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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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ici, et n’essayez pas de vous enfuir !
    — Je n’ai aucune raison de le faire, protesta le jeune homme.
    — Vraiment ? dit l’homme en haussant le sourcil. Fasse Dieu que vous disiez vrai, sans cela je ne donne pas cher de votre peau ! Ni le prévôt ni le viguier n’aiment les assassins et nous n’avons pas assez de pain pour nourrir les prisonniers.
    — Mais enfin, m’expliquerez-vous...
    La porte s’était refermée. Tancrède se retrouva seul, à la fois furieux et inquiet.
    Des torches murales jetaient une lueur chaude sur la pierre blanche. Au plafond flottaient des gonfanons de l’ordre. Au sol étaient posés des boucliers. Il marchait de long en large depuis un moment quand des pas lourds résonnèrent dans le couloir.
    Une porte s’ouvrit et un frère entra, vêtu de sa robe blanche, sa longue cape sur les épaules, il était grand et maigre, le visage dur malgré les rides des années. Derrière lui venait le chevalier qui l’avait mené jusque-là. Le doyen s’arrêta à quelques pas du jeune homme et l’examina sans mot dire.
    Tancrède s’inclina devant lui.
    — Voici frère Jean, notre doyen, le présenta le templier, et je suis frère Aymon. Vous prétendez donc venir des navires arrivés hier au soir dans le port ?
    — Je ne prétends pas, messire. C’est vrai.
    — Savez-vous qu’un meurtre infâme a été commis dans notre ville cette nuit ? poursuivit le frère. Et que les gens de la prévôté, comme nous-mêmes, avons à charge de trouver l’assassin ?
    — Je... non. Non, bien sûr, je ne le sais pas.
    — Où étiez-vous cette nuit ?
    — Je vous l’ai dit, messire, dans une étuve.
    — Mais encore ? Notre ville en compte trois.
    — Mon compagnon vous renseignerait mieux que moi.
    — Il n’est visiblement pas en état de le faire, déclara soudain le doyen d’une voix rauque. Nous sommes passés le voir avant de venir ici et l’infirmier n’a pas réussi à le réveiller. Si vous n’en connaissez le nom, au moins décrivez-nous cette étuve et ce qu’il y a autour.
    — Bien volontiers. Une grande maison sur une pla-cette avec un arbre, un chêne vert, je crois. Des écuries autour. La patronne de l’endroit s’appelle Guenièvre.
    Les templiers se regardèrent. Tancrède sentit qu’il aurait mieux fait de taire le nom de la tenancière.
    — Vous dites une étuve, reprit frère Aymon avec sévérité. Et vous nous parlez d’un bourdeau ?
    Le jeune homme se troubla. Ces deux-là le tenaient-ils déjà pour coupable d’un meurtre dont il ignorait tout ? Et si c’était justement dans l’étuve qu’on avait tué ? Il imagina leurs réactions s’il parlait de la gamine trouvée dans son lit. C’était terrible de ne pas savoir. Il protesta :
    — Vous me demandez où j’étais, je vous réponds, messire chevalier.
    — Les bateaux sont arrivés hier matin. Qu’avez-vous fait entre le matin et maintenant ?
    Que pouvait-il dire alors qu’il ne se souvenait de rien ? Qu’il n’était pas capable d’énumérer les auberges où ils étaient passés ?
    Il se lança pourtant :
    — Nous avons mangé mon ami et moi aux Trois Marteaux. Ensuite nous sommes allés dans d’autres auberges, mais j’avais trop bu pour faire attention à leurs noms, et après, nous nous sommes rendus à cette étuve. Juste avant, je me souviens d’une pauvresse dans une ruelle qui chantait une comptine.
    — Vraiment ? fit à nouveau le doyen dont le regard se fit plus aigu. Et comment était-elle, cette femme ?
    — Je ne sais plus très bien.
    Il fit un effort de mémoire, se posant la question que d’habitude lui posait son maître : « Qu’avez-vous vu ? » Et soudain il se rappela.
    — Si, je me souviens d’un détail : l’une de ses mains n’était plus qu’un moignon. Mon ami lui a donné de l’argent et nous sommes repartis.
    À ces mots, l’homme se tourna vers frère Aymon et ses paroles avaient la sécheresse d’un verdict :
    — Nous en savons assez, ne croyez-vous pas ? Remettons-le au prévôt avec son compère. C’est à lui et au viguier de démêler le reste de l’écheveau.
    — Me remettre au prévôt ! protesta Tancrède. Mais pourquoi ? Attendez... De quoi m’accusez-vous ?
    — Ce n’est pas à nous de porter accusation, répondit le doyen. Mais si vous avez du sang sur les mains, surtout celui-là, soyez sûr que vous paierez !
    — Je suis innocent. Je n’ai rien fait. Il faut que vous

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