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Les fleurs d'acier

Les fleurs d'acier

Titel: Les fleurs d'acier Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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huronne [190] de Rechignac, elle aussi exigeante et soumise, et plus exaspérante qu’une guêpe, à mesure que le temps passait. Qu’était-elle devenue ?… Comme il était loin, soudain, de Gratot !… Toutes ces lieues de chevauchée… La blessure de Renaud suintait et l’élançait encore : le combat matinal, épuisant, avait ranimé la douleur engourdie… S’apaiser… S’accommoder de Guillemette… Elle avait une singulière façon de le regarder. Comme si elle l’eût soupçonné. Mais de quoi ?
    — Qu’est-elle donc pour vous, cette dame Adelis ?
    Aude n’avait osé le questionner ; sa chambrière s’en chargeait !
    Du bout des doigts, Ogier frôla la petite bouche boudeuse, fraîche et lisse comme une de ces fleurs d’eau qu’Aude, précisément, déposait sur la tombe, là - bas.
    —  Elle ne m’est rien. Elle s’est battue à nos côtés contre les Goddons. C’est notre parenté… Je ne l’ai jamais touchée ainsi…
    Il saisit Guillemette aux hanches et la maintint serrée contre lui, le temps de deviner sa nudité à travers les étoffes rugueuses.
    Il la lâcha ; elle eut une hésitation furtive, puis elle se pressa contre ce corps de mâle de la poitrine aux genoux, si violemment qu’il chancela sans qu’elle en eût conscience ; et comme un nuage enveloppait la lune, il ne vit plus qu’un sourire tremblant et les perles noires d’un regard éperdu :
    — Messire… ne me prenez surtout pas pour…
    — Si tu dis vrai, tu te prépares à des remords !
    Relevant pelisson et chemise, Ogier toucha les seins, les flancs, les cuisses granuleuses, sans chercher d’autre contact. La bouche se tendit, le ventre s’avança.
    — Sais-tu, m’amie, que tu sembles une arbalète ?… Dépourvue de son trait, bien sûr, mais n’aie crainte, j’y pourvoirai.
    — Oh ! messire.
    Elle protestait, mais elle était contente. Elle s’enfonçait en frémissant dans le bonheur et l’envie, mordue de froid, léchée de vent. Il huma, fleur et chair, l’odeur de sa chevelure :
    — Dis-moi… Pourquoi tant de hâte ?… Pourquoi viens-tu déjà  ?… Je suis là pour longtemps.
    — Pour être la première que vous prendrez céans.
    — Quoi ?
    Ainsi, pour peu qu’il voulût s’y intéresser, d’autres que Bertine se révéleraient disponibles ? « Ces femmes ! » Elles avaient caqueté sur son apparence et celle de ses compagnons ; elles avaient soupçonné, comparé leurs mérites : ils venaient du dehors, fi de ceux du dedans !
    — Les choses entre ces murs semblent avoir changé.
    — Depuis la mort de votre mère, on se laisse aller… Vous ne pouvez comprendre…
    Précisément, il le pouvait. Mais à quoi bon le lui dire ?
    Las de trousser la chemise, il élargit le col du vêtement. Un sein tiède en sortit, sous lequel le cœur s’affolait ; et sentant affleurer dans le creux de sa paume un téton dur, pareil au museau d’une bestiole, il chuchota :
    — Depuis que cette faille, en dessous, te démange, n’as-tu pas pu trouver un gars pour te combler ?
    — Je vous ai attendu.
    Elle courbait le front, quiète et prometteuse. « Un séducteur, moi ? » Non. Adelis n’était pas tentée. Tancrède lui avait cédé par curiosité, impudicité ou reconnaissance. Il craignit que – malice ou orgueil –, dès la prochaine aurore, Guillemette ne révélât tout sur ces enlacements, et même y ajoutât quelques enluminures.
    — On est bien… dit-elle.
    — Certes… fit Ogier sans émoi particulier.
    Les ténèbres s’épaississaient. L’odeur des sèves dominait celle des eaux dont il voyait les écailles frémir derrière l’épaule de la jouvencelle. Autour d’eux, les logis élevaient leurs volumes flous, robustes ; la Tour de la Fée, renflée à son extrémité, dressait un priape géant vers la lune.
    — Où couches-tu ?
    — Au-dessus de l’ancienne chambre de vos parents. Celle où vous aviez mis le Breton… Et je suis ébahie…
    — De quoi ?… Que veux-tu dire ?
    Il la serrait ; elle gémit un peu : plaisir et attente. Ses jambes étaient ouvertes contre sa cuisse ; elle s’y frottait. Il se dégagea ; il avait tout son temps.
    — Parle… Que s’est-il passé dans cette chambre avant ou après le trépas de ma mère ?
    Bouche tendue, Guillemette eut envie d’un baiser, il le lui donna comme la becquée : vivement. Ils étaient nez à nez. Ventre à ventre. Elle dit :
    — Une fois, ça fait…

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