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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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précipitamment vers un coin de la grange et lui tins la tête pendant qu’il vomissait, rejetant la menthe et le ragoût tout à la fois.
    — Une intoxication alimentaire ? demandai-je.
    Je posai une main sur son front mais il s’écarta et se laissa tomber sur une pile de foin, la tête sur les genoux.
    — Il a dit qu’il me pendrait, murmura-t-il soudain.
    — Qui ?
    — L’officier anglais. Un capitaine Bradbury, je crois. Il a dit qu’il était convaincu que j’étais un espion et que, si je n’avouais pas tout, il me pendrait.
    — Mais il ne l’a pas fait.
    Je posai une main sur son bras. Il tremblait des pieds à la tête et une goutte de sueur vacillait sous son menton, translucide dans la pénombre.
    — Je lui ai dit… Je lui ai dit qu’il le pouvait s’il le souhaitait. J’ai vraiment cru qu’il le ferait. Mais non.
    Sa respiration devint laborieuse et je compris qu’il pleurait.
    Je passai un bras autour de ses épaules et le serrai contre moi, le réconfortant avec des mots gentils. Au bout d’un moment, ses pleurs cessèrent. Il resta silencieux quelques minutes avant de reprendre doucement :
    — Je croyais… que j’étais prêt à mourir. Que j’irais heureux vers le Seigneur quand Il déciderait de m’appeler à Lui. J’ai honte d’avouer que ce n’est pas vrai. J’ai eu tellement peur !
    — Je me suis toujours interrogée à propos des martyrs, déclarai-je. Nulle part il n’est dit qu’ils n’avaient pas peur. Uniquement qu’ils étaient prêts à faire ce qu’ils ont fait en dépit des conséquences. Vous y êtes allé.
    — Je n’ai jamais demandé à être un martyr.
    Il paraissait si innocent que je faillis en rire.
    — Je doute que la plupart d’entre eux l’aient demandé. Dans le cas contraire, ce devait être des gens extrêmement agaçants. Il est tard, Denzell. Votre sœur doit s’inquiéter… et avoir faim.
     
    Jamie ne revint que plus d’une heure plus tard. J’étais couchée dans le foin, mon châle étendu sur moi, mais je ne dormais pas. Il s’étendit contre moi et, avec un profond soupir, glissa un bras autour de ma taille.
    Au bout d’un moment, m’efforçant de conserver une voix calme, je lui demandai :
    — Pourquoi lui ?
    Peine perdue. Jamie était extrêmement sensible aux intonations, à celles de tout le monde et particulièrement aux miennes. Je le sentis redresser brusquement la tête mais ilattendit quelques instants pour répondre avec nettement plus de calme que moi :
    — Parce qu’il le voulait. Et parce que j’ai estimé qu’il s’en sortirait bien.
    — « Qu’il s’en sortirait bien » ? Ce n’est pas un acteur ! Tu sais bien qu’il est incapable de mentir. Il a dû balbutier et bégayer. C’est un miracle qu’ils l’aient cru, s’ils l’ont cru.
    — Oh oui, ils l’ont cru. Tu penses qu’un vrai déserteur ne serait pas mort de trouille ? Je voulais qu’il y aille en transpirant à grosses gouttes et en bégayant. Si je lui avais donné un texte à apprendre, ils l’auraient abattu sur-le-champ.
    A cette idée, la petite boule de pain dans mon ventre me remonta dans la gorge. Je pris quelques inspirations profondes, couverte de sueur froide en imaginant le charmant Denny Hunter balbutiant sous le regard froid d’un officier britannique.
    Au bout de quelques instants, je revins à la charge :
    — Mais… il n’y avait personne d’autre pour le faire ? Ce n’est pas uniquement que Denny Hunter soit un ami, c’est aussi un médecin et on a besoin de lui.
    — Je viens de te dire que c’était lui qui l’avait proposé, Sassenach . Je ne lui ai rien demandé, j’ai même essayé de le dissuader pour les raisons que tu viens d’invoquer. Il n’a rien voulu entendre et m’a simplement prié de veiller sur sa sœur au cas où il ne reviendrait pas.
    — Mais qu’est-ce qui lui a donc pris ?
    Jamie se rallongea avec résignation.
    — C’est un quaker, Sassenach , mais c’est aussi un homme. S’il n’était pas du genre à se battre pour ce en quoi il croit, il serait resté dans son petit village à appliquer des cataplasmes et à veiller sur sa petite sœur.
    Il tourna la tête vers moi.
    — Tu voudrais que je reste à la maison, Sassenach  ? Que je tourne le dos au combat ?
    Mon agitation se mua en agacement.
    — Un peu, oui ! Je préférerais mille fois ça ! Mais je sais bien que ce serait trop demander, alors à quoi bon ?
    Cela le fit rire et il prit ma main.
    —

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