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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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pratiquement du sol. J’eus juste le temps de ramasser ma gourde au passage avant de me mettre à courir à toutes jambes entre les arbres. Ian me la prit des mains, me traînant quasiment derrière lui dans sa hâte. Des coups de feu et des hurlements explosaient derrière nous et tous les pores de ma peau étaient contractés par la peur.
    — Par ici.
    Je le suivais sans regarder où je mettais les pieds dans la pénombre, trébuchant et me tordant les chevilles tandis que nous filions dans le sous-bois, nous attendant à recevoir une balle dans le dos à tout moment.
    Je m’imaginais déjà blessée, re-capturée, puis en proie aux infections et à la septicémie avant de connaître une lente et douloureuse agonie non sans avoir préalablement assisté à la capture et à l’exécution de Ian et de Jamie – j’avais reconnu sans mal la source des cris d’Indiens et des flèches enflammées.
    Ce ne fut que lorsque nous ralentîmes enfin (j’avais un tel point de côté que je parvenais à peine à respirer) que je pus penser à autre chose. Aux malades et aux blessés que j’avais abandonnés. Le jeune charron avec sa gorge rouge vif. Walter Woodcock, au bord du gouffre.
    Tu n’aurais pu leur offrir que ta main à tenir, me répétais-je tout en boitillant derrière Ian. C’était vrai, je le savais. Je savais également qu’une main dans le noir donnait au moribond quelque chose à quoi se raccrocher quand il sentait battre au-dessus de lui les ailes de l’ange noir. Parfois, cela suffisait ; parfois non. Les souffrances de ceux que j’avais laissés derrière moi me pesaient et je ne savais plus si ce qui coulait sur mon visage était de la sueur ou des larmes.
    Il faisait noir à présent. Des nuages cachaient la lune, ne laissant percer que quelques éclats de lueur blanche. Ian ralentit encore pour me laisser le rattraper puis me prit le bras pour m’aider à franchir les pierres du gué.
    — C’est encore loin ? haletai-je.
    — Pas trop, répondit Jamie près de moi. Tu n’as rien, Sassenach  ?
    Mon cœur fit un bond violent puis se calma quand il prit ma main et m’attira à lui. Mon soulagement était tel que je crus que mes os allaient se dissoudre.
    — Non, répondis-je contre sa poitrine. Et toi ?
    — Ça va.
    Il passa une main sur ma tête et effleura ma joue.
    — Tu peux marcher encore un peu ?
    Je me redressai en oscillant légèrement. Il avait commencé à pleuvoir. De grosses gouttes s’écrasaient sur ma tête, froides sur mon crâne.
    — Ian… tu peux me passer cette gourde ?
    Il y eut un « pop » sonore et il la déposa entre mes mains. Je l’inclinai très délicatement au-dessus de ma bouche entrouverte.
    — C’est du cognac ? demanda Jamie incrédule.
    J’avalai le plus lentement possible puis lui tendis la gourde. Il en restait quelques gorgées.
    — Où l’as-tu trouvé ?
    — Ton fils me l’a donné. Où allons-nous ?
    Il y eut une longue pause, puis un glouglou éloquent.
    — Vers le sud, répondit-il enfin.
    Il me reprit la main et m’entraîna dans la forêt, la pluie chuchotant sur les feuilles autour de nous.
     
    Trempés et grelottants, nous rejoignîmes l’unité de miliciens peu avant l’aube et faillîmes être abattus par une sentinelle. A ce stade, peu m’importait. Etre morte me paraissait infiniment préférable à faire un pas de plus.
    Ayant montré patte blanche, Jamie disparut un instant puis revint avec une couverture et trois beignets de maïs. Je humai le mien pendant quatre bonnes secondes, me délectant de cette ambroisie avant de la dévorer, puis m’enroulai dans une couverture et m’allongeai sous un arbre où la terre détrempée et couverte de feuilles mortes était spongieuse à souhait.
    Jamie s’accroupit près de moi.
    — Je reviens dans quelques minutes, Sassenach . Ne va nulle part sans moi, d’accord ?
    — Ne t’inquiète pas. Je ne crois pas que je pourrai bouger un muscle avant Noël.
    Il rit doucement puis drapa la couverture autour de mes épaules. La lumière de l’aube illuminait les sillons profonds que la nuit avait creusés dans son visage. Maintenant que nous avions atteint ce havre provisoire, sa large bouche restée comprimée trop longtemps s’était enfin détendue, lui donnant l’air étrangement jeune et vulnérable.
    — Il te ressemble, chuchotai-je.
    Sa main était toujours posée sur mon épaule. Il regardait vers le bas, ses longs cils cachant ses yeux.
    — Je sais. Tu me

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