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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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une telle rapidité qu’il n’eut pas le temps de pousser un cri. On le fourra dans le véhicule où un troisième homme s’en saisit après l’avoir envoyé au pays des rêves d’un maître coup de poing. Les ravisseurs remontèrent et la camionnette repartit. L’endroit était désert – c’était l’heure de la sieste ! – et personne n’avait rien vu.
     
    Aldo ne fut pas longtemps sans connaissance. On l’avait frappé uniquement pour le faire tenir tranquille mais les gens qui l’enlevaient avaient bien employé ses quelques minutes d’inconscience. Quand il refit surface, sa mâchoire lui faisait d’autant plus mal qu’un solide bâillon la serrait. En outre ses mains attachées derrière le dos par des menottes et ses pieds ficelés ne lui étaient d’aucune aide pour résister aux cahots de la tôle sur laquelle on l’avait jeté. Tout d’abord il ne vit rien et se crut seul mais bientôt il distingua deux paires de pieds à la hauteur de son visage et perçut l’odeur d’ail que dégageaient ses agresseurs. Comme il ne pouvait pas parler, que les autres se taisaient et qu’il était réduit à l’impuissance, il choisit d’essayer de se détendre afin de garder l’esprit aussi clair que possible.
    Il n’avait guère d’illusions sur ses ravisseurs : ils ne pouvaient appartenir qu’à Ricci. Pourtant la carotte qui l’avait amené là était signée Hilary et il imaginait mal la jeune femme faisant confidence de son passé ténébreux à un « fiancé » qu’elle entendait plumer selon ses propres règles.
    Ignorant combien de temps il était resté sans connaissance il lui était impossible d’évaluer approximativement la distance parcourue. Elle lui parut interminable à cause de l’inconfort de sa situation. À cela près qu’il n’y avait pas de feu sous le véhicule, il avait l’impression de voyager dans une poêle à frire. Surtout vers la fin du voyage où le terrain parut plus accidenté. Enfin la camionnette stoppa mais s’il espérait voir où il se trouvait, on le détrompa rapidement en lui plaçant un bandeau sur les yeux après quoi, enfin, les vantaux s’ouvrirent. On le descendit mais il ne toucha pas le sol. Quelqu’un de particulièrement costaud le chargea sur son épaule comme un simple sac de farine et l’on se mit en marche. À la place de la senteur de la mer, des pins et du soleil, Aldo perçut une odeur de terre et d’humidité voire de moisi.
    Son voyage à dos d’homme dura un petit moment. On grimpa une pente difficile puis il y eut un bruit de clefs, des grincements de ferraille enfin on le largua sur ce qui lui parut être une paillasse où, à sa surprise, on le débarrassa de son bandeau, de son bâillon, de ses menottes et de la corde qui lui liait les jambes. Il vit alors qu’il se trouvait dans une cave vaste et fermée par une grille aux barreaux épais. Posée à même le sol avec un paquet de chandelles une lanterne éclairait l’endroit. Trois hommes le regardaient. Trois hommes dont aucun n’avait ouvert la bouche durant son transport et qui continuaient à garder le silence. Persuadé qu’il n’en obtiendrait aucune réponse, il n’essaya même pas de leur parler. D’ailleurs, l’un après l’autre ils s’en allèrent et le dernier referma derrière lui la lourde grille.
    Ses ravisseurs ayant eu la bonté de lui laisser son fanal, il put voir qu’en fait, il devait s’agir d’une vieille prison où l’on enfermait jadis les esclaves. Les barreaux solides mais vieux et rouillés dataient peut-être du XVII e ou XVIII e siècle. Il n’y avait pas d’ouverture mais l’aération était assurée par la galerie d’accès. Outre la paillasse sur laquelle il était assis et la lanterne, il y avait un broc d’eau sur lequel était posé un gros morceau de pain, un seau d’aisances et une couverture. En résumé pas de quoi effrayer Morosini qui avait connu bien pire aux mains du marquis d’Agalar (23) . Au moins ici, il y voyait clair et il n’était pas enchaîné au fond d’un trou. L’endroit était à peu près propre, la toile du matelas neuve, le pain encore frais et l’eau ne sentait pas la pourriture. Ce qui ne voulait pas dire que sa situation était réjouissante mais il se refusait à la croire désespérée. En ne le voyant pas revenir Adalbert et Pauline s’inquiéteraient, le rechercheraient. Ni l’un ni l’autre ne manquait d’audace et Aldo pouvait être certain qu’ils remueraient

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