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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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comprends.
    Quelqu’un toussa derrière eux. Ils se retournèrent. Il n’y avait plus personne dans la salle. L’aubergiste avait jeté des cendres sur les braises. Les broches étaient lavées et rangées. Les tables propres et les bancs empilés les uns sur les autres...
    — Je voudrais bien fermer, messires, fit l’homme.
    — Bien sûr, bien sûr. Tara, on rentre !
    Le chien, qui semblait dormir, la tête sur les pattes, se redressa aussitôt.
    — Sans doute vous verrai-je demain, ajouta le prévôt. J’ai été heureux de vous rencontrer.
    — Nous aussi, répondirent les deux amis.
    Le tavernier posa les barres en travers des portes et souffla les dernières lampes à huile.
    Une fois dans leur chambre, Hugues s’assit sur sa paillasse et sortit une fiole et des bandes de linge roulées de sa sacoche.
    — Montrez-moi vos blessures, fit-il. J’ai là de quoi vous soigner.
    — Tout va bien. Il n’y a rien là que le sang de nos agresseurs, répondit Tancrède qui avait ôté sa chemise et se lavait à grande eau dans la cuvette apportée par le tavernier. Vous, par contre, vous avez été blessé, fit-il en désignant le cuir entaillé de l’une des bottes.
    Hugues jura. La fatigue et la bière lui avaient fait oublier sa blessure. Il s’examina. L’entaille n’était pas profonde, quant à sa botte, un cordonnier la réparerait sans mal. Malgré sa fatigue, il se soigna avec des gestes précis avant d’achever de se déshabiller.
    Tancrède marchait de long en large.
    — Eh bien, il est temps de vous coucher maintenant, déclara Hugues qui s’était glissé dans son lit. Qu’avez-vous à la fin ?
    — Comment ça, qu’est-ce que j’ai ? Vous pensez qu’on voulait nous tuer, n’est-ce pas ?
    — Comme l’a dit Eudes, qui me paraît un homme de bon sens, les marins ne sont pas payés en deniers de Provins ni avec d’aussi fortes sommes.
    — Et cela ne vous inquiète pas plus que cela ! Je voudrais comprendre. Savoir qui et pourquoi. Est-ce après vous que l’on en a ? Ou après nous deux ?
    — La discussion serait trop longue et je ne suis encore sûr de rien. Allons, dormez ! La journée de demain sera rude.
    Tancrède voulut protester mais son maître s’était tourné vers le mur, s’enroulant dans sa courtepointe. Quelques instants plus tard, il dormait d’un sommeil paisible.

8
    Comme chaque matin avant l’aube, la cloche de Saint-Nicolas et celle du couvent des Sachets s’étaient répondu, sonnant l’office de laudes. Puis les premiers rayons du soleil avaient éclairé la rade et les quais.
    Sur la hauteur, la silhouette de granit du château de Barfleur dominait la grande grève. Dans les habitations de bois en contrebas s’ouvraient déjà portes et fenêtres. Les pêcheurs descendaient vers le port, les ouvriers au chantier.
    La mer était calme et lisse, même si, à l’horizon, s’amoncelaient des nuages. Giovanni allait et venait d’un pas nerveux sur le quai, non loin de la chaussée menant à son bateau. Il était d’humeur maussade. Comme avant chaque départ, il avait mal dormi. Les marchandises à vérifier, à compter et recompter, les péages, l’équipage, les droits de port, les taxes de toutes sortes... Cette fois, il ne s’en était pas trop mal sorti, il avait beau se pavaner devant ses nouveaux amis, le monde ne lui appartenait pas encore et son aîné, Renato, ne manquait pas une occasion de le lui rappeler.
    En fait, il n’avait aucun goût pour le commerce. Il aurait préféré rester à Syracuse. Mais son père ne lui avait pas laissé le choix et il devait faire ses preuves comme ses aînés.
    À chaque fois qu’il pensait aux disputes avec le robuste patriarche ou avec Renato, un goût de fiel lui emplissait la bouche. Finalement, il était mieux loin du palais familial ! Ici, au moins, il était son propre maître !
    Enfin, sa marchandise était dans la cale. Tout était en ordre et il n’attendait plus que le char à bancs amenant ses derniers passagers et leurs bagages. Ne voyant aucun signe de leur venue, son regard se braqua à nouveau sur le knörr et sur l’esnèque. Les deux bateaux avaient la ligne longue et basse et l’étrave recourbée des anciens navires vikings. Le knörr était juste plus ventru avec des cales profondes et des châteaux de bois permettant d’abriter ses passagers.
    Quelqu’un toussota dans son dos et Giovanni se retourna. Devant lui se tenait un solide garçon d’une dizaine

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