Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
Vom Netzwerk:
familles dont, le chef demeure obstiné
dans la religion, et dont la femme et les enfants sont convertis,
il faut loger chez lui, tout comme si personne ne s’était converti
dans sa maison. »
    Louvois s’était d’abord réjoui sans réserve de
ce succès
des missions bottées
, succès qu’il qualifiait de
surprenant, et il était heureux de pouvoir annoncer à son frère Le
Tellier : que les grandes cités du Languedoc, et, pour le
moins, trente autres petites villes, des noms desquelles il ne se
souvenait pas, s’étaient converties en
quatre jours ;
que les trois quarts des religionnaires du Dauphiné étaient
convertis, que tout était catholique dans la Saintonge et dans
l’Angoumois, etc.
    Cette soumission rapide et complète des
huguenots finit par lui paraître
suspecte
. « Il faut
prendre garde, écrit-il à Bâville, dès le 9 octobre 1685, que cette
soumission unanime maintienne entre eux une espèce de cabale qui ne
pourrait, par la suite, être que fort préjudiciable. » Dans
l’intention de prévenir
cette cabale
, sans attendre que
toutes les provinces du royaume eussent été dragonnées, Louvois
pressa la publication de l’édit de révocation qui devait priver les
réformés de leurs directeurs habituels, en bannissant les
ministres.
    Louvois avait toujours du reste soutenu cette
thèse, qu’il fallait séparer les ministres de leurs fidèles et dès
le 24 août 1685, il écrivait à Boufflers :
    « Sa Majesté a toujours regardé comme un
grand avantage pour la conversion de ses sujets
que les
ministres passassent en pays étranger
. Aussi, loin de leur en
ôter l’espérance, comme vous le proposez, elle vous recommande, par
les logements que vous ferez établir chez eux, de les porter à
sortir de la province, et à profiter de la facilité avec laquelle
le roi leur accorde la
permission
de sortir du
royaume. »
    Le 8 octobre, le conseil du roi, appelé à
décider du moyen qu’il fallait employer pour séparer les huguenots
de leurs pasteurs, l’emprisonnement ou le bannissement des
ministres, s’était prononcé pour cette dernière mesure. Châteauneuf
avait obtenu cette décision en faisant valoir cette considération
économique que la nourriture de tant de prisonniers
serait une
lourde charge
pour le roi
, tandis que bannir les
ministres et confisquer leurs biens en même temps, ce serait
assurer au roi un
double profit.
On ne voulut même pas que
les ministres, ayant reçu
permission de sortir
avant
l’édit de révocation, et non encore sortis, pussent vendre leurs
biens…
    Ainsi le 30 octobre 1685, Colbert de Croissy
écrit à l’intendant du Dauphiné : « Sa Majesté, ayant
ci-devant donné des permissions à des ministres de la religion
prétendue réformée de passer dans les pays étrangers avec leurs
femmes et enfants
et de vendre le bien
qu’ils avaient en
France, elle m’ordonne de vous faire savoir, qu’en cas que ces
permissions ne soient point exécutées et que les dits ministres
n’aient pas encore vendu leurs biens, l’intention de Sa Majesté et
qu’elles demeurent révoquées, et que l’on suive à l’égard des dits
ministres l’édit de Sa Majesté de ce mois. »
    Louvois, en envoyant au chancelier le Tellier
le projet de l’édit révocatoire auquel avaient été ajoutés quelques
articles additionnels,
entre autres celui relatif aux
ministres
, le priait de donner au plus tôt son avis sur ces
articles en lui disant : « Sa Majesté a donné ordre que
cette déclaration fût expédiée
incessamment
et envoyée
partout, Sa Majesté ayant jugé qu’en l’état présent des choses,
c’était un bien de bannir au plus tôt les
ministres.
 »
    L’édit révocatoire fut expédié promptement
suivant les désirs de Louvois ; il fut publié le 18 octobre
1685, et l’on tint la main à la stricte exécution de la clause
obligeant les ministres à quitter la France dans un délai de quinze
jours, les obligeant à choisir, dans ce court délai, entre l’exil,
les galères ou l’abjuration ; s’ils se prononçaient pour
l’exil, il leur fallait partir, seuls et dénués de tout, laissant
dans la patrie dont on les chassait, leurs biens, leurs parents et
ceux de leurs enfants qui avaient atteint ou dépassé l’âge de sept
ans ; quelques intendants, allant plus loin encore que cette
loi barbare, retinrent la famille entière de quelques pasteurs,
jusqu’à des enfants à la mamelle, le ministre Bely, par exemple,
dut

Weitere Kostenlose Bücher