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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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main se crispant sur ma cuisse. Un instant plus tard, j’entendis le bruit furtif qui l’avait alerté et ma gorge se noua. Ce pouvait être un loup comme des Indiens embusqués. Le plus silencieusement possible, je glissai une main dans la fente de ma jupe à la recherche de mon couteau.
    Ce n’était pas un animal. Une ombre passa devant la porte ouverte, haute comme un homme, avant de disparaître. Jamie exerça une pression sur ma cuisse, se leva et, sans un bruit, traversa la grange courbé en deux. L’espace d’un instant, je le perdis de vue dans l’obscurité puis, quelques secondes plus tard, une fois mes yeux accoutumés, je l’aperçus : une longue silhouette sombre plaquée contre le mur, juste à côté de la porte.
    L’ombre à l’extérieur réapparut ; je distinguai une tête pâle se détachant contre le ciel nocturne. Je me relevai doucement, la peur faisant fourmiller ma peau. La porte n’était qu’entrebâillée. Devais-je me jeter à plat ventre et ramper jusqu’au murafin de ne pas être vue ? Peut-être même qu’avec un peu de chance, je pourrais attraper l’intrus par les chevilles.
    J’allais appliquer cette stratégie quand un murmure tremblant s’éleva dans le noir.
    — Ami… Ami James ?
    Je laissai échapper le souffle que je retenais depuis un bon moment.
    — Denzell ? C’est vous ?
    — Claire !
    Il bondit dans la grange avec soulagement, trébucha sur quelque chose et s’étala de tout son long.
    — Ravi de vous savoir de retour, Ami Hunter, déclara Jamie en se retenant de rire. Vous vous êtes fait mal ?
    — Non, non, je ne crois pas. Quoique… James, j’ai réussi !
    Il y eut un silence.
    — A quelle distance sont-ils, a charaid  ? Et sont-ils en marche ?
    — Non, grâce à Dieu !
    Denzell s’affala à mes côtés, tremblant de tous ses membres.
    — Ils attendent d’être rejoints par leur convoi de ravitaillement. Ils craignent d’épuiser leurs réserves et peinent beaucoup à avancer. Il faut dire qu’on a mis les routes dans un bel état et que la pluie ne les aide pas !
    Sa fierté était palpable.
    — Combien de temps avant qu’ils se remettent en marche ?
    — Un des sergents a dit deux ou trois jours. Je l’ai entendu recommander à ses soldats d’économiser leur farine et leur bière car ils n’en auraient plus avant l’arrivée du convoi.
    Jamie poussa un soupir satisfait et je sentis sa tension se relâcher légèrement. Moi-même, je fus submergée par une immense vague de gratitude. Nous aurions enfin le temps de dormir. J’avais commencé à me détendre et, à présent, j’avais la sensation de me liquéfier à tel point que j’entendis à peine les autres nouvelles que Denzell apportait. Jamie lui murmura des félicitations, lui donna une tape sur l’épaule puis sortit de la grange, sans doute pour transmettre les informations.
    Denzell resta immobile, respirant bruyamment. Je rassemblai ce qui me restait de concentration et fis des efforts d’amabilité.
    — Ils vous ont donné à manger, Denzell ?
    — Oh !
    Il fouilla dans sa poche.
    — Je t’ai apporté ceci, Amie Claire.
    C’était une petite miche de pain, un peu carbonisée aux entournures, mais je me mis aussitôt à saliver.
    Je tentai de la repousser.
    — Non, non, vous devriez…
    — Ils m’ont nourri, insista-t-il. Une sorte de ragoût. J’ai mangé autant que j’ai pu. J’ai pris une autre miche pour ma sœur. Ils me les ont données, je ne les ai pas volées.
    — Merci.
    M’efforçant de rester maîtresse de moi, je coupai la miche en deux et en glissai une moitié dans ma poche pour Jamie. Puis je fourrai l’autre dans ma bouche et la dévorai comme un loup déchiquetant une carcasse.
    L’estomac de Denny était aussi bruyant que le mien, émettant une série de borborygmes puissants.
    — Vous avez dit que vous aviez mangé ! l’accusai-je.
    — C’est vrai mais j’ai un peu de mal à digérer, dit-il avec un petit rire douloureux.
    Il se pencha en avant et serra ses genoux contre son torse.
    — Euh… Tu n’aurais pas un peu d’orgeat ou de menthe poivrée, Amie Claire ?
    Il ne me restait pas grand-chose dans mon havresac mais suffisamment pour le soulager. Je lui donnai une poignée de menthe poivrée. Il n’y avait pas d’eau chaude, aussi la mâcha-t-il avant de la faire passer avec une rasade d’eau de ma gourde. Il but avidement, rota, puis se mit à respirer d’une manière fort explicite. Je le guidai

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