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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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bourses, quand William émergea d’entre les arbres.
    Il dévisagea Ian qui haletait comme s’il avait couru deux kilomètres puis Sun Elk qui s’était redressé à quatre pattes mais semblait incapable de se mettre debout. Le sang gouttait de son visage sur le tapis de feuilles. Floc floc …
    — En aucun cas je ne souhaiterais m’immiscer dans une affaire privée, déclara courtoisement William. Mais j’aimerais m’entretenir quelques instants avec vous, monsieur Murray.
    Sans attendre la réponse de Ian, il repartit entre les arbres.
    Ian le suivit, savourant au passage un dernier petit floc ! du sang de Sun Elk.
    L’Anglais l’attendait, adossé à un arbre. Il observait le camp mohawk près du torrent en contrebas. Une femme dépouillait la carcasse d’un cerf fraîchement tué, étalant les lambeaux de chair à sécher sur une structure en bois. Ce n’était pas Travaille-avec-ses-mains.
    Puis il fixa son regard bleu nuit sur Ian, éveillant chez lui une étrange sensation. Comme Ian se sentait déjà bizarre, cela ne l’affecta pas outre mesure.
    — Je ne vais pas vous demander ce que vous faisiez dans notre camp.
    — Ah non ?
    — Non. Je voulais vous remercier pour le cheval et l’argent, et vous demander si vous aviez revu Mlle Hunter depuis que vous avez eu l’obligeance de me confier à elle et à son frère.
    — Oui, en effet.
    Les articulations de sa main droite avaient déjà doublé de volume et commençaient à l’élancer. Il irait trouver Rachel pour qu’elle lui bande la main. Cette idée était si grisante qu’il en oublia que William attendait, avec une certaine impatience, qu’il développe sa réponse.
    — Ah. Euh… les… euh… Hunter sont avec l’armée. L’autre armée. Son frère est médecin militaire.
    L’expression de William ne changea pas, à peine parut-il légèrement plus crispé. Ian avait déjà vu ce même glissement imperceptible sur les traits de son oncle et savait ce qu’il signifiait.
    — Ici ? demanda William.
    — Oui. Enfin, là-bas.
    Ian inclina la tête en direction du camp des Américains.
    — Je vois. Quand vous la verrez, présentez-lui mes hommages, si vous voulez bien. Et à son frère aussi, bien sûr.
    — Ah… D’accord.
    Tiens tiens ! Ne te fais pas d’illusions, mon gars. Tu ne la verras pas en personne et elle ne veut rien avoir à faire avec un soldat, alors laisse tomber !
    — Mais certainement, ajouta-t-il.
    Il se rendit compte avec un temps de retard que le seul intérêt qu’il représentait aux yeux de William était son rôle de messager auprès de Rachel Hunter.
    — Merci, dit William.
    Il n’avait plus son regard d’acier et examinait Ian avec intérêt. Puis il hocha la tête en ajoutant :
    — Une vie pour une vie, monsieur Murray. Nous sommes quittes. Ne me laissez pas vous surprendre, la prochaine fois. Je n’aurais peut-être pas le choix.
    Il tourna les talons et s’éloigna. Le rouge de son uniforme resta longtemps visible entre les arbres.

21
    Un homme juste
    19 septembre 1777
    Le soleil se leva, invisible, au son des tambours. Nous pouvions entendre le réveil des Britanniques, tout comme ils entendaient sans doute le nôtre. Il y avait eu une brève escarmouche entre nos tirailleurs et des troupes britanniques deux jours plus tôt. Grâce au travail de Ian et de ses comparses, le général Gates connaissait parfaitement la taille et la disposition de l’armée de Burgoyne. Kościuszko avait choisi de bâtir une position défensive sur Bemis Heights. La berge de la rivière formait là une haute falaise escarpée, avec de nombreuses ravines descendant jusqu’au cours d’eau. Armées de pelles et de haches, ses équipes avaient travaillé d’arrache-pied durant toute la semaine. Les Américains étaient prêts. Enfin presque.
    Naturellement, les femmes n’étaient pas admises dans les conseils des généraux. Jamie l’était, lui, et j’étais donc au courant du différend entre le général Gates, qui était aux commandes, et le général Arnold, qui estimait qu’il aurait dû l’être. Gates voulait camper sur Bemis Heights et attendre l’attaque des Britanniques ; Arnold défendait âprement l’opinion contraire. Il estimait que les Américains devaient attaquer les premiers, forçant les soldats britanniques à se battre dans les ravines densément boisées, sapant leurs formations et les rendant vulnérables au feu des tireurs embusqués, quitte à se retrancher derrière les

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