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Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I

Titel: Les hommes naissent tous le même jour - L'aurore - Tome I Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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beau-frère avait, comme la plupart des officiers, refusé de s’engager dans le parti d’Adolf Hitler.
    Quand, en février 1933, Klein recevait Karl Menninger, Bendlerstrasse, dans son bureau du ministère de la Guerre, il avait, après avoir consulté un dossier, dit, comme si Karl était un officier qu’il voyait pour la première fois.
    — Monsieur, vous n’êtes pas membre du parti nazi. Que pensez-vous de ce tournant politique, Hitler chancelier ?
    Karl avait répondu sans hésiter :
    — L’Allemagne peut en tirer profit, mon colonel, si l’armée demeure ce qu’elle est et ne devient pas un lieu de passion politique.
    Klein se levait, s’appuyait à la fenêtre.
    — Mon cher Karl, vous connaissez l’Abwehr, le service de renseignement ? Je dirige l’un des secteurs, celui de la propagande et de l’information ici à Berlin. Berlin est une plaque tournante, pour les journalistes, les agents soviétiques.
    Il se rasseyait, souriant.
    — Nous ne nous sommes pas rencontrés depuis longtemps, la mort de votre mère, six ans presque. Mais Inge me donnait de vos nouvelles. J’ai fait partie des officiers qui sont allés en Russie. Vous êtes au courant, n’est-ce pas ? Nous aurons bientôt des unités blindées et une aviation. Les Russes, tout bolcheviques qu’ils soient ou qu’ils se disent, ont été très – il hochait la tête, reprenait – mais oui Menninger, mais oui, très coopératifs avec nous. Champs de manœuvres, locaux, ils nous ont beaucoup aidés. Mais cela – de la main il repoussait les papiers sur son bureau, faisait table nette – le passé, Menninger. Si vous êtes d’accord, car entrer à l’Abwehr suppose toujours l’accord de l’officier, je vous désigne pour notre service. Un travail difficile, le renseignement – Klein se levait à nouveau – mais essentiel. Pour les apparences, vous serez chargé des relations avec la presse et les diplomates. Vous inviterez à dîner un journaliste, un attaché militaire. Vous verrez, Menninger, personne – même les professionnels – ne résiste au plaisir de parler…
    Karl Menninger avait placé à sa droite Tina Deutcher. Il la servait avec prévenance, l’interrogeait sur les États-Unis. Elle répondait en souriant, par des phrases courtes, comme si malgré l’amabilité de ses propos elle se désintéressait de la conversation. Menninger baissa la voix, se pencha vers elle en lui versant du vin.
    — Vous semblez préoccupée, dit-il.
    Tina Deutcher était, avec le premier secrétaire de l’ambassade soviétique Kostia Loubanski, la personnalité intéressante de la soirée. « Soyez très aimable », avait dit Klein. « Avec son pedigree, elle peut nous être très utile, nous n’aurons jamais assez de journalistes avec nous, jamais. La propagande, mon cher Menninger, il faut le reconnaître, Goebbels a raison, cela vaut quelques divisions. »
    Klein avait lui-même dressé le plan de table. « Nos petites batailles, avait-il dit. À vous de prendre Tina Deutcher d’assaut. Ça ne doit pas être désagréable, n’est-ce pas ? »
    — Déçue, commandant, déçue, répétait Tina.
    Elle remerciait Menninger, portait lentement le verre à ses lèvres et avant que Menninger ne lui posât une question, elle dit :
    — J’avais un ami très cher à Berlin, nous devions nous rencontrer à déjeuner aujourd’hui, et vous l’avez expulsé hier. J’ai failli ne pas venir ce soir, en représailles.
    Elle buvait une gorgée de vin, expliquait comment elle avait attendu en vain Allen Roy Gallway, puis elle s’était rendue à l’hôtel Impérial, Unter den Linden, où il était descendu.
    — Vos policiers, disait Tina, vous savez ces hommes avec leurs longs imperméables de cuir noir, ils étaient encore là, ils m’ont interrogée…
    — Vous ?
    Menninger avait froncé les sourcils, jeté un coup d’œil à Klein assis près de Kostia Loubanski, soupçonné par l’Abwehr d’être, à l’ambassade soviétique de Berlin, le responsable de l’activité des agents du Komintem.
    — Moi, confirmait Tina. Vous connaissez la Prinz-Albrecht-strasse ?
    Le visage de Menninger se durcissait. Le siège de la Gestapo. Il y avait rencontré à plusieurs reprises Himmler, le 30 juin 1934, quand, devant toute l’Allemagne, en une nuit, Hitler avait fait égorger certains de ses anciens camarades.
    — Purification, avait commenté Klein. Brutale mais nécessaire. Hitler purge le mouvement et

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