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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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presque, mais aussi pour acquérir la certitude que l’homme auquel ma famille doit tous ses malheurs est un félon afin de le dénoncer sur preuves, et subir une mort avancée ?… Non ! Je me refuse à commettre une faute !
    — Vous l’auriez occis, vous dis-je !
    — Rien n’est moins sûr. Il connaît désormais mes coups, mes feintes, mes faiblesses. Il s’ensuit que dans tout combat prématuré contre lui, je sortirais endommagé… Et j’ai besoin de ma pleine vigueur.
    — J’en conviens.
    — Imagine que nous nous soyons affrontés. Imagine que des gars à lui… ou d’autres comme les Bretons nous aient cernés sans qu’aucun de nous n’y ait pris garde…
    — Bien sûr… Bretons ou pas, il semblait d’ailleurs attendre je ne sais qui. Notre arrivée l’a courroucé. Il nous a suivis de mauvais gré, puis s’est résigné. Mais, messire, il n’empêche…
    Ogier s’aperçut qu’il pourrait accumuler les arguments les plus sages : Thierry ne cesserait de les contester. Il interrompit l’écuyer :
    — Quelle qu’en ait été l’issue, ce combat aurait attiré l’attention sur nous. Or, jusqu’à dimanche, je ne veux rien commettre de voyant et de préjudiciable à ma cause. Et l’Enguerrand doit être dans mon cas !
    Tout en parlant, il observait le manant immobile. Vêtements de pauvre, mais allure noble. Était-ce Harcourt ? Comme Champartel semblait résigné à se taire, Ogier acheva de se justifier :
    — Imagine, Thierry, que j’aie occis Briatexte et qu’on m’ait vu devant sa dépouille… Eh bien, on aurait pu me désigner aux archers du guet… à quelque échevin… à l’évêque ou au roi d’armes. « Pourquoi, m’aurait-on dit, l’avez-vous estoqué ? »… Belle façon de passer inaperçu !… Or, Dieu m’est témoin que je n’ai pas agi à la légère, mais sagement, pour mon bien et le vôtre !
    — Sagement ! Sagement ! Vous pensez noblement, messire, point sagement. Tout ce que vous dites est d’un grand bon sens, j’en conviens, mais cet homme nous menace… Votre venue l’étonne : il doit y méditer.
    — Aussi malicieux soit-il, il ne peut deviner nos intentions.
    Cela dit, Ogier se détourna pour obtenir l’avis d’Adelis. Elle eut une moue dubitative :
    — Qui sait ?… Vous ne craignez rien, je crois, à vous appeler Fenouillet.
    — Pourquoi ? demanda Thierry.
    Sans se soucier de lui répondre, Adelis poursuivit :
    — … mais que Briatexte vous dénonce au roi d’armes en lui disant tout ce qu’il sait sur la déchéance de votre famille, vous serez aussitôt menacé.
    — Si cela m’advenait, ce qu’à Dieu ne plaise, je lui retournerais sa dénonciation !
    Raymond eut un ricanement :
    — Messire ! Même si l’on vous croyait, vous n’en seriez pas quitte pour autant, et ce coquin guerpirait en temps utile… Méfiez-vous : les tricheries aux tournois et aux joutes sont punies aussi durement que les trahisons dans les guerres. Et si ça se trouve, plutôt que de lamper un gobelet de vin ou de cervoise à notre santé, l’Enguerrand, quelque part, est en train de vous trahir à Blainville.
    Le regard d’Ogier étincela :
    — Non, Raymond : il n’en a pas eu le temps, car venant à l’opposé du Breton, Blainville, le voilà !
    Le Normand précédait Alençon et Charles d’Espagne, lequel, apercevant Thierry, eut un geste dolent de sa main écaillée de fer.
    — Andouille, grommela l’écuyer, jamais tu ne me foutras, pas plus que je te foutrai !
    Ogier, lui, observait son ennemi. Un tabard de satanin pourpre et sinople, aux manches taillées en barbes d’écrevisse [297] , couvrait son haubert. Son chaperon rouge, crêté, lui donnait l’air d’un coq. Son cheval roux était énorme. Des torsades d’orfrois illuminaient ses rênes où deux gants vermeils se crispaient.
    « Le voilà donc encore en noble compagnie ! »
    Six écuyers suivaient ces tout-puissants – deux de chaque mesnie. Le plus âgé portrait, reposant sur le faucre de l’étrier, un étendard d’azur semé de fleurs de lis. Devant cet attribut de la royauté, la fureur d’Ogier s’aggrava :
    « Blainville prospère à l’ombre des couronnes : le roi, la reine et le duc Jean. Ce jour d’hui, c’est Alençon, le frère de notre suzerain, qui paraît son vassal… Et nul baron ne semble s’en apercevoir !… Ont-ils tous des œillères ? »
    Jusqu’à cette rencontre, le spectacle des

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