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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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couvertures mais l’autre ouvrait peut-être le chemin par lequel les victimes étaient menées au Minotaure. Aucune autre issue n’était en vue…
    Tout en réfléchissant Aldo essayait de bouger dans ses liens, gonflant ses muscles et les détendant dans l’espoir de donner aux cordes un peu de jeu. Il l’avait fait pendant que Crespo le liait mais le truand serrait fort et sa victime n’avait obtenu en revenant au volume normal qu’un léger soulagement rendant les cordes à peu près supportables mais de là à les relâcher il y avait un monde…
    Pendant ce temps le Palazzo s’emplissait de bruits et de rumeurs. Les serviteurs auxquels on avait sans doute ajouté les traditionnels extra comme cela se faisait partout – et peut-être ici plus qu’ailleurs, les hommes de Ricci n’étant pas tous aptes à endosser la veste blanche pour passer des plateaux avec habileté ou se pencher avec sollicitude sur des dîneurs attablés ! – étaient sur le pied de guerre. À cette heure le mariage devait être célébré aux « Oaks » et les voitures n’allaient pas tarder à arriver. Le bruit du moteur de la première fut le signal pour l’orchestre qui entama une valse lente. En même temps et bien qu’il fît encore jour, le palais s’illumina. La fête mortelle était commencée…

CHAPITRE XIV
NUIT DE NOCES
    Peu à peu une relative obscurité envahit la chambre. La nuit était tombée mais la fenêtre ouverte laissait pénétrer le reflet des cordons lumineux disposés sur la façade. Avec eux arrivaient le bruit des conversations sur fond de musique douce, les tintements du cristal et de l’argenterie mais fort peu de rires. Autant dire, rien. Ces gens étaient là dans l’attente de quelque chose et ce quelque chose ne prêtait guère à la plaisanterie. En fait de souper de noces, ce repas devait ressembler à ces dîners funéraires qu’affectionnaient les Romains. Les fumets qu’il exhalait n’en étaient pas moins délectables, et Aldo, toujours rivé à sa chaise, subissait un supplice renouvelé de Tantale. Surtout, comme il l’avait prévu, la soif commençait à se faire sentir.
    En dépit de ses efforts, il n’avait que très peu réussi à détendre ses liens et ses mains le brûlaient. Pour se distraire il tentait d’imaginer où pouvaient bien être Adalbert, Pauline et aussi Nelly tandis que s’égrenaient les heures le rapprochant implacablement du dénouement ? Les deux premiers étaient-ils au nombre des convives ? Avaient-ils seulement été invités ?
    Un intermède lui fit passer quelques minutes : Crespo entra muni d’un bougeoir à l’aide duquel il alluma les flambeaux dispersés un peu partout dans la chambre dont les ors se mirent à briller d’un vif éclat. Deux d’entre eux encadraient le lit toujours aussi inhospitalier et qui du coup prit un curieux aspect de catafalque. Quand ce fut fini, le malandrin vint donner un coup d’œil au prisonnier. Devinant qu’il venait s’assurer de l’état de ses liens, Aldo regonfla aussitôt ses muscles et Crespo ne jugea pas utile de resserrer quoi que ce soit. Avant de partir il lâcha même :
    — Vous impatientez pas, la fin approche ! Les invités n’ont pas l’air de s’amuser et on ne va pas tarder à tirer le feu d’artifice. Quand ils seront partis le spectacle sera pour vous tout seul !
    Les premières fusées furent tirées peu de temps après son passage. Aldo pouvait en apercevoir le reflet dans un miroir. Elles se succédaient à un rythme rapide et leurs détonations répétées ne permettaient guère à Morosini de saisir la moindre bribe des conversations qui à présent se déroulaient sur la terrasse, sous les fenêtres. Parfois des applaudissements se faisaient entendre mais ils étaient simplement polis, non enthousiastes. Il y en eut davantage quand le spectacle se termina mais à peine plus et ils s’éteignirent vite comme les bruits de voix donnant l’impression que tous ces gens avaient hâte à présent de rentrer chez eux. Le ronflement des moteurs arriva presque aussitôt, ce qui fit penser à Aldo que cela ressemblait plus à un sauve-qui-peut qu’à un départ normal.
    En fait, déçu, même irrité par le manque d’enthousiasme de ses invités, Ricci leur avait pratiquement demandé de quitter les lieux en déclarant que devant partir de bonne heure le lendemain matin pour leur voyage de noces aux Caraïbes avec le Médicis , sa jeune femme et lui-même souhaitaient

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