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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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invité à visiter mes collections. »
    — Morosini ! rectifia l’intéressé persuadé que l’autre l’avait fait exprès. Et j’ai eu alors le regret de refuser. Quant à Miss Forsythe, je me souviens de l’avoir croisée, à Londres, il y a trois ou quatre ans. C’était au British Museum.
    — Que c’est charmant ! s’écria Mrs Schwob. Vous devriez vous asseoir un instant avec nous. Vous avez largement le temps de danser et…
    — Non, coupa « Miss Forsythe » sans trop de courtoisie. Je préfère danser tout de suite…
    Et ce fut elle qui entraîna Aldo vers la salle de bal et vint dans ses bras comme si elle en avait l’habitude.
    — Incroyable de vous rencontrer ici ? fit-elle d’un ton mondain. Encore sur la trace d’un joyau fabuleux ?…
    — Peut-être… mais surtout sur celle d’un assassin. Vous avez vraiment l’intention de l’épouser ?
    La main d’Hilary se retira de l’épaule de son cavalier pour lui mettre sa bague sous le nez :
    — À votre avis ?
    — J’avais remarqué. Dommage que ce soit seulement un prêt. Et à court terme !
    — Ce qui veut dire ?
    — Qu’à la fin de ce mois il aura quitté votre joli doigt. En même temps sans doute que votre petite âme perverse… ou peu après ! Peut-être l’ignorez-vous mais les épouses successives de ce Barbe-Bleue américano-sicilien ont toutes achevé leur lune de miel à la morgue. Et en piteux état !
    Il la sentit se raidir, s’écarter légèrement mais son visage n’eut pas un tressaillement. Il put même y voir l’esquisse d’un sourire.
    — Ah oui ? fit-elle, désinvolte. Voilà qui est effrayant ! Notez que votre sollicitude me touche d’autant plus que vous n’avez guère de raisons de m’adorer. Comment va votre femme ?
    — Laissez-la de côté s’il vous plaît ! Elle va très bien et j’ai hâte de la retrouver.
    — Le bon époux ! Que n’y allez-vous en vitesse au lieu de batifoler avec moi dans cette copie d’un château français ? À propos de français, au fait, comment va ce cher Adalbert ?
    — Pas mal. Je pense que vous en jugerez par vous-même. Il est trop galant homme pour ne pas vous inviter à danser ?
    — Il est là ?
    Cette fois encore la surprise d’Hilary était totale. Elle tourna la tête machinalement et son effarant chapeau manqua de peu l’œil de Morosini qui eut le réflexe de se rejeter en arrière :
    — Tenez-vous tranquille ! intima-t-il en riant. Il doit être dans un autre salon ou dehors. Il a emprunté le costume du Gilles de Watteau. C’est inattendu mais il le porte à ravir… C’est un rêveur, vous savez ?
    La danse s’achevait mais de nombreux couples applaudissaient en restant sur place. Aldo et Hilary à l’unisson. L’orchestre bissa et ils repartirent mais Aldo s’arrangea pour les diriger vers l’une des portes-fenêtres ouvertes sur la terrasse et l’y emmena aussitôt. Deux ou trois couples – des amoureux surtout ! – s’y étaient déjà repliés dans la douce lumière des lanternes vénitiennes et ceux-là ne faisaient attention qu’à eux-mêmes. Il y avait aussi des orangers dans des bacs de faïence ancienne entre lesquels des sièges couverts de brocatelle verte et blanche étaient disposés. Aldo en choisit un, y fit asseoir Hilary et lui offrit une cigarette en prenant place à côté d’elle :
    — Causons sérieusement s’il vous plaît ! déclara-t-il. Nous n’avons pas beaucoup de temps et j’ai à vous dire des choses graves : arrangez-vous comme vous voudrez mais quittez Newport avant qu’il ne soit trop tard ! Ce diamant devrait être une compensation suffisante.
    Elle garda un moment le silence, tirant quelques bouffées bleues en scrutant le beau visage grave de son compagnon :
    — Mais ma parole, vous êtes vraiment inquiet ? Et inquiet pour moi ?
    — Comme je le serais pour n’importe quelle autre femme engagée dans ce piège terrifiant, comme je l’étais pour Jacqueline Auger, assassinée en plein Londres pour avoir voulu échapper à votre fiancé. Croyez-moi, Hilary, vous, vous courez un terrible danger. Si vous saviez…
    — Et si, justement je savais ?
    — C’est impossible !
    — Croyez-vous ? Alors, mon cher Aldo, essayez de vous mettre dans le crâne que je ne suis plus une apprentie et voilà un moment que je prépare cette affaire qui, je l’espère, sera le couronnement de ma carrière. J’ai pris le temps de me renseigner et je

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