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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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côté de la grange était noir de fumée mais l’incendie s’était éteint avant que le bâtiment soit dévoré par les flammes.
    Une rafale de vent s’engouffra à l’intérieur, soulevant la paille et la poussière et plaquant nos jupes contre nos jambes. La grange avait eu autrefois un plancher. La trace des lattes enchâssée dans la terre molle en témoignait. Les fourrageurs les avaient arrachées pour faire du feu mais, fort heureusement, abattre l’ensemble de la structure leur avait paru trop laborieux.
    Certains des réfugiés de Fort Ticonderoga s’y étaient abrités eux aussi. Il y en aurait d’autres avant la tombée de la nuit. Une femme et ses deux petits enfants épuisés dormaient blottis les uns contre les autres près d’un mur. Son mari les avait installés là avant de repartir chercher de quoi manger.
    Priez pour que vous n’ayez pas à fuir en hiver ni un jour de sabbat.
    Je raccompagnai la putain jusqu’à la porte puis me tins sur le seuil. Le soleil touchait presque la ligne d’horizon ; il devait nous rester une heure de jour mais la brise du crépuscule agitait déjà la cime des arbres ; le bruissement des jupes de la Nuit qui approchait. Je frissonnai. Il faisait frais dans la grange pendant la nuit. D’un jour à l’autre, à notre réveil, nous découvririons du givre sur le sol.
    Tant pis, je mettrai une seconde paire de bas, murmurai-je en moi-même.
    La voix moralisatrice de ma conscience me fit observer qu’une vraie chrétienne aurait donné sa paire de bas en rab à la prostituée.
    Tais-toi, lui répondis-je. J’aurai plein d’autres occasions d’être charitable plus tard.
    Une bonne moitié des fuyards allaient jambes nues.
    Je me demandai si je pourrais soulager l’amie de la putain. Ses « démangeaisons » pouvaient aussi bien être un eczéma que la variole ou une gonorrhée (compte tenu de sa profession, une maladie vénérienne était probable). A Boston, il aurait pu s’agir d’une simple candidose mais, étrangement, je n’en voyais jamais par ici, ce qui était peut-être dû à l’absence quasi universelle de sous-vêtements. La modernité présentait aussi ses inconvénients !
    Je lançai à nouveau un regard vers mon havresac, évaluant ce qu’il me restait et comment l’utiliser au mieux. Un pot d’onguent à la gentiane, bon pour les écorchures et les plaies mineures. Une petite réserve de simples utiles pour les teintures et les compresses : de la lavande, du camphre, de la menthe poivrée, des graines de moutarde. Par miracle, je possédais encore la boîte d’écorce de quinquina achetée à New Bern. Cela me fit penser à Tom Christie et je me signai avant de le chasser de mon esprit. Je ne pouvais rien pour lui et j’avais trop à faire ici. Deux scalpels que j’avais pris sur le corps du lieutenant Stactoe (il avait été emporté par une fièvre sur la route) et mes ciseaux chirurgicaux en argent. Les aiguilles d’acupuncture en or ; elles auraient pu aider à traiter d’autres que Jamie mais je ne savais les planter que contre le mal de mer.
    J’entendais des voix, des groupes de fourrageurs arpentant la forêt ; ici et là, quelqu’un lançait un nom, cherchant un parent ou un ami perdu en cours de route. Les réfugiés s’installaient pour la nuit.
    Des brindilles craquèrent non loin et un homme surgit du couvert des arbres. Je ne le reconnus pas. Il tenait un mousquet et une poche à poudre était accrochée à sa ceinture. Il ne portait pas grand-chose d’autre. Ses pieds étaient nus et je fis aussitôt remarquer à ma conscience qu’ils étaient beaucoup trop grands pour mes bas.
    Il me vit devant la porte et leva la main.
    — C’est vous la sorcière ?
    — Oui.
    J’avais abandonné tout espoir de me faire appeler « médecin », ou même « guérisseuse ».
    — J’ai croisé une putain qui avait un beau bandage au pied. Elle a dit qu’il y avait une sorcière dans la grange et qu’elle possédait des remèdes.
    — Oui, répétai-je.
    Je l’observai discrètement. Je ne voyais aucune plaie et il n’était pas souffrant, comme le prouvaient son teint et sa démarche droite. Il venait peut-être pour une épouse, un enfant ou un camarade.
    — Donne-les-moi, tout de suite, ordonna-t-il.
    Tout en me souriant, il pointa son mousquet sur moi.
    — Quoi ?
    — Donne-moi tous tes remèdes.
    Il pointa mon sac du bout de son canon avant d’ajouter :
    — Je pourrais t’abattre et me servir

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