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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Guy Breton
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immense amour pour sa belle-sœur.
    Et pendant des mois, des années, le petit roi fut hanté par le souvenir de la gracieuse Écossaise, au point que les femmes de la Cour ne semblaient pas l’intéresser et qu’à l’âge où généralement les jouvenceaux commencent à traîner leur nature dans le lit des dames, il faisait composer par Ronsard de tendres poèmes pour l’absente :
     
    Puis il faudrait que je fusse un rocher
    Si vivement je ne sentais toucher
    De vos beaux yeux, mon âme toute émue,
    Puisque si belle ici je vous ai vue,
    Reine et ma sœur, et d’un regard si doux,
    Tirer nos cœurs et nos yeux après vous.
     
    Ou encore des vers mélancoliques adressés à l’ombre de son frère :
     
    Ah ! frère mien, tu ne dois faire plainte
    De quoi ta vie en sa fleur s’est éteinte :
    Avoir joui d’une telle beauté,
    Sein contre sein, valait ta royauté.
     
    Pour avoir un peu cette impression d’être « sein contre sein », il portait sans cesse sur son cœur un portrait de sa jolie belle-sœur. « Je l’en ai vu, dit Brantôme, tellement amoureux que jamais il ne regardait son portrait qu’il n’y tint l’œil tellement ravi qu’il ne pouvait s’en rassasier. »
    Et, jusqu’à l’âge de seize ans, Charles IX, qui rêvait de Marie Stuart, resta chaste.
    Il y eut d’ailleurs quelque mérite car, nous dit Sauval, « toutes les dames de la Cour s’empressaient à lui donner de l’amour ».
    Son manque de goût pour les demoiselles paraissait si surprenant qu’un jour, M me  de Montpensier se permit de lui faire une remarque ironique.
    Piqué, le jeune roi répliqua que, « s’il se mettoit une fois à coqueter, il donneroit tant d’exercice à toutes les dames qu’elles se repentiroient d’avoir éveillé le lion qui dormoit [185]  ».
    Et, immédiatement, il « poussa la fleurette à droite et à gauche » pour montrer ce qu’il était capable de faire et pour museler les huguenots qui l’accusaient de verser dans le vice infâme auquel Sodome doit sa célébrité.
    Ce désir qu’il avait de prouver sa virilité le poussa même à commettre certains actes extravagants. C’est ainsi qu’un soir rencontrant au bord de la Loire un groupe de jeunes protestants qui revenaient de la pêche avec leurs fiancées, il voulut faire le faraud et dit aux amis qui l’accompagnaient :
    — Nous allons voir si ces parpaillottes sont aussi belles dessous que dessus.
    Et tous se précipitèrent aussitôt sur les jeunes filles pour les trousser.
    Les fiancés, qui avaient du savoir-vivre, s’interposèrent. Une rixe s’engagea au cours de laquelle les malheureux protestants, qui se trouvaient en minorité, furent roués de coups et finalement jetés à la Loire.
    Après quoi, Charles IX et ses amis déshabillèrent entièrement les jolies huguenotes terrorisées, et se précipitèrent sur elles avec une belle – mais répréhensible – ardeur [186] .
    Naturellement, ces meurtres et ce viol collectif ne furent pas du goût des calvinistes, qui profitèrent de l’occasion pour détester davantage les représentants de la religion catholique…
    Le roi continua à papillonner autour de la vertu des demoiselles, jusqu’au jour de l’automne 1566, où il rencontra, à Orléans, au cours d’une partie de chasse, une jeune fille de son âge dont il tomba immédiatement amoureux. Elle s’appelait Marie Touchet. Fille de Jean Touchet, lieutenant particulier au bailliage d’Orléans, elle était fort belle si l’on en croit un chroniqueur qui nous dit « qu’elle avait le visage rond, les yeux vifs et bien fendus, le front plus petit que grand, le nez d’une juste proportion, la bouche petite et le bas du visage admirable ». Un autre ajoute « qu’elle était jolie, spirituelle et enjouée ». Enfin, un portrait de Clouet nous la montre bien en chair, avec de magnifiques épaules et une de ces gorges qui donnent aux hommes des démangeaisons au creux des mains…
    Pensant qu’il s’agissait là, vraiment, d’un morceau de roi, le jeune souverain désira l’avoir le soir même dans son lit.
    « Il commanda, nous dit Sauval, à La Tour, maître de la garde-robe, de lui parler et de la disposer à le venir trouver en sa chambre. Ce seigneur n’eut pas de peine à réussir dans sa négociation et amena, la nuit suivante, M lle  Touchet au roi, qui en obtint tout ce qu’il souhaitait, quoiqu’elle eût déjà engagé ses inclinations avec Montluc, frère de

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