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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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titre l’assistance d’une simple sage-femme indigne de son rang. Ayant appris que Denzell Hunter avait travaillé avec le docteur John Hunter – le frère de l’accoucheur de la reine ! –, elle avait décidé de se passer de mes services.
    Denzell interrogea sa sœur d’une voix résignée :
    — Elle ne saigne pas et n’a pas perdu les eaux ?
    Guinea Dick, pas le moins du monde perturbé par le récent conflit, avait refait le lit. Il s’accroupit, souleva les quatre-vingt-quinze kilos de M. Ormiston comme s’il s’agissait d’un sac de plumes et le déposa avec douceur sur sa couche, toujours accroché à sa bouteille de rhum.
    — Je crois qu’il est prêt, annonça-t-il.
    Le patient avait les yeux fermés et murmurait d’un air ravi :
    — Encore un peu plus bas, ma poule, oui, comme ça, c’est ça…
    Le regard impuissant de Denzell alla de M. Ormiston à sa sœur puis à moi.
    — Je vais devoir me rendre auprès de Mme Brown, bien qu’il n’y ait rien d’urgent. Peux-tu attendre un peu, Amie Claire ? Je reviendrai pratiquer l’amputation.
    Dick le fusilla du regard.
    — C’est elle qui coupe.
    — Oui, je couperai, le rassurai-je en nouant mes cheveux. Mais la question est de savoir avec quoi ? Auriez-vous des instruments que je pourrais emprunter, docteur Hunt… euh… Ami Denzell ?
    Il se frotta le front, songeur.
    — J’ai une scie passable. Tu peux la faire bouillir si tu le souhaites mais la lame n’est pas très large. Veux-tu que j’envoie Rachel demander aux autres chirurgiens s’ils accepteraient de nous en prêter une ?
    Le visage de Rachel se referma et je devinai que le docteur Hunter n’était pas très apprécié de ses confrères.
    J’examinai la jambe robuste de M. Ormiston, estimant l’épaisseur de la chair à traverser, puis je sortis mon couteau de la fente de ma jupe. C’était un outil excellent et résistant. Jamie me l’avait affûté récemment. Une lame incurvée aurait été préférable mais la mienne me paraissait suffisamment longue.
    — Non, ne vous donnez pas cette peine, je pense que celle-ci fera l’affaire. Cela vous ennuierait-il d’aller chercher la scie de votre frère, mademoiselle… euh… Rachel ? Et, madame Raven, j’ai bien peur que nous n’ayons plus d’eau chaude, voulez-vous…
    — Mais certainement !
    Elle saisit sa casserole et s’éloigna en trottinant, avec un coup de pied involontaire dans un des instruments oubliés de Stactoe.
    Un certain nombre de gens avaient suivi, fascinés, le drame du pied de M. Ormiston. Maintenant que le lieutenant n’était plus là, ils commençaient à s’approcher, lançant des regards nerveux vers Guinea Dick qui leur souriait pourtant cordialement.
    Je demandai à Denzell :
    — Mme Brown peut-elle attendre un quart d’heure ? J’aurais besoin de quelqu’un sachant ce qu’il fait pour soutenir la jambe pendant que je coupe. M. Dick pourra immobiliser le patient.
    — Un quart d’heure ?
    — A dire vrai, si je ne rencontre pas de difficultés, l’amputation prendra moins d’une minute mais il me faut un peu de temps pour préparer l’intervention. En outre, j’aurais besoin de votre aide pour ligaturer les vaisseaux sectionnés. Au fait, où est passée la bouteille de rhum ?
    Denzell écarquilla des yeux interloqués mais m’indiqua néanmoins M. Ormiston. Il s’était endormi et ronflait bruyamment, la bouteille nichée au creux de son bras.
    — Je n’ai pas l’intention de me saouler, le rassurai-je.
    Je libérai la bouteille et versai un peu de rhum sur un linge propre avec lequel je nettoyai la cuisse velue de M. Ormiston. Heureusement, le lieutenant avait oublié son bocal de sutures et l’instrument contre lequel avait trébuché Mme Raven était une érigne. Elle me servirait à retenir les extrémités des artères. Une fois sectionnées, ces dernières avaient une fâcheuse tendance à se rétracter sans cesser de cracher du sang.
    Denzell paraissait légèrement décontenancé mais toujours partant.
    — Ah… fit-il. Je vois. Puis-je… aider ?
    — Puis-je vous emprunter votre ceinture pour faire un garrot ?
    — Oui, bien sûr.
    Il la dégrafa aussitôt, l’air intéressé.
    — On dirait que ce n’est pas ta première amputation, Amie Claire.
    — Hélas non !
    Je me penchai sur M. Ormiston pour vérifier sa respiration, qui était stertoreuse mais non laborieuse. Il avait sifflé près de la moitié de la bouteille en

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