Les fontaines de sang
été rompues, l’armée française prit ses rangs, de sorte que l’on vit en première ligne la bataille des maréchaux qui devaient s’emparer de l’étroit chemin d’accès au plateau de Maupertuis. Avant d’attaquer, Jean II tint conseil et envoya Jean de Clermont et Audrehem en avant pour examiner les positions anglaises. Jean de Clermont, plus prudent et avisé qu’Arnoul, prévint le roi, comme Eustache de Ribemont l’avait fait deux jours auparavant , qu’il était imprudent de vouloir assaillir de vive force les positions ennemies quand on était certain d’amener les Anglais à composition en interceptant leurs communications. Arnoul fut d’un avis contraire et insinua que son « collègue » n’était peut-être pas bien aise d’en venir aux mains – ce qui était un comble pour ce retardataire aux batailles, mais pour une fois, le roi le pouvait juger. Le maréchal de Clermont jura qu’il irait plus loin qu’Audrehem dans la mêlée. Voici ce qu’on peut lire dans la Chronique des IV premiers Valois :
Et donc lui dist le mareschal d’Andrehen :
– Mareschal de Cleremont, vous estes espeiné de les veoir.
Alors dit le mareschal de Cleremont à celui d’Andrehen :
– Vous ne seres huy si hardi que vous mettez le musel de vostre cheval au cul du myen.
Ices paroles s’entredistrent les deux mareschaux devant le roi.
Le lecteur aura noté que déjà le vaillant Arnoul s’était placé derrière Clermont, lequel trouva la mort dans une charge où Audrehem tourna bride sans toutefois échapper à la capture. Sa rançon fut fixée à 12 000 florins.
Auguste Molinier avoue :
Arnoul rencontra quelques difficultés pour le paiement de sa rançon qui, du reste, ne fut jamais intégralement payée.
La navette France-Angleterre
Désormais, pour Jean II prisonnier à Londres tout comme lui, et avec le consentement des Anglais, Arnoul fit la navette entre la Grande Ile et la France. Il avait été parmi les signataires de la trêve conclue à Bordeaux le 23 mars 1357. Dès le mois d’octobre précédent, craignant de perdre sa charge s’il restait auprès du royal captif, il avait écrit au régent, le futur Charles V, de la lui conserver avec les émoluments qui y étaient attachés ! Comme garantie de sa bienveillance, monseigneur Charles avait nommé lieutenant d’Audrehem son neveu, Jean de Neuville, le 27 octobre.
Arnoul était à Meaux, en juillet 1358, quand il connut la révolution qui venait de renverser Etienne Marcel. Il rentra vive ment à Paris. Le 24 mars 1359, il figura parmi les signataires qui livrèrent aux Anglais une France déchirée, dépecée. Il s’employa à voyager : France-Angleterre et inversement. Après qu’on l’eut perdu de vue quelques mois, il réapparaît : le 12 octobre 1359, il obtient un sauf-conduit pour deux individus : Hannequin le Chamberlain et Galepin de Nevers qui doivent aller en France pour mettre de l’ordre dans ses affaires et revenir avant le 2 février suivant. Étaient-ils chargés de réunir l’argent de sa rançon ? Ce sauf-conduit fut prolongé jusqu’au 12 mars et Arnoul ne quitta pas le roi au point d’être malade en même temps que lui sans qu’on sache la nature du mal 429 . Le 26 mars, ayant peut-être versé un acompte, Arnoul était à Douvres et en avril, il assistait aux conseils du Régent si bien qu’au début de 1360, il fut nommé lieutenant du roi en Langue d’Oc. Dès le 23 février 1360, il était en rapport avec les communes du Midi dont il sollicitait les secours pour payer sa rançon ! Pour cela, il avait nommé deux receveurs : Jean de Saint-Sernin et Jean le Juif, qu’il connaissait personnellement et qui, accessoirement , étaient chargés de « râtisser » pour la rançon du roi (582) .
Cependant, la guerre avait recommencé. Après avoir débarqué à Calais dès le mois d’octobre 1359, et après avoir ravagé le nord de la France, Édouard III s’était arrêté en Beauce, près de Chartres. La paix fut signée à Brétigny-les-Chartres, le 8 mai 1360.
Arnoul quitta la Langue d’Oc fin mai, repassa la mer et fut auprès du roi pour… tomber malade avec lui ! Jean II chargea son héros (c’est le terme employé par Molinier) dont le caractère chevaleresque lui plaisait (encore Molinier, page 77 de son ouvrage) d’aller solliciter les gens de sa bonne ville de Reims de satisfaire ses pressants besoins d’argent.
Pendant ce temps, La Rochelle refuse d’être
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