Les fontaines de sang
anglaise. Dès son retour de Reims, puis d’Angleterre, Arnoul se rend sur le port, nomme des procureurs et repart. Sur son chemin, Tours lui pose un problème : les bourgeois de cette cité sont harcelés par les Bretons du Basquin de Poncet, capitaine de Véretz (Vienne, arrt de Châtellereault) et de la Roche-Posay. Il veut négocier mais échoue. Les bourgeois obtiennent du Basquin qu’il cesse ses pillages contre 1 500 deniers d’or et offrent à Arnoul un sceau d’argent gravé par un orfèvre : Blanc Leusseour. Cette notation ne paraît nécessaire que pour révéler qu’Arnoul avait 9 sceaux différents, armoriés, c’est-à-dire portant un écu bandé (d’argent) de 6 pièces à une bordure de gueules. Il est inutile de les décrire ici.
L’absent de Brignais
Passons sur maints événements, mais sachons que lorsque, le 31 octobre 1361, Édouard III avait quitté Calais pour regagner l’Angleterre, Arnoul bénéficia d’une rente viagère… octroyée par le souverain anglais. Cette pension se montait à 3 000 royaux d’or dont la première année lui fut payée. Quant au second terme, celui qui tombait fin octobre 1362, Édouard III, en deux actes, trouva qu’il était plus simple de le faire payer… par le roi Jean en l’imputant comme acompte sur une des prochaines échéances de sa rançon. Il écrivit à ce sujet à Arnoul, le 24 octobre 1362, et en informa le roi de France le 29 du même mois : un souverain qui pouvait trouver 400 000 écus d’or pouvait en soustraire aisément 3 000 royaux.
Arnoul se félicita de recevoir une pension de l’ennemi ! Mieux encore : le roi Jean le fit son conseiller de son grant et estroit conseil avec, à la clé, une pension de 4 000 florins d’or !
Jean le Bon a bien mérité son surnom. Mais un C bien placé le caractériserait une fois pour toutes.
Les routiers s’étaient déployés : bandits, déserteurs de toutes les armées, seigneurs dévoyés. Les ravages des uns, la mollesse des autres trouvèrent leur aboutissement à Brignais, le 6 avril 1362. Ce qu’il faut savoir concernant Arnoul, c’est que :
Après qu’il eut dégagé, par des négociations, Pont-Saint-Esprit des routiers qui l’occupaient (aidé par Robert de Fiennes), il pria Jean II, le 19 mars 1362, de lui remettre 500 royaux d’or à valoir sur son traitement de 4 000 florins. Il avait exposé au roi qu’il se trouvait dans la plus complète impossibilité de rendre compte des sommes qu’il avait reçues les années précédentes, tant pour les frais des voyages qu’il avait entrepris « dans l’intérêt de l’État » que pour la solde des gens d’armes. Les documents qui auraient pu servir à cette vérification avaient été détruits en même temps que les châteaux où ils avaient été déposés. Jean II, plein de confiance dans l’intégrité de son maréchal, lui donna quittance de toutes les sommes qu’il avait pu recevoir.
C’est Auguste Molinier qui écrit ces lignes. Il y a de quoi s’étonner. De quoi conclure, aussi, qu’Audrehem puisait dans la caisse et trouvait toujours la même excuse pour explique ses malhonnêtetés. Car enfin, comme par hasard, c’étaient toujours les châteaux où il était soi-disant passé qui étaient détruits !
Il fait « cracher » les Languedociens. Quand, fin février 1362, il se rend en Auvergne, ce n’est pas pour affronter les routiers, c’est pour pardonner à ceux qui le souhaitent ! Début mars, Sauges est occupé par Perrin Boias. Armand, vicomte de Polignac et les seigneurs du Velay et d’Auvergne demandent l’aide du maréchal. Arnoul arrive entre le 12 et le 25 mars et plutôt que de les combattre comme c’est son devoir, cherche à s’attirer la bienveillance des malandrins en leur accordant des faveurs qui ne lui coûtent rien. Henri de Trastamare est avec lui. Certains seigneurs, écœurés, veulent aller retrouver Bourbon et Tancarville (24 mars) qu’ils savent prêts à affronter la multitude des routiers assemblés à Brignais. Audrehem s’y oppose. Il conclut un accord avec Perrin Boias. Fructueux pour qui ? Les routiers quittent Sauges le 21 mars avec armes, bagages et butin. Or, c’est leur intervention dans la bataille de Brignais qui donnera la victoire à leurs compères !
Pour toutes les carences, dissimulations, inepties, impérities rapportées ci-dessus, Audrehem devait être passible d’un jugement sévère. Eh bien, non : le roi l’aime bien.
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