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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Viviane Moore
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expliqua en détail les événements de cette nuit-là.
    Un instant plus tard, il concluait :
    — Il a été achevé d’un coup de poignard en plein coeur.
    — Et il portait les lettres de sang ?
    — Non. Le garçon s’est battu jusqu’au bout et le meurtrier a été dérangé par l’arrivée des gens d’armes. Il n’a donc pas pu achever son ouvrage, mais je suis sûr que c’est bien le même homme.
    — Et cette médaille lui appartiendrait... C’est la première fois que nous tenons une vraie piste.
    Il examina à nouveau l’amulette.
    — Des poissons chrétiens, un carré magique... Les lettres sont grecques. C’est un talisman de protection ?
    — Oui... Vraisemblablement ancien et d’origine byzantine.
    — Cela ne nous dit pas à qui il appartient. Depuis le début des croisades, il y a tant d’échanges avec l’Orient que l’on peut trouver ce genre de médailles même aux confins du comté de Champagne.
    — C’est vrai. Pourtant, je sais à qui appartient celle-là.
    Tancrède était si stupéfait qu’il mit un moment à réagir :
    — Mais alors vous connaissez l’assassin ? Qui est-ce ? Comment savez-vous cela ?
    — Du calme, du calme ! ordonna Hugues. Il se trouve que je me suis rappelé hier sur qui j’avais vu cette médaille.
    — C’est donc pour cela que nous sommes sur le knörr ! Vous aviez des soupçons et l’assassin est à bord !
    Tancrède regarda autour de lui. Le moine discutait avec le géographe et, un peu plus loin, Eleonor, suivie de son grand chien, marchait avec son vieux^ serviteur qui, pour une fois, avait délaissé son branle. À la barre se tenait Bjorn, avec à ses côtés le capitaine Corato et le sondeur de l’esnèque.
    — Il faut le capturer. Qui est-ce ?
    — Vous ne me croiriez pas. Et la médaille ne suffit pas à prouver sa culpabilité, surtout si je suis le seul à l’avoir remarquée à son col. L’homme est habile, notre seule chance est de le prendre sur le fait.
    — Mais comment cela ? C’est impossible...
    — Non. Rien n’est impossible. Nous allons lui tendre un piège et le jeune Bertil va nous y aider.
    — Le mousse de Barfleur !
    Le jeune homme fit la grimace.
    — Vous voulez le donner en pâture à ce monstre !
    — Je vais vous expliquer.
    La voix d’Hugues n’était plus qu’un murmure.

L’AIGLE DE SANG

50
    Hugues avait longuement parlé, choisissant ses mots avec soin et, au fur et à mesure, le visage de Bertil, le jeune mousse de Barfleur, s’était assombri.
    — Ainsi le Bigorneau disait vrai ! finit-il par murmurer. Et moi qui croyais qu’il était simple ! Mais, en fait, l’est bien plus malin qu’il y paraît. Je l’ai compris depuis. Tout de même, c’est pas bien beau ce que vous me proposez. Je risque d’y laisser ma peau.
    — Tu seras protégé. Je te l’ai promis.
    — Oui, mais vous m’avez dit aussi que l’autre, c’est un malin, ajouta l’enfant avec véhémence. Et faut être un malin pour échapper à tous comme il le fait depuis si longtemps et continuer à tuer. Et pourquoi j’irais me jeter dans sa gueule ? Bien sûr, j’aimais bien P’tit Jean ! Il avait pas mérité qu’on lui fasse ça, mais de là à crever comme lui, y a loin !
    — Je ne peux pas répondre à cette question à ta place, Bertil. Et je ne te forcerai en rien. Si tu ne veux pas, j’essaierai de le piéger d’une autre façon.
    — Vous ne m’avez même pas dit qui c’est !
    — Tu ne le sauras que si tu acceptes. Et il faudra me jurer de ne le répéter à personne. Je t’ai choisi car tu es intelligent. Je t’ai vu agir pendant tous ces jours de navigation. Tu n’as pas froid aux yeux et tu restes calme, même quand il y a du danger.
    — Oui. Mais là, c’est pas pareil ! Se tenir droit quand la mer et le vent tonnent, je peux le faire. Attendre tranquille que l’assassin y sorte son coutel, j’suis pas sûr !
    — Tu as raison, Bertil. Et peut-être est-ce une mauvaise idée, après tout.
    Le bon sens de l’enfant faisait réfléchir l’Oriental. Il se demandait soudain si ce plan qui lui avait paru le plus simple n’était pas trop risqué pour la vie du gamin. Si Bertil perdait son sang-froid... Si lui-même n’arrivait pas à temps...
    Le mousse le regardait. Son expression changea, il avait pris une décision.
    — Bon, on est d’accord, messire, je risque ma vie. Ma grand-mère disait toujours, et c’était une femme qu’avait de la

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