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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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voir Hilary ! J’avoue que ça m’amusera.
    — Désolé j’y vais seul. Brownie a insisté sur ce point. Elle ne veut voir que moi et je t’en demande pardon au cas où cela déplairait à tes souvenirs. Peut-être craint-elle de retomber sous ton charme fatal ?
    — Ou elle a peur de constater que je l’ai oubliée ! Les femmes n’aiment pas…
    — Comme l’entretien sera court, elle doit plutôt penser qu’on se fait moins remarquer à deux qu’à trois. Mais au fait, l’as-tu vraiment oubliée ?
    — En vertu du vieil adage qu’un clou chasse l’autre ? C’est oui. Ce mariage désespérait tellement Théobald.
    — Penses-tu qu’un autre l’aurait moins touché ?
    — Il n’a jamais été question de mariage entre Alice et moi, sinon sur le plan mystique. Elle est toujours en puissance de mari… et je l’aurais quittée. Sur le plan sentimental, elle ne sait pas ce qu’elle veut.
    — Elle avait pourtant l’air de tenir à toi ?
    — Oui mais elle tenait encore à Obolensky, son mari russe, quand un nouveau personnage a fait son apparition pendant que nous étions à New York : un écrivain allemand nommé Hofmannsthal…
    — Hugo von Hofmannsthal ? Le poète. Il ne doit plus être très frais…
    — Non, Raimund, son fils ! Qui a l’art de se servir des œuvres paternelles. Les derniers temps Alice en déclamait à longueur de journée. Seulement moi je continuais à lui être utile à cause de l’Égypte.
    Aldo qui s’était assis sur son lit depuis un moment et avait offert à son ami une place auprès de lui, passa autour de ses épaules un bras fraternel :
    — Tâche de l’oublier celle-là aussi et dis-toi que tu n’as pas fini de rencontrer de jolies femmes qui te mèneront par le bout du nez !…
    — Possible !… Mais, à propos de jolies femmes, qu’est-ce qu’il y a au juste entre Pauline et toi ?
    Aldo bénit la semi-obscurité de sa chambre éclairée seulement par une lampe à laquelle tous deux tournaient le dos : il se sentit rougir jusqu’aux oreilles.
    — Que veux-tu qu’il y ait ? Nous sommes amis…
    Confesser à Adalbert, qui avait toujours voué à Lisa une tendre admiration, son gros péché du matin eût été la dernière sottise à faire. Il connaissait sa largeur de vues habituelle mais celle-ci souffrirait peut-être d’une atteinte même légère à l’intégrité d’un couple qu’il considérait comme sacré. Cependant comme Adalbert n’était pas aveugle, il allait falloir jouer au plus serré. En effet, il lâchait avec un petit reniflement assez insolent :
    — Amis ? Elle est folle de toi ! En l’honneur de qui crois-tu qu’elle avait revêtu ce soir cette robe dont je ne doute pas qu’elle soit la dernière création d’un grand couturier mais qui n’en était pas moins un chef-d’œuvre de provocation. Évidemment elle peut se le permettre. Quelle anatomie ! Si l’idée lui prenait de m’offrir quelques consolations, je ne dirais pas non ! Toi en revanche tu n’as pas besoin d’être consolé…
    Et de rire ! Aldo réussit à y faire écho bien que le sien fût un peu plus jaune. Par chance Adalbert ne prolongea pas la séance. Il lui souhaita une bonne nuit et rentra chez lui laissant Morosini à la torture de ses remords… et aux délices du souvenir.
     
    Le lendemain à trois heures moins cinq il était au rendez-vous. Il s’y était rendu à pied. Le temps était ensoleillé mais moins chaud que les deux derniers jours. Idéal pour une promenade et cela avait l’avantage de lui permettre de réfléchir beaucoup mieux que sur un vélo où il faut surveiller son équilibre.
    Il avait déjà visité la Touro, synagogue la plus ancienne et sans doute la plus belle d’Amérique et s’il n’avait pas beaucoup aimé l’intérieur surchargé d’ornements, l’élégance sobre de l’extérieur en pur style géorgien l’avait séduit. À la manière d’un innocent touriste, il se mit à examiner le fronton et la façade, guettant du coin de l’œil ce qui pouvait venir de la Newport Historical Society, prêt à répondre au premier signe qu’on lui adresserait. Ainsi occupé il ne vit pas venir la voiture à laquelle d’ailleurs il n’aurait pas pris garde : c’était une camionnette verte comme il y en avait beaucoup.
    Elle s’arrêta devant la synagogue sans couper son moteur, les portières arrière s’ouvrirent ; deux hommes en jaillirent qui s’emparèrent d’Aldo avec

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