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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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petit comptoir de banque mais doués d’un sens artistique quasi visionnaire, ils avaient empli Florence et l’Europe de leurs fastes, de leurs œuvres d’art et de leur politique souvent tortueuse au point de donner à l’Église deux papes, à la France deux reines ! Pas mal de soufre dans tout cela et dans cet ordre d’idées celle que l’on avait surnommée la Sorcière tenait une place non négligeable… Et Aldo savait déjà qu’il allait être incapable d’opposer la moindre résistance à l’appel que la belle dame lui adressait du fond des âges.
    Il savait aussi que l’aventure aurait moins de sel sans son ami Adalbert Vidal-Pellicorne, celui que Lisa appelait le « plus que frère »…
    En débarquant à Paris appelé par le commissaire Langlois, Morosini n’avait rien eu de plus pressé, les bagages et Lisa déposés chez Tante Amélie, que de faire un saut de l’autre côté du parc Monceau, rue Jouffroy où logeait l’archéologue. Dont il était sans nouvelles depuis plusieurs mois mais cela ne tirait pas à conséquences : bien que doté d’une assez jolie plume, Adalbert détestait écrire une lettre et abhorrait les cartes postales. Seuls les télégrammes en cas d’urgence obtenaient son approbation. En d’autres termes on ne savait jamais où il était lorsqu’il s’absentait. Seul Théobald, son irremplaçable valet de chambre-cuisinier-assistant et vaguement secrétaire, était au courant. Et encore pas toujours : il arrivait qu’Adalbert parte pour l’Égypte ou n’importe quel autre point du Moyen-Orient et de là s’en aille gambader sur une impulsion, à quelques centaines voire quelques milliers de kilomètres sans avertir personne. Il est vrai qu’à ses travaux d’égyptologue notre homme ajoutait de menus services discrètement rendus à la France et qui n’avaient rien à voir avec les hiéroglyphes sinon l’obscurité totale pour le commun des mortels. Aussi Morosini n’avait-il été que modérément surpris quand, derrière la porte vernie de l’élégant appartement il n’avait trouvé que la silhouette en gilet rayé, impeccable et déférente, de Théobald. Eh non ! Monsieur Adalbert n’était pas là ! Parti pour la Vallée des Rois depuis deux mois il y était peut-être encore mais le fidèle serviteur ne pouvait en donner l’assurance à Monsieur le Prince. Seulement ce qui n’était alors qu’une déception mineure à la limite du contretemps se changeait à présent en un profond regret… C’était un peu comme de s’en aller au combat en laissant derrière soi sa cuirasse ou sa meilleure arme ! Et ce serait beaucoup moins amusant !

CHAPITRE III
LES BRUMES DE LA TAMISE
    — Au risque de passer pour une insupportable béotienne, j’aimerais que quelqu’un m’explique qui était au juste cette Bianca Capello ! déclara la marquise en reposant sa flûte de champagne vide. Voilà deux jours qu’elle va et vient dans ma maison sans que personne songe seulement à me la présenter ! ajouta-t-elle d’un ton plaintif.
    — Nous ne la connaissons pas ? s’indigna Marie-Angéline scandalisée.
    — Pourquoi ? Je devrais ?… Imaginez-vous, Plan-Crépin, que je tienne registre de toutes les gourgandines de France, de Navarre et même d’ailleurs sous prétexte que je dois cette maison à l’une d’entre elles ? Je n’ai pas votre culture encyclopédique, moi ! Je ne suis pas un Pic de la Mirandole en jupons, moi ! lança Madame de Sommières se montant peu à peu.
    — Comment peut-on évoquer Pic de la Mirandole et ignorer Bianca Capello ? soupira la vieille fille les yeux au ciel.
    — Ils n’étaient pas mariés que je sache ? Et si j’en juge par les bribes collectées ici et là ils ne vivaient pas à la même époque ! C’est vaste la Renaissance alors ne dites pas n’importe quoi !… Et donnez-moi encore un peu de champagne !
    Le regard nostalgique dont la vieille dame couvait son verre vide n’avait pas échappé à Aldo déjà occupé à le remplir. Il était cinq heures du soir et Tante Amélie qui détestait le thé – cette tisane ! – célébrait toujours le five o’ clock britannique en sacrifiant aux mânes de Dom Pérignon. Aussi achevait-elle à peine sa phrase qu’il lui offrit le joli cornet de cristal empli de fines bulles sur fond de citrine pâle. Ce qui lui valut un grand sourire :
    — Merci, mon garçon ! Tu te dévoues pour m’éclairer ?
    — Il vaudrait mieux que ce

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