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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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reprochait d’avoir accepté l’offre d’Hugues et même de s’être embarqué.
    Finalement, il n’était pas si mal à la ferme et au moins, là-bas, il dormait sans craindre qu’on le transforme en tamis ! Il frissonna en repensant à P’tit Jean et aux autres victimes. Cela le ramena à la façon doucereuse dont le meurtrier l’avait abordé ce matin-là.
    — Rejoins-moi à l’autre bout de la plage dans les rochers au pied de la falaise, du côté du sentier de la chapelle, avait-il murmuré en passant une main sur sa joue.
    — Mais je...
    — Tu ne veux pas ?
    — Ben si, avait répondu Bertil à contrecoeur.
    — Dès que tout le monde sera couché, file là-bas. Je t’y attendrai, avait ajouté l’autre avant de faire demi-tour.
    Bertil avait regardé autour de lui, cherchant à voir si Bjorn ou Tancrède qui le surveillaient à tour de rôle s’étaient aperçus de leur conversation. Mais non, aucun des deux hommes n’était en vue. Il avait bien croisé Hugues un peu plus tard, mais le meurtrier était trop près et il n’avait rien pu lui dire.
    Le mousse saisit son mauvais couteau et le glissa dans sa ceinture. Tout le monde dormait. C’était bientôt l’heure.
    On grattait à la toile de sa tente. Il retint son souffle, le coeur cognant dans sa poitrine. Est-ce que l’assassin allait venir le tuer jusqu’ici, en plein camp ?
    — Bertil. Tu es là ? souffla une voix qu’il ne reconnut pas.
    — Je... Je suis là.
    La portière s’ouvrit et se referma aussitôt. L’homme jeta un coup d’oeil vers Bigorneau qui ronflait comme un bienheureux. L’enfant poussa un soupir de soulagement en reconnaissant Tancrède.
    — Tout va bien ? fit le jeune homme à voix basse.
    — Oui, enfin, si on peut dire. La bête a avalé l’hameçon.
    — Hugues m’a dit que tu avais essayé de lui parler, mais que l’autre était trop proche.
    — Je dois le retrouver sur la plage, au pied des falaises, du côté où part le sentier qui grimpe à la chapelle.
    — Bien. Nous te suivrons. Ne t’inquiète pas et n’oublie pas de garder tes distances avec lui.
    — Ça oui, vous pouvez compter sur moi.
    — Quand vous parlerez, ne le laisse jamais s’approcher de toi ni te toucher et, s’il sort son couteau, pas d’héroïsme, tu t’enfuis et si possible vers les bateaux.
    — Et si je n’arrive pas à m’enfuir ? demanda le mousse dont la voix s’étrangla à cette idée.
    — Alors, tu vends chèrement ta vie et tu appelles du plus fort que tu peux !
    — D’accord.
    — Tu y arriveras.
    La portière était retombée, Tancrède avait disparu. L’enfant resserra sa ceinture de toile, attendit un moment et sortit à son tour.
    Il regarda autour de lui, essayant de percer les ténèbres des yeux. Par moments, des nuages occultaient la lune. Le camp était silencieux. Les deux sentinelles discutaient entre elles près du feu. Une dizaine de tentes le séparaient des premiers rochers et, par chance, le campement des guerriers fauves était du côté opposé de la plage. Eux, d’ailleurs, ne dormaient pas. Il entendait le battement lointain de leurs tambours.
    Bertil s’allongea sur le sable et commença à ramper pour contourner son abri avant de se glisser derrière un autre. Il allait ainsi depuis un moment quand un bruit léger, tout proche, le fit sursauter. Il sentit un frôlement, un éclair gris passa entre les toiles.
    Une des sentinelles s’était dressée.
    — Qui va là ?
    Le mousse resta pétrifié, le coeur battant. Des pas se rapprochaient. Il ferma les yeux. Puis, à nouveau, des éclats de voix.
    L’un des marins se moquait de l’autre.
    — C’est ce foutu chien ! protesta le premier. J’ai entendu du bruit. Et le voilà qui déboule comme une flèche.
    — Et qu’est-ce que tu veux que ce soit ? Y a personne ici. Y fait son métier de bête, y chasse !
    L’enfant rouvrit les yeux. Non loin de là, Tara déchiquetait un lièvre en surveillant les sentinelles du coin de l’oeil.
    — Regarde le morceau qu’il a attrapé ! Ça le change de la pitance du bord !
    Le silence retomba.
    Ils avaient regagné leurs postes. Bertil, le front en sueur, patienta encore puis s’éloigna en rampant. Personne n’aperçut la petite silhouette qui se glissait jusqu’aux premiers rochers. De là, il repartit, courbé en deux, jusqu’au pied de la falaise.
    Une fois à l’abri, Bertil reprit son souffle tout en jetant des regards inquiets autour de

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