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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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Célèbres de préférence ! Il me paraît que l’ensemble est harmonieux, vous ne croyez pas ?
    — Je crois surtout que votre belle compagne est restée seule assez longtemps ?
    — Elle a l’habitude…
    — Pas moi. Je déteste faire attendre une femme.
    En même temps il consultait sa montre et se levait pour faire le tour de la table et aider Boldini à en faire autant :
    — Désolé, ajouta-t-il, mais nous avons un rendez-vous dont l’heure approche. Pardonnez-moi, Maître, de vous brusquer un peu…
    — Pas du tout, pas du tout ! fit le peintre en allumant un grand sourire où entrait du soulagement. Sans vous j’aurais pu oublier.
    — Je n’aime pas que l’on m’éconduise, grinça Ricci, ce qui lui valut un demi-sourire insolent d’Aldo.
    — Dans ce cas il faut apprendre à vous retirer avec élégance, décocha-t-il narquois.
    — Je n’aime pas davantage les leçons !
    — Alors faites en sorte de ne pas les mériter ! À ne pas vous revoir, Monsieur !
    — Ça c’est une autre affaire !
    Quittant enfin la table, l’intrus rejoignit la sienne, où n’osant commencer sans lui, la jeune femme se morfondait devant une moitié de langouste qui, heureusement, ne risquait pas de refroidir.
    — J’espère, fit Boldini, que la pauvre créature ne va pas faire les frais de notre double refus ?
    Mais Ricci se contenta de reprendre sa place sans lui adresser même un regard et se mit à dévorer sa part en affamé.
    Pendant ce temps, Aldo avait attiré le maître d’hôtel à part :
    — Ce Ricci, vous le connaissez ?
    — Oui et non, Excellence ! C’est un client de l’hôtel.
    — Ce qui veut dire qu’avec votre proverbiale discrétion vous ne m’en parlerez pas, soupira Morosini.
    — On ne se refait pas. Cependant je peux avancer que nous sommes nombreux ici à regretter que ce monsieur s’obstine à descendre chez nous. Nous avons une certaine quantité de clients américains auxquels nous tenons parce qu’ils sont des gens charmants, qu’il y a plaisir à les côtoyer mais celui-là !…
    — Pourquoi votre service de réservation l’accepte-t-il ? Il est facile, il me semble, de se déclarer complet !
    Le soupir de Dabescat aurait pu faire envoler la colonne Vendôme :
    — Nous l’avons fait cent fois !
    —   Et alors ?
    — Alors, nous avons eu sur le dos l’ambassadeur des États-Unis, le Quai d’Orsay et parfois même l’Élysée. Ce serait une sorte de mécène qui en fait une « persona on ne peut plus grata » !
    Cette fois Morosini se mit à rire :
    — J’ai toujours dit que les républiques manquaient de discernement dans leurs relations ! Au fait, quand il n’est pas à Paris, où habite-t-il ?
    — La 5e Avenue à New York mais surtout Newport où il aurait construit une copie du palais Pitti à Florence.
    — Jardins Boboli compris ? émit Aldo effaré.
    — Je ne sais pas. Mais il en est bien capable.
    Après avoir confié son grand peintre à un taxi et lui avoir promis de revenir le voir avec Lisa avant de quitter Paris, Morosini choisit de rentrer à pied rue Alfred-de-Vigny. Le temps était délicieux et le petit marché aux fleurs, place de la Madeleine, embaumait si fort le lilas que le passage d’un autobus ne réussit pas à imposer son odeur désagréable. Il s’y attarda un moment puis remonta tranquillement le boulevard Malesherbes en réfléchissant à ce que Boldini lui avait appris. L’histoire était trop excitante pour qu’il n’ait pas envie d’en rechercher les tenants et les aboutissants mais il se demandait comment sa femme allait prendre la chose. Après la traque de la « Régente » et l’inoubliable voyage aux Indes, il lui avait juré de ne plus se séparer d’elle sauf lorsqu’elle allait à Zurich, chez son père ou à Vienne chez sa grand-mère ou quand lui-même se rendait à une vente quelconque sur le territoire italien. À présent il regrettait un peu cette promesse née spontanément d’une émotion violente mais que sa profession pouvait rendre difficile à tenir. Surtout envers une femme enceinte qui, par définition, devrait se ménager ! Or, depuis sa visite à Boldini et ce passionnant déjeuner, il sentait poindre en lui cette excitation, cette fièvre qui l’envahissait chaque fois que s’ouvrait devant lui la piste, chaude ou non, d’un bijou fascinant. Et Dieu sait si ceux-là l’étaient ! Comme tout ce qui touchait aux Médicis. Mécènes issus d’un

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