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Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789

Titel: Les huguenots - Cent ans de persécutions 1685-1789 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Charles Alfred (de) Janzé
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produite par la
grâce divine, il ne s’agit que d’annoncer la volonté du roi… Tous
courent aux églises catholiques. » À la fin de la même année
1685, Tessé qui vient de traiter Orange, en ville prise d’assaut,
et a converti tous les huguenots de la cité en vingt-quatre heures,
déclare dans son rapport
officiel
,
que tout s’est fait
doucement sans violence et sans désordre
.
    En 1685, comme en 1681 et en 1682, de plus,
pour ôter toute créance aux réclamations qui parvenaient
directement à la cour, on dragonnait à nouveau ceux qui se
plaignaient d’avoir cédé aux violences des soldats, afin de les
obliger à signer qu’ils s’étaient convertis librement et sans
contrainte. Enfin Louvois ne reculait devant aucun moyen, même les
arrestations les plus arbitraires, pour empêcher les plaintes des
huguenots d’arriver
directement
au roi.
    Il est difficile d’admettre cependant que
Louis XIV ignorât ce qui se passait dans les provinces dragonnées,
mais il était fort aise de pouvoir, grâce aux habiletés de son
ministre, sembler ignorer les violences qu’avaient à supporter les
huguenots.
    « Aucun monarque, dit Sismondi, si
vigilant,
si jaloux de tout savoir
, si irrité contre tout
ministre qui aurait prétendu lui
cacher quelque chose
,
n’était encore monté sur le trône de France » ; et, ce
n’était pas une entreprise violente, poursuivie à l’aide de ses
troupes, dans toutes les provinces de son royaume, pendant
plusieurs années de suite, contre plus de deux millions de ses
sujets, qui pouvait être dérobée à sa connaissance.
    Déjà en 1666, l’électeur de Brandebourg
s’était fait l’organe officiel des réclamations des huguenots
français, et ayant écrit à Louis XIV : « J’ai osé
affirmer que Votre Majesté
ignore ces violences
et que
tout le mal vient de ce que ses grandes affaires ne lui permettent
pas de prendre connaissance elle-même, des intérêts de ces pauvres
opprimés. »
    Louis XIV s’était empressé de répondre :
« Je vous dirai qu’il ne se fait aucune affaire
petite ou
grande
dans mon royaume, de la qualité de celle dont il est
question, non seulement qui ne soit pas
de mon entière
connaissance
, mais qui ne se fasse
par mon
ordre
. »
    Dès le commencement de la première dragonnade,
Louis XIV avait été saisi
officiellement
par Ruvigny,
député général des protestants, des justes plaintes des huguenots
du Poitou, et il avait été contraint d’ordonner une enquête contre
les
violences
commises contre ses sujets réformés ;
mais cette enquête, qui avait été considérée comme une interdiction
de commettre de nouvelles violences, avait amené un sensible
ralentissement dans l’œuvre de la conversion générale. Pour
remédier au mal, le roi s’empresse de rendre une ordonnance portant
qu’il sera informé contre les ministres « ayant été assez osés
que de prêcher publiquement dans leurs chaires que Sa Majesté
désavouait
les exhortations
qui avaient été faites au
peuple de sa part, d’embrasser la religion catholique, Sa Majesté
ne voulant pas souffrir ces
insolences
de si dangereuse
conséquence. »
    Tout naturellement, après cette ordonnance,
les violences reprirent de plus belle contre les huguenots du
Poitou, et elles aboutirent à faire un tel éclat que Louis XIV dut,
l’année suivante, révoquer Marillac et faire suspendre
momentanément les conversions par logements militaires.
    Cependant, comme s’il eût voulu établir qu’il
ne réprouvait pas, en réalité, les
violences
qu’il se
voyait contraint d’interdire
officiellement
, Louis XIV fit
tout pour que les conversions obtenues violemment fussent tenues
pour bonnes et valables.
    Un arrêt
d’exemple
(c’est-à-dire
faisant jurisprudence pour tout le royaume), rendu par le Parlement
de Paris, établit qu’un huguenot, bien qu’il prouvât qu’il avait
abjuré
par force
, pouvait être condamné comme
relaps
quand il retournait au prêche. Une déclaration
royale, allant plus loin, décida que tout huguenot contre lequel ne
pourraient être produites ni une abjuration écrite, ni même une
simple signature, devait être condamné comme
relaps
si
deux témoins,
les deux premiers coquins venus
, déclaraient
qu’ils lui avaient vu faire un acte quelconque de catholicité.
    Enfin, en 1682, comme s’il eût voulu avertir
les huguenots que les violences ne tarderaient pas à être de
nouveau autorisées contre eux, Louis XIV

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