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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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parleras de lui plus tard, quand nous aurons le temps.
    J’entendis ses pas sur le tapis de feuilles puis m’endormis, une prière pour Walter Woodcock inachevée dans ma tête.

16
    Le jeu du déserteur
    La putain grogna à travers le chiffon serré entre ses dents.
    — C’est presque fini, murmurai-je.
    Je lui caressai doucement le mollet pour la rassurer puis repris le débridement de sa vilaine plaie. La monture d’un officier l’avait piétinée lors de la ruée d’une foule assoiffée vers un ruisseau pendant la retraite. Je distinguais clairement l’empreinte noire des clous du fer à cheval dans la chair gonflée et violacée de la cambrure de son pied. Le bord du fer, usé et tranchant comme une lame, avait creusé une profonde entaille courant sur les métatarses et disparaissant entre le quatrième et le cinquième orteil.
    J’avais cru devoir amputer le petit orteil qui ne semblait plus tenir que par un lambeau de peau. Toutefois, un examen plus attentif m’avait appris que tous les os étaient miraculeusement indemnes, pour autant que je pouvais le constater en l’absence de rayons X.
    Le sabot du cheval avait enfoncé son pied dans la vase au bord du ruisseau. Cela avait sans doute évité aux os d’être broyés. Si je parvenais à enrayer l’infection sans amputer, elle pourrait peut-être remarcher normalement un jour.
    Avec un espoir prudent, je reposai mon scalpel et saisis une bouteille que j’avais apportée du fort et contenant, je l’espérais, un liquide avec de la pénicilline. J’avais également récupéré le fût optique du microscope du docteur Rawlings dans les vestiges de la Grande Maison et le trouvais fort utile pour démarrer les feux. Cependant, sans molette de réglage,oculaire ni miroir, il ne l’était guère pour identifier les micro-organismes. Je savais que j’avais cultivé et filtré de la moisissure de pain, mais au-delà…
    Je versai une bonne dose de liquide sur la plaie que je venais de nettoyer. Même s’il ne contenait pas d’alcool, la chair était à vif. La femme émit un son aigu à travers son chiffon et souffla bruyamment par le nez. Le temps de préparer une compresse de camphre et de lavande puis de l’enrouler autour de son pied, elle était calmée quoique encore toute rouge.
    Je lui donnai une petite tape sur la jambe.
    — Et voilà ! Ça devrait faire l’affaire.
    J’allais ajouter « et gardez la plaie bien propre » mais je me mordis la langue. Elle n’avait ni bas ni chaussures et, quand elle ne marchait pas toute la journée sur les cailloux, la poussière et dans les ruisseaux, elle vivait dans un camp crasseux où abondaient les excréments, animaux autant qu’humains. La plante de ses pieds était dure comme de la corne et noire comme du charbon.
    — Revenez me voir dans un jour ou deux.. Je changerai votre bandage, lui dis-je tout en songeant in petto : Si elle le peut et si je le peux !
    Je lançai un regard vers le havresac dans lequel ma réserve de médicaments diminuait à vue d’œil.
    — Merci bien, m’dame.
    La putain se releva et posa délicatement le pied par terre. A en juger à la peau de ses jambes et de ses pieds, elle était jeune, même si cela ne se voyait pas sur son visage. Sa peau hâlée était fripée par la faim et la fatigue. Ses pommettes saillaient et sa bouche était tordue du côté où des dents manquaient. Peut-être avaient-elles pourri, à moins qu’elles n’aient été cassées par un client ou une collègue.
    — Vous serez ici encore un bout de temps ? demanda-t-elle. J’ai une copine qui a… euh… des démangeaisons.
    Je me redressai en réprimant un gémissement.
    — Je serai ici toute la nuit. Envoyez-la-moi, je verrai ce que je peux faire.
    Notre groupe de miliciens en avait rejoint d’autres, formant un grand troupeau. Au fil des jours, nos rangs étaient gonflés par d’autres corps de rebelles, des fragments des armées desgénéraux Schuyler et Arnold, ces dernières marchant également vers le sud.
    Nous avancions toute la journée mais étions à présent suffisamment hors de danger pour dormir la nuit et, l’armée nous fournissant de temps en temps des provisions, je sentais mes forces revenir. D’ordinaire, il pleuvait la nuit mais, ce matin, la pluie s’était mise à tomber à l’aube et nous avions pataugé dans la boue des heures durant avant de trouver un abri.
    Les troupes du général Arnold avaient mis la ferme à sac et brûlé la maison. Un

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