son esprit. Son visage aussi, sans doute, car Richardson lui prit le bras d’une manière des plus familières et l’entraîna dans une auberge.
    Une fois dans la salle, il le lâcha puis fit un signe de tête vers l’escalier et chuchota :
    — Suivez-moi.
    Un mélange de vague curiosité et de méfiance s’éveilla dans son cerveau embrumé mais il le suivit, ses pas émettant un bruit creux sur les marches en bois.
    Richardson referma la porte de la chambre derrière lui et se mit à parler avant que Grey n’ait eu la présence d’esprit de l’interroger sur les faits très singuliers que William lui avait racontés.
    — Mme Fraser, commença Richardson sans préambule. Vous la connaissez bien ?
    Pris de court, Grey répondit machinalement :
    — C’est la femme… la veuve d’un bon ami.
    — Un bon ami, répéta Richardson.
    Nul n’aurait pu paraître plus insignifiant que cet homme. Il rappela subitement à Grey le sinistre Hubert Bowles. Les espions les plus dangereux étaient des hommes sur lesquels on ne se retournait jamais dans la rue.
    — Oui, un bon ami, insista Grey. Ses opinions politiques ne posent plus de problèmes, je suppose ?
    — Pas s’il est vraiment mort. Vous en êtes sûr ?
    — Oui. Que voulez-vous savoir exactement ? Je suis fort occupé.
    Richardson esquissa un sourire devant ce mensonge patent.
    — Je compte arrêter cette femme pour espionnage, lord John. Avant de procéder, je voulais m’assurer qu’il n’y avait entre vous… aucun attachement personnel.
    Grey s’assit, plutôt brusquement, et posa ses mains à plat sur la table.
    — Je… Elle… Mais pourquoi diable ?
    Richardson s’assit en face de lui.
    — Cela fait trois mois, peut-être plus, qu’elle achemine des documents séditieux dans tout Philadelphie. Et avant que vous ne me posiez la question, oui, j’en ai la preuve. Un de mes hommes a intercepté un de ces courriers. Vous pouvez le lire si vous le souhaitez.
    Il sortit une liasse de papiers de sa poche et la déposa devant lui. Les feuilles semblaient avoir été manipulées par denombreuses mains. Grey ne pensait pas que Richardson cherchait à le tester mais il prit tout son temps pour les examiner. Puis il reposa les papiers, se sentant vidé du peu d’énergie qui lui restait. Richardson reprit en le dévisageant attentivement :
    — J’ai entendu dire que la dame en question était reçue chez vous et qu’elle se rendait souvent dans la maison où se trouve votre neveu. Toutefois, ce n’est pas une… amie ?
    — C’est un médecin.
    Grey eut la maigre satisfaction de le voir écarquiller les yeux.
    — Elle nous a été d’un grand secours, tant à mon neveu qu’à moi.
    Il lui vint à l’esprit qu’il était préférable que Richardson ignore à quel point il l’estimait car, si Richardson flairait un intérêt personnel de sa part, il cesserait aussitôt de lui donner des informations. Il ajouta :
    — Mais tout ceci appartient au passé. J’ai du respect pour cette femme, certes, mais il n’y a aucun attachement entre nous.
    Là-dessus, il se leva et prit congé. Poser des questions aurait compromis sa feinte indifférence.
    Il se remit en route vers Walnut Street d’un pas leste. Son esprit n’était plus engourdi. Il était de nouveau lui-même, solide et déterminé. Finalement, il y avait un dernier service qu’il pouvait rendre à Jamie Fraser.
     
    — Vous devez m’épouser, répéta-t-il.
    Je l’avais déjà entendu la première fois mais je ne comprenais toujours pas. Je glissai un auriculaire dans mon oreille et l’agitai, puis répétai l’opération de l’autre côté.
    — Vous n’êtes pas sérieux.
    — Je suis on ne peut plus sérieux.
    L’engourdissement dû au choc commençait à s’estomper et une chose horrible semblait sur le point de ramper hors d’un petit trou dans mon cœur. Je ne pouvais pas la regarder en face et préférai concentrer toute mon attention sur lord John.
    — Je sais que je suis en état de choc mais pas au point d’avoir des hallucinations ni d’entendre des voix. Qu’est-ce quivous prend de me demander une chose pareille, nom d’un chien !
    Je me levai brusquement, prête à le frapper. Il le devina et recula vivement d’un pas.
    — Vous allez m’épouser, répéta-t-il péremptoire. Vous rendez-vous compte que vous êtes sur le point d’être arrêtée pour

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