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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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de flotter sur une glace colorée.
    — Cette chambre à elle seule est déjà un cauchemar ! apprécia le prince-antiquaire. Qui peut avoir envie de dormir là-dedans ?
    — Vous faites pas de bile, vous y dormirez à merveille, fit Crespo.
    — Oh merci ! Me voilà rassuré…
    L’une des deux fenêtres était ouverte ce qui permit au prisonnier d’apercevoir la baie et la proue du Médicis à l’ancre. Devant l’autre les rideaux étaient fermés. Crespo les écarta. Il y avait là une chaise de fer dont les pieds étaient vissés dans le sol. Débarrassé de ses menottes, Aldo y fut soigneusement attaché par des cordes, les mains liées derrière le dossier. On lui lia aussi les chevilles et pour finir, on le bâillonna :
    — C’est pour éviter vos cris de joie, expliqua Crespo avec son mauvais sourire. Vous allez avoir la chance d’assister à la nuit de noce du patron, grand veinard ! L’attente sera peut-être un peu longue mais vous en serez tellement récompensé !
    Après quoi, il tira devant lui les pans de brocart dont les extrémités s’étalaient mollement sur le sol de façon à ce qu’il ne manquât rien de ce qu’il se passerait dans la chambre tout en restant lui-même invisible. Ensuite Aldo se retrouva seul avec ses réflexions…
    Qui n’avaient rien de réjouissant ! L’après-midi n’en étant qu’à son début, l’attente, comme disait Crespo, promettait d’être interminable surtout dans une telle position. Une chance encore – si l’on pouvait l’appeler ainsi ! – était qu’il ne fasse pas trop chaud ce qui eût rendu plus cruelle la soif qui ne manquerait pas de venir avant que la délirante bâtisse ne s’en aille en poussière. Le bâillon qui lui sciait les coins de la bouche ne ferait même que l’accélérer. Cependant Aldo refusa de s’étendre plus avant sur une perspective si désolante. Il serait temps de se laisser aller au désespoir quand plus aucune chance ne serait en vue.
    Celles qui lui restaient étaient minces, aléatoires mais il s’y cramponnait de toutes ses forces. Il y avait Adalbert – et Pauline ! – à qui son absence devait sans doute poser quelques points d’interrogation. Ensuite venait Nelly Parker qui semblait posséder le talent de se faufiler partout comme une souris. Elle voulait sauver Betty Bascombe mais, si elle y parvenait, peut-être réussiraient-elles à elles deux à mettre en échec les plans monstrueux de Ricci. Malheureusement aucun d’eux ne savait que le temps de survie d’Aldo lui était compté si chichement. Enfin, peut-être pouvait-on attendre quelque chose d’Hilary elle-même ?
    Après le mauvais tour qu’elle lui avait joué et ce qu’il en savait, elle ne lèverait certainement pas le petit doigt pour le tirer d’affaire mais elle lui avait laissé entendre qu’elle comptait donner du fil à retordre à son futur époux, qu’elle ne se laisserait pas mener comme un mouton à l’abattoir et qu’elle prenait des précautions dans ce but. Quant à Ricci, même s’il ne gardait guère d’illusions sur elle, il ne mesurait certainement pas à sa juste valeur la froide détermination de cette fille. Leur affrontement quand tous deux se retrouveraient face à face dans cette chambre vaudrait sans doute d’être observé. Restait à savoir, quand cette opportunité se présenterait, s’il serait possible d’en tirer parti ?…
    En attendant, il entreprit de tester la résistance de ses liens en essayant d’abord de faire jouer ses poignets, remerciant Dieu que l’on eût renoncé aux menottes à cause de la largeur du dossier de sa chaise mais c’était une maigre consolation : le chanvre était épais et les nœuds solidement faits.
    Pourtant il ne se décourageait pas, s’accordant un moment de repos entre chaque effort pour éviter de s’épuiser. Il restait alors rigoureusement immobile en contrôlant sa respiration. Par la fente du rideau il contemplait l’énorme lit qui ressemblait à un trône ou à un autel artificiel. Un détail retint son attention : alors que la maison en débordait, il n’y avait pas la moindre fleur dans la chambre nuptiale. En outre la couverture du lit n’était pas faite et il n’y avait pas d’oreiller.
    Aldo examina ensuite le décrochement de l’alcôve où sur chaque pan de mur, la fissure rectiligne d’une porte se dessinait au milieu des reliefs dorés. L’une pouvait être un placard celui justement des oreillers et des

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