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Les héritiers

Les héritiers

Titel: Les héritiers Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-Pierre Charland
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l’autoriser { venir te voir..
    Le sous-entendu se révélait explicite. Pourtant, elle jugea bon de préciser :
    — Il a évoqué des fiançailles aux fêtes.
    Paul la regarda longuement, puis posa les yeux dans ceux de Marie.
    — Que lui as-tu répondu ? questionna-t-il à la fin.

    — Je lui ai demandé de réfléchir jusqu’{ demain.
    De nouveau, elle sombra dans un long silence. En face d’elle, le couple n’osait bouger, ni poser des questions.
    — Je pense que je vais accepter.
    Le ton brisé amena son père à préciser :
    — Tu dois être absolument certaine. Si tu hésites, mieux vaut dire non.
    Elle haussa les épaules. En réalité, elle se souvenait d’avoir hésité toute sa vie, devant les petites ou les grandes décisions. Désireuse de la perfection, le doute devenait une façon de vivre.
    — Tu sais, ce n’est pas comme si les jeunes gens se bousculaient à la porte. Gérard est le seul à avoir témoigné son intérêt depuis 1917. Et encore, Thalie était avec moi.
    Peut-être attirait-elle son regard, et pas moi.
    Habiter sous le toit du volontaire parti en Europe, c’était crier bien haut qu’elle lui avait juré un amour éternel.
    Cela suffisait à faire le vide. S’étant rendue inaccessible, Françoise se plaignait maintenant du faible nombre de ses prétendants. Pour s’accrocher ainsi, dans de pareilles circonstances, Gérard avait affiché une ténacité peu commune.
    — On n’épouse pas quelqu’un parce qu’il n’y a personne d’autre, plaida encore Paul.
    — Cet homme m’aime, j’ai de l’affection pour lui.
    Marie s’agita un peu sur sa couche, très mal { l’aise. Elle se sentait un peu responsable d’un gâchis. Elle n’osait intervenir, de peur de rendre les choses plus difficiles encore.
    — Tu es jeune et séduisante, insista son père. Si tu n’es pas certaine, ne t’engage pas. Prends le temps de voir d’autres garçons.
    La chose paraîtrait saugrenue, si longtemps après sa sortie du couvent, mais le député pouvait encore donner une fête afin de la faire connaître, de la «présenter» aux jeunes hommes désireux de se trouver une compagne.
    Françoise comprit, secoua la tête pour affirmer d’un ton un peu plus ferme :
    — Non, je ne m’engagerai pas maintenant dans une course au bon parti. Il y a déjà un homme dans ma vie.
    Demain, je dirai { Gérard qu’il peut te parler.
    Elle quitta sa chaise pour les embrasser, puis sortit. Le couple se mit au lit en silence. A la fin, Marie souffla :
    — Si tu crois cela préférable, tu peux encore dire non à ce garçon.
    — Pour qu’elle me déteste toute sa vie ?
    Vu les circonstances, il risquait d’en arriver l{, quelle que soit sa réponse.
    — De son propre aveu, elle ne l’aime pas, insista l’épouse.
    — Mais elle affirme avoir de l’affection pour lui. Surtout, elle semble encline à lui dire oui.
    — . . Crois-tu que j’ai eu une mauvaise influence sur elle? J’ai commencé par donner ma bénédiction { son amour naissant pour Mathieu. Ensuite, quand je l’ai vue si inquiète, je l’ai encouragée { fréquenter d’autres garçons.
    Elle s’arrêta une première fois avant de poursuivre :
    — A mes yeux, si elle tenait vraiment à mon fils, ces fréquentations ne porteraient pas à conséquence. Et si elle ne l’aimait pas suffisamment, gaspiller sa vie { attendre son possible retour ne servait à rien.
    Elle marqua une nouvelle pause, puis se souvint à haute voix:
    — Nous passions toutes les deux des semaines complètes à nous préparer à recevoir la nouvelle de sa mort. Tu sais, quand les journaux insistaient sur les pertes et les combats farouches dans la région où il se trouvait. .
    L’homme chercha la main de sa compagne sous les draps, la serra dans la sienne.
    —Je trouvais tes conseils très sages alors, et je pense encore aujourd’hui que tu avais raison. Françoise aurait aimé faire toute sa vie avec le premier homme rencontré.
    Comme cela n’a pas fonctionné, elle prend le second. Elle est sortie avec Gérard pendant la guerre, mais sa rupture avec Mathieu ne tient pas à cela.
    — Mon garçon est revenu changé. .
    — Et Françoise ne lui apparaissait plus comme la compagne idéale. S’il avait voulu la reprendre, crois-tu qu’elle aurait refusé ?
    La blessure d’amour-propre incitait maintenant la jeune femme à accepter pour compagnon un homme fasciné par elle. Celui-l{ risquait peu de s’éloigner pour poursuivre une

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