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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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mais je ne veux pas gaspiller ma poudre.
    Je restai figée à le regarder un bon moment.
    — Qu’est-ce que vous voulez en faire ?
    J’avais déjà été dévalisée une fois aux urgences de Boston, par un jeune toxicomane, regard vitreux et front moite, armé d’un revolver. Je lui avais donné les produits sur-le-champ. Cette fois, je n’étais pas disposée à me laisser faire.
    Il arma son mousquet. Avant même d’avoir eu le temps d’avoir peur, j’entendis une détonation et une odeur de poudre s’éleva. L’homme parut très surpris, abaissa son arme, puis s’effondra à mes pieds.
    — Tiens-moi ça, Sassenach .
    Jamie déposa son pistolet encore fumant dans mes mains, attrapa le cadavre par les pieds et le traîna hors de la grange sous la pluie. Je plongeai dans mon havresac, en sortis ma seconde paire de bas et la laissai tomber sur les genoux de la jeune mère. Puis j’allai mettre l’arme et le sac contre le mur. J’étais consciente des regards de la femme et de ses enfants sur moi lorsque je les vis tourner brusquement la tête vers la porte. Jamie venait de rentrer, trempé, les traits tirés par la fatigue.
    Il traversa la grange, vint s’asseoir près de moi, posa sa tête sur mes genoux et ferma les yeux.
    — Merci, m’sieur, chuchota la mère.
    Je crus d’abord qu’il s’était endormi car il ne bougeait pas. Puis, après un moment, il répondit d’une voix tout aussi basse :
    — Y a pas de quoi, m’dame.
     
    A notre arrivée au village suivant, j’eus l’immense joie de retrouver les Hunter. Ils avaient été à bord de l’une des barques capturées pendant la traversée du lac mais étaient parvenus à s’échapper le plus simplement du monde en s’éclipsant dans la forêt une fois la nuit tombée. Les soldats qui les avaient faits prisonniers ne s’étant pas donné le mal de compter leurs captifs, personne ne s’était rendu compte de leur disparition.
    La situation générale tendait à s’améliorer quelque peu. La nourriture était plus abondante et nous étions au sein de l’armée régulière des continentaux. Toutefois, celle de Burgoyne nous talonnait toujours et la fatigue de la retraite se faisait sentir chez tous. Les désertions étaient fréquentes, bien que personne ne soit en mesure de déterminer à quel point. L’organisation, la discipline et la structure militaire étaient en train d’être restaurées sous l’influence de l’armée mais certains hommes pouvaient encore se fondre discrètement dans la nature.
    Ce fut Jamie qui inventa le jeu du déserteur. Les déserteurs étaient bien accueillis dans le camp britannique. Ils étaient nourris, habillés et interrogés.
    — Alors on leur donnera des informations, expliqua-t-il. Et il me paraît équitable qu’on en glane en échange.
    Quand il soumit son plan aux officiers, de grands sourires apparurent sur leurs visages. Quelques jours plus tard, une poignée de « déserteurs » soigneusement choisis se faufilaient vers le camp ennemi et se présentaient devant des officiers britanniques à qui ils débitaient des histoires minutieusement préparées. Après un bon dîner, ils se faisaient la belle à la première occasion pour revenir dans le camp américain, apportant des informations utiles sur les troupes qui nous pourchassaient.
    De temps à autre, quand cela ne représentait pas trop de danger, Ian se rendait dans les camps indiens. Il ne jouait pas au jeu du déserteur ; il était trop reconnaissable. Je devinais que Jamie aurait aimé y participer lui aussi, cela séduisait son sens du théâtre ainsi que son goût prononcé pour l’aventure. Mais sa taille et son aspect frappant l’en empêchaient. Les déserteurs devaient avoir l’air d’hommes ordinaires, peu susceptibles d’être reconnus.
    — Parce que, tôt ou tard, les Britanniques vont découvrir le pot aux roses. Ils ne sont pas idiots et risquent de prendre fort mal la plaisanterie.
    Nous nous étions abrités pour la nuit dans une autre grange, celle-ci intacte et possédant encore quelques balles de foin moisi même si le bétail avait disparu depuis longtemps. Nous étions seuls mais ne le resterions probablement pas longtemps. Notre charmant interlude dans le jardin du commandant me semblait appartenir à une autre vie. Je me calai contre Jamie et posai ma tête dans le creux de son épaule, me détendant dans sa chaleur solide.
    — Tu crois qu’on pourrait…
    Jamie s’interrompit brusquement, sa

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