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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Diana Gabaldon
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régulièrement d’un rire gras, puis faisaient silence tandis que l’un d’eux racontait une histoire ; celle-ci finissait par une nouvelle vague d’hilarité et le cycle se répétait. A un moment, l’atmosphère changea si brutalement que j’interrompis ma conférence sur l’érythème fessier des nourrissons et me retournai.
    Daniel Morgan se relevait péniblement et je perçus une sorte d’attente fébrile chez les hommes. Allait-il faire un discours de bienvenue pour Jamie ?
    A mes côtés, Mme Graham marmonna entre ses dents :
    — Seigneur, il va remettre ça !
    Avant que j’aie eu le temps de lui demander de quoi il retournait, il remit ça.
    Il avança en titubant au centre du groupe et se tint oscillant comme un vieil ours, ses longs cheveux gris flottant au vent et le regard rivé sur Jamie.
    — J’ai quelque chose à vous montrer, monsieur Fraser.
    Il avait parlé suffisamment fort pour faire taire les quelques femmes qui bavardaient encore et tout le monde se tourna vers lui. Il saisit le bas de sa longue chemise en laine, la passa par-dessus sa tête et la laissa tomber au sol. Puis il ouvrit grand les bras telle une ballerine et pivota lentement.
    Chacun retint son souffle même si, à en juger par l’observation de Mme Graham, la plupart l’avaient déjà vu. Son dos était zébré de cicatrices de la taille jusqu’au cou. Elles étaient anciennes mais si nombreuses qu’il ne restait pas un centimètre de peau sur son dos massif qui ne soit pas entaillé. Même moi, je fus impressionnée.
    Il laissa retomber ses bras et se retourna.
    — Ce sont les Britanniques qui ont fait ça. Ils m’ont donné quatre cent quatre-vingt-dix-neuf coups de fouet. Je les ai comptés.
    L’assistance éclata de rire et il sourit en ajoutant :
    — Ils étaient censés m’en donner cinq cents mais ils en ont oublié un. Je n’ai pas jugé bon de le leur signaler.
    Les rires redoublèrent. De toute évidence, c’était un petit numéro bien rodé mais dont son public ne se lassait pas. Sous les hourras et les toasts, il revint s’asseoir près de Jamie, toujours torse nu, sa chemise roulée en boule dans une main.
    Jamie avait conservé un visage de marbre mais j’avais vu ses épaules se détendre. Je savais qu’il avait pris sa décision au sujet de Daniel Morgan.
     
    Jamie souleva le couvercle de ma petite marmite en fonte avec un mélange d’espoir et de prudence.
    — Ce n’est rien qui se mange, l’informai-je.
    Cette précision était inutile car il éternuait déjà comme s’il avait inhalé du raifort. Il toussa et s’essuya les yeux en bougonnant :
    — Encore heureux ! Bon sang, c’est encore pire que d’habitude, Sassenach  ! Tu comptes empoisonner quelqu’un ?
    — Oui, avec le Plasmodium vivax . Remets le couvercle, s’il te plaît.
    Je préparais une décoction à base de quinquina et de houx pour traiter les cas de malaria.
    — Et tu n’as vraiment rien à manger ? fit-il d’une voix plaintive.
    — Il suffit de demander.
    Je me penchai sur le seau recouvert d’un torchon qui se trouvait à mes pieds et, triomphante, en sortis une tourte à la viande dorée à souhait et couverte de lardons. Ses traits revêtirent l’expression d’un Israélite face à la Terre promise. Il tendit les mains et reçut la tourte avec toute la révérence due à un objet précieux. Cette impression se volatilisa l’instant suivant quand il en prit une grande bouchée. Après quelques instants de mastication extatique, il demanda :
    — Où l’as-tu dégotée ? Il y en a d’autres ?
    — Oui. Une charmante prostituée du nom de Daisy les a préparées pour moi.
    Il marqua un temps d’arrêt, examina la tourte d’un œil critique en cherchant des traces de sa provenance puis haussa les épaules et mordit à nouveau dedans.
    — Est-il prudent de te demander ce que tu as fait pour qu’elle se montre si généreuse, Sassenach  ?
    — Pas alors que tu es en train de manger. Au fait, as-tu vu Ian ?
    — Non.
    Sa réponse laconique n’était pas uniquement due à sa dégustation. Je perçus une note de malaise dans sa voix et relevai les yeux vers lui.
    — Tu sais où il est ?
    — Plus ou moins.
    Il gardait les yeux fixés sur la tourte, ce qui confirma mes soupçons.
    — Est-il prudent de te demander ce qu’il est en train de fabriquer ?
    — Non.
    — Oh, doux Jésus !
     
    Ian Murray enduisit minutieusement ses cheveux de graisse d’ours et y planta deux

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