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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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matérialisa à ses côtés. C’était le garçon que j’avais vu un peu plus tôt, aussi dépenaillé et crasseux que sa mère. Il n’avait pas de couteaumais serrait un morceau de métal tranchant découpé dans une gamelle, au bord taché de rouille ou de sang.
    — Il est à nous, maman a dit, aboya-t-il. Va voir ailleurs ! File !
    Sans attendre de voir si je m’exécutais, il enfourcha Jamie et commença à lui faire les poches.
    — Il est encore en vie, maman. Je sens son cœur qui bat. Faut lui trancher la gorge, il n’est pas blessé assez gravement.
    J’attrapai le gamin par le col et l’arrachai du corps de Jamie, lui faisant lâcher son arme. Il couina et se débattit mais je lui envoyai un coup de genou dans l’arrière-train qui fit trembler toute sa colonne vertébrale. Puis je lui coinçai la gorge sous mon coude et lui tordis le poignet de mon autre main.
    — Lâche-le !
    Les yeux de la femme s’étrécirent comme ceux d’une fouine et elle retroussa les lèvres, me montrant ses canines.
    Je n’osais pas détacher mon regard d’elle pour examiner Jamie. Je pouvais cependant le voir du coin de l’œil, la tête tournée sur le côté, sa gorge blanche exposée et vulnérable.
    — Relevez-vous et reculez ou je l’étrangle. Je vous jure que je le ferai !
    Accroupie au-dessus de Jamie, son couteau à la main, elle me jaugeait, essayant de deviner si j’irais jusqu’au bout de ma menace. J’en avais la ferme intention.
    Le gamin se débattait et se tortillait, m’envoyant des coups de pied dans les tibias. C’était comme d’essayer de maîtriser une anguille. Je resserrai mon étau sur sa gorge. Il émit un gargouillis et cessa de gigoter. La puanteur de ses cheveux gras m’emplissait les narines.
    La femme se releva lentement. Elle était beaucoup plus petite et menue que moi. Les os de ses bras maigres saillaient hors de ses manches. Je n’aurais pu lui donner d’âge. Sous la crasse et la bouffissure de ses traits due à la malnutrition, elle devait avoir entre vingt et cinquante ans.
    Elle indiqua le brouillard derrière elle.
    — Mon homme est étendu là derrière, mort. Il n’a rien d’autre sur lui que son mousquet et, ça, son sergent va le lui reprendre.
    Elle fixa un point vers la forêt lointaine où les troupes britanniques s’étaient retranchées.
    — Je trouverai un autre homme bientôt mais, en attendant, j’ai des enfants à nourrir, deux autres en plus de celui-là.
    Elle se passa la langue sur les lèvres puis tenta de m’amadouer.
    — Tu es seule. Tu te débrouilleras plus facilement que moi. Laisse-moi celui-ci ; il y en a d’autres là-bas, dit-elle en pointant le menton vers la pente derrière moi où gisaient les morts et les blessés rebelles.
    J’avais dû relâcher mon étreinte en l’écoutant car soudain le gamin bondit et se libéra. Il plongea par-dessus Jamie et roula aux pieds de sa mère.
    Il se redressa et m’observa avec des yeux de rat, mauvais et attentifs. Il se pencha et tapota le sol autour de lui jusqu’à ce qu’il récupère son poignard improvisé.
    — Tiens-la à distance, maman, dit-il d’une voix rauque. Je m’occupe de lui.
    Du coin de l’œil, j’avais aperçu un éclat métallique à demi enfoui dans l’herbe.
    — Attendez ! dis-je en reculant d’un pas. Ne le tuez pas !
    Un pas sur le côté, un autre en arrière.
    — Je m’en vais, je vous le laisse mais…
    Un brusque mouvement de côté et je saisis la garde froide en métal.
    J’avais déjà manié l’épée de Jamie. C’était une épée de cavalerie, plus longue et plus lourde que les autres mais je le remarquai à peine. Je la brandis à deux mains et l’agitai devant moi en décrivant un arc qui fit vibrer l’air.
    La mère et le fils firent un bond en arrière avec le même air de surprise abrutie sur leurs visages ronds et crasseux.
    — Allez-vous-en ! m’écriai-je.
    Elle ouvrit grand la bouche mais ne répondit rien.
    — Je suis navrée pour votre homme, repris-je. Mais celui-ci est le mien. Fichez le camp !
    Elle tourna les talons et partit en me lançant des imprécations par-dessus son épaule. Le garçon s’éloigna à reculons sans me quitter des yeux, deux charbons ardents dans lapénombre. Si nos chemins se croisaient à nouveau, il me reconnaîtrait. Moi aussi.
    Ils disparurent dans la brume et j’abaissai l’épée dont le poids me parut soudain au-dessus de mes forces. Je la jetai dans l’herbe et me laissai

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