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Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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l’Allemagne.
    — Avec d’autres assassins, avait répondu Karl.
    — Allons, allons, Menninger, qu’est-ce que ces grands mots ? Un combat comme les autres. Ça n’a pas coûté plus cher qu’une attaque mal dirigée, beaucoup moins. Et c’est entre eux qu’ils règlent leurs comptes.
    Menninger inquiet cependant. Himmler avec sa bouche comme une fine coupure dans un visage blanc l’inquiétait. Les SS devenaient une armée rivale de la Reichswehr. La Gestapo supplantait la police, rivalisait avec l’Abwehr.
    « Des amateurs, disait Klein, le renseignement ne s’improvise pas. Hitler aura toujours besoin de l’armée et de l’Abwehr. Nous le tiendrons. Croyez-moi, Menninger, nous avons les atouts, toutes les cartes. »
    — Ils vous ont relâchée, chère amie, disait Menninger en s’efforçant de plaisanter. Vous êtes là.
    Tina Deutcher reposait son verre.
    — Après ce qui s’est passé chez vous, vous ne l’ignorez pas – elle était à son tour ironique – je crois qu’on appelle ça, un peu partout dans le monde « la nuit des longs couteaux » ? C’est cela ? Je n’étais pas très détendue dans les bureaux de la Gestapo.
    Menninger lui prenait la main, l’embrassait.
    — Si nous nous excusions, disait-il. Dans un régime qui commence, il y a toujours des imperfections. Si vous m’aviez téléphoné…
    Tina Deutcher haussait les épaules.
    — J’ai demandé à vous téléphoner. On a simplement noté votre nom. Vous êtes maintenant suspect. Méfiez-vous, commandant. Ils ont assassiné quelques officiers, je crois ? Un général même.
    Menninger souriait, secouait la tête sans démentir.
    — Donc, vous et moi, disait-il, nous sommes logés à la même enseigne et vous ne pouvez m’en vouloir. Mais votre ami…
    Ils se levaient de table, passaient lentement au salon, Menninger donnant le bras à Tina qui résumait l’article de Gallway, Black Berlin paru dans le Herald Tribune.
    —  Un prétexte, disait-elle. Allen n’est pas un journaliste professionnel, mais il sent les choses et il sait les écrire.
    — Et vous, demanda Menninger, qu’écrivez-vous ?
    Elle fit un geste de dénégation et comme Menninger insistait, elle dit :
    — Je n’écris rien, je regarde, je vis. Quelques notes seulement. Plus tard, peut-être…
    Elle s’écarta de Menninger, alla s’asseoir dans l’un des grands divans qui se faisaient face au milieu de la pièce. Elle se mit à fumer, distraite tout à coup, oubliant le bruit des conversations, les regards, pensant à Allen, à l’émotion qu’elle avait eue quand il lui avait téléphoné au début de la semaine. À la façon dont il prononçait son nom, « Tina Deutcher », cette hésitation, elle le reconnaissait et elle n’avait pu s’empêcher de s’exclamer « Allen, Allen » se mettant à rire avant même qu’il ne dise : « Je suis à Berlin, Tina, si vous voulez…» Peur brusquement à l’idée de le revoir. Elle était si peu sûre d’elle avec lui, des élans qui l’entraînaient plus loin qu’elle n’imaginait. Elle reculait alors, vite, et plus tard elle se reprochait de s’être ainsi barricadée, alors qu’avec d’autres, Mackievicz par exemple, elle s’avançait tranquillement, presque indifférente aux conséquences de ses actes, mariage avec Mac décidé en quelques heures, divorce sans inquiétude. Elle avait dit à Allen : « J’écris mes petits papiers – c’était vrai, quelques articles sur l’atmosphère berlinoise pour une chaîne de journaux de la côte Ouest – voulez-vous qu’on se voie vendredi, à déjeuner ? »
    — Vendredi, vendredi, répétait-il.
    Elle avait eu au bord des lèvres « venez Allen, venez maintenant », mais il avait repris :
    — Vendredi, chez Borchardt, Französische-Strasse, 13 heures.
    Elle disait seulement :
    — Je vous embrasse, Allen.
    Elle s’était alors souvenue de ce dîner, le vendredi soir chez le commandant Menninger, s’en était voulu de ses hésitations, de cette malchance qui lui avait fait choisir ce vendredi, lui interdisait de passer la nuit avec Allen. Regrets : elle eût aimé aller au bout de ce corps. Si courtes les heures de la découverte, 7 Bedford Street, dans l’appartement d’Allen ! Plus tard, à l’hôtel, quand elle l’avait accompagné dans son reportage sur le bord des grands lacs, elle s’était dérobée. Trop de hâte chez lui, la volonté de Tina de préserver ce qui serait

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