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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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plumes de dindon. Il ôta sa chemise, la roula en boule et la plaça avec son plaid élimé sous un tronc couché. Après avoir ordonné à Rollo de les garder, il traversa un terrain dégagé en direction du camp britannique.
    — Halte !
    Il se tourna d’un air las vers la sentinelle qui venait de l’arrêter. Cette dernière, un garçon d’une quinzaine d’années, tenait un mousquet dont le canon tremblait. Ian espérait que ce jeune bleu n’allait pas tirer accidentellement.
    — Eclaireur, expliqua-t-il succinctement.
    Puis il passa devant l’adolescent sans un regard derrière lui même s’il sentit un picotement désagréable entre ses omoplates. Eclaireur ! Cela lui donna envie de rire. Après tout, ce n’était pas faux.
    Il se promena dans le camp, s’attirant parfois des regards surpris mais qui ne s’attardaient pas.
    Le quartier général de Burgoyne était facile à trouver : une grande tente en toile verte se détachant tel un champignon vénéneux parmi les rangées ordonnées des petites tentes blanches des hommes de troupe. Il se trouvait assez loin et n’avait pas l’intention de s’en approcher pour le moment, mais il pouvait voir les allées et venues des officiers, des messagers… et d’un éclaireur occasionnel. Aucun de ces derniers n’était indien.
    S’il croisait un des Hurons ou des Oneidas que Burgoyne employait pour harceler les continentaux, la situation deviendrait un peu plus délicate. Il ne doutait pas de pouvoir se faire passer pour Mohawk auprès d’eux mais, s’ils étaient trop soupçonneux ou trop impressionnés, il n’en tirerait pas grand-chose.
    Sa promenade dans le camp lui apprit quelques détails intéressants : le moral n’était pas au beau fixe ; il y avait des tas d’ordures entre certaines tentes et la plupart des blanchisseuses parmi les civiles suivant les troupes étaient assises dans l’herbe à boire du gin, leurs bouilloires vides et froides. Néanmoins, bien que sombre, l’atmosphère générale était déterminée. Certains hommes jouaient aux dés et buvaient mais un plus grand nombre faisaient fondre du plomb, fabriquaient des balles de mousquet, réparaient ou nettoyaient leurs armes.
    La nourriture manquait. Il n’avait pas besoin de voir la longue file d’hommes attendant devant la tente du boulanger pour sentir la faim dans l’air. Aucun ne le regarda ; tous avaient les yeux rivés sur les miches qui sortaient du four avant d’être coupées en deux pour être partagées. Des demi-rations. C’était bon signe.
    Rien de cela n’avait d’importance. Quant aux effectifs et à l’armement, ils étaient désormais bien connus. Oncle Jamie, le colonel Morgan et le général Gates s’intéressaient aux réserves de poudre et de munitions mais le parc d’artillerie et le magasin étaient bien gardés et un éclaireur indien n’avait aucune raison d’y aller fouiner.
    Un mouvement attira son œil et il se tourna légèrement avant de redresser la tête et de s’efforcer de ne pas changer lerythme de ses pas. Bigre, c’était l’Anglais qu’il avait sauvé du marais et qui l’avait aidé à libérer Denny.
    Il s’évertua à respirer normalement et à marcher comme s’il n’avait aucun souci puisqu’un Mohawk n’en aurait pas eu. Sapristi, il avait compté passer le reste de la journée avec certains des Indiens pour leur soutirer des renseignements, avant de s’éclipser à la nuit tombée en passant à portée d’ouïe de la tente de Burgoyne. Si le jeune lieutenant rôdait dans les parages, ce serait plus difficile. La dernière des choses qu’il souhaitait était de se retrouver face à face avec lui.
    — Hé !
    L’appel pénétra sa chair comme une lance. Il reconnut la voix et sut qu’elle s’adressait à lui. Encore six pas, cinq, quatre, trois… Il parvint au bout d’une allée de tentes puis bifurqua brusquement à droite.
    — Hé !
    La voix était plus proche, presque dans son dos. Il se mit à courir en direction de la forêt. Seuls deux soldats le virent. L’un d’eux se leva puis hésita, ne sachant trop quoi faire. Ian le repoussa et plongea entre les arbres.
    — C’est fichu ! bougonna-t-il en s’accroupissant derrière un buisson.
    Le lieutenant était en train d’interroger l’homme qu’il avait bousculé. Ils se tournèrent tous deux vers la forêt, le soldat haussant les épaules d’un air impuissant.
    Merde, le grand échalas venait vers lui ! Il s’enfonça encore un

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