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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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les marins pendant les abordages.
    Tancrède tenait bon, déjouant toutes les attaques, le visage calme. Mais, d’un seul coup, sa chance tourna, il recula, esquivant le croc, et son pied se prit dans un rouleau de cordage. Il bascula et son cimeterre lui échappa. L’autre poussa un cri de victoire. Il allait se jeter sur lui pour l’achever quand, avant même qu’Hugues ait pu intervenir, un poignard fendit l’air et perça la gorge du gaillard qui s’effondra sur Tancrède, un flot de sang lui jaillissant de la bouche.
    Un homme était apparu. C’était le jeune marchand aperçu à la taverne. Il souriait comme s’il se promenait en plein jour au bras d’une femme.
    — Je sais que vous n’aviez pas besoin de moi, remarqua-t-il avec son fort accent. Je me présente, mon nom est Giovanni Délia Luna. J’étais dans mon entrepôt quand j’ai entendu le bruit de cette échauffourée. De la belle ouvrage, vraiment.
    Tancrède avait repoussé le cadavre et s’était relevé d’un bond, essuyant sa cotte souillée de terre et de sang.
    — Je sais quant à moi que j’avais besoin de vous, sire Délia Luna. Mon nom est Tancrède. Je vous dois la vie, fit-il en lui tendant la main.
    Giovanni la saisit brièvement puis s’inclina pour récupérer sa lame qu’il essuya sur une touffe d’herbes.
    — Vous étiez à l’auberge tout à l’heure, remarqua Hugues dont les doigts agiles fouillaient les vêtements du mort.
    — Oui, tout comme vous, messires. J’allais rentrer à mon logis, non loin d’ici, chez Guillaume de Saint-Jean, dans la maison de l’évêque de Coutances. Et j’avoue que je préfère que ceux-là soient tombés sur vous plutôt que sur moi. Le prévôt m’avait prévenu qu’il y avait des marauds et des assassins la nuit venue, mais je ne les pensais pas si nombreux... Eudes va devoir nettoyer son quai avant demain.
    L’Oriental s’était redressé, une bourse pleine à la main, il la glissa dans sa sacoche sans l’ouvrir et se tourna vers Giovanni.
    — Permettez-moi à mon tour de me présenter : Hugues de Tarse. Pouvons-nous vous offrir quelque chose à boire ?
    — Volontiers, messires.
    Ils repartirent d’un bon pas vers l’auberge, Giovanni parlant avec animation avec Tancrède, Hugues marchant en silence à leurs côtés.

EN LETTRES DE SANG

7
    Une heure bientôt que les trois hommes étaient attablés à l’auberge Henri II, à boire et à discuter. Comme à son habitude, Hugues gardait une certaine réserve, mais Tancrède était sous le charme de Giovanni qui mimait avec force gestes l’attaque des malandrins sur le port.
    — Vous êtes de vaillants compagnons, et j’aurais aimé mieux vous connaître, mais nous devons lever l’ancre demain, acheva-t-il enfin.
    — Nous aussi, remarqua Tancrède.
    Le visage du marchand marqua de l’étonnement.
    — Vraiment ?
    Puis, il s’exclama :
    — Oh, mais je sais, vous serez sur le serpent ! Ils embarquent deux passagers. C’est donc vous ! Mais alors, nous allons faire route ensemble vers la Méditerranée !
    — Le serpent ?
    — Oui, c’est ainsi que nous nommons les navires de guerre comme celui qui va vous accueillir. Mais comment avez-vous pu prendre place à bord ? Il est affrété par le roi d’Angleterre lui-même, je crois ?
    Tancrède allait répondre, mais Hugues le devança.
    — Peu importe tout cela, déclara-t-il. Mais vous dites que vous « devez lever l’ancre », seriez vous plus qu’un simple passager ?
    — Ce sont les Luna qui ont affrété le knörr, répondit fièrement Giovanni. Ma famille.
    — Luna... Vous êtes lombard, n’est-ce pas ?
    — Je suis un Lombardi de Sicile et non un Longobardi d’Italie du Nord ! protesta le jeune homme. Ma famille vit à Syracuse depuis bientôt deux siècles. Nous sommes marchands et armateurs. Avec mes frères, nous nous partageons le monde ! À moi, le commerce avec les pays du Nord, mes autres frères s’occupent l’un de l’Afrique, l’autre de l’Orient.
    — Il n’y a pas tant de bateaux qui osent se risquer jusqu’ici. La plupart des marchands préfèrent encore les voies de terre ou les fleuves.
    — Mais c’est nous qui avons raison ! rétorqua le Sicilien en martelant ces mots d’un vigoureux coup de poing sur la table. Et bientôt, croyez-moi, les bateaux seront de plus en plus nombreux, et cela dans les deux sens.
    — Quel type de cargaison embarquez-vous ? demanda Hugues.
    — J’ai amené

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