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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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quelques minutes. Une telle dose aurait probablement tué quelqu’un de moins habitué au rhum qu’un marin britannique mais ses signes vitaux étaient relativement satisfaisants, nonobstant sa fièvre. L’ivresse ne valait pas une bonne anesthésie. Il était sonné mais pas inconscientet se réveillerait certainement dès que je commencerais à couper. Cependant, elle diminuait l’appréhension et atténuerait la douleur immédiate. Je me demandai si je pourrais un jour fabriquer à nouveau de l’éther.
    Deux ou trois petites tables au fond de la longue salle étaient chargées de bandages et de tissu ouaté. Je triai les plus propres et revins auprès du lit du patient au moment où Mme Raven arrivait en soufflant avec un seau d’eau, anxieuse à l’idée d’avoir raté quelque chose. Quelques instants plus tard, Rachel réapparut, également essoufflée, avec la scie de son frère.
    Je nouai une toile à sac autour de ma taille en guise de tablier. La transpiration ruisselait dans mon dos, glissait entre mes fesses. Je me confectionnai un turban avec un bandage pour éviter que la sueur ne me coule dans les yeux.
    — Voulez-vous bien nettoyer la lame de la scie avec de l’alcool, Ami Denzell ? Et enlever ces taches, là, près du manche. Si vous pouviez faire de même avec mon couteau et l’érigne…
    Perplexe, il s’exécuta docilement sous les murmures de l’assistance captivée qui n’avait jamais vu des préparatifs aussi saugrenus. Heureusement, la présence terrifiante de M. Dick les empêchait de s’approcher trop près.
    Denzell fit un signe de tête vers lui et me chuchota :
    — Crois-tu que le lieutenant compte vraiment faire pendre notre ami ici présent ? Et d’ailleurs le peut-il ?
    — Oh, je suis sûre que rien ne lui ferait plus plaisir mais je doute qu’il le puisse. M. Dick est un prisonnier britannique. A-t-il le droit de vous traîner devant une cour martiale ?
    Cette perspective ne semblait pas le perturber.
    — Je suppose que oui. Après tout, je me suis engagé.
    — Vraiment ?
    Cela me paraissait étrange mais ce n’était pas le premier quaker que je croisais sur un champ de bataille.
    — En effet, mais l’armée ne dispose pas de suffisamment de médecins pour se permettre d’en pendre un. En outre, être dégradé n’affectera pas mes connaissances.
    Il me sourit joyeusement avant de poursuivre :
    — Tu n’as aucun grade, si je ne m’abuse, et pourtant je ne doute pas que tu t’en sortiras très bien.
    — Avec l’aide de Dieu, soupirai-je.
    — Avec l’aide de Dieu, répéta-t-il.
    Il me tendit le couteau encore chaud d’avoir été immergé dans l’eau bouillante.
    Je me tournai vers les spectateurs.
    — Vous devriez reculer un peu. Vous risquez d’être éclaboussés.
    Mme Raven frémit d’excitation.
    — Oh Seigneur, Seigneur, comme tout ceci est parfaitement épouvantable !

4
    Trois flèches
    Mottville, Pennsylvanie, 10 juin 1777
    Grey se redressa brusquement en position assise, manquant se fracasser le crâne contre la poutre au-dessus de son lit. Son cœur battait à se rompre ; son cou et ses tempes étaient moites de transpiration. L’espace d’un instant, il n’eut aucune idée de l’endroit où il se trouvait.
    — La troisième flèche ! s’exclama-t-il.
    Il secoua la tête, essayant de faire correspondre ces mots avec le rêve extraordinairement pénétrant dont il venait d’émerger.
    S’agissait-il d’un rêve, d’un souvenir ou d’une combinaison des deux ? Il se trouvait dans le grand salon des Trois Flèches, admirant le remarquable George Stubbs accroché à droite de la cheminée baroque. Les murs étaient tapissés de tableaux du sol au plafond, les œuvres se côtoyant indépendamment de leur sujet et de leur qualité.
    Etait-ce ainsi dans la réalité ? Il se souvenait vaguement d’un décor surchargé au point d’en être oppressant, mais y avait-il eu autant de tableaux, des portraits vous observant d’en haut, d’en bas, de tous côtés ?
    Dans le rêve, le baron Amandine était à sa droite, leurs épaules se touchant. Le baron lui parlait d’une des toiles mais Grey ne se rappelait pas ses paroles ; il commentait probablement la facture du peintre.
    Sur sa gauche se tenait Cécile Beauchamp, la sœur du baron, son épaule nue effleurant également la sienne. Elle avait les cheveux poudrés et portait un parfum au jasmin ; le baron, lui, une eau de Cologne musquée à la bergamote. Dans

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