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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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yeux :
    — Comment vous remercier ? murmura-t-elle avec dans la voix une légère réticence qu’Aldo saisit au vol. Il se mit à rire :
    — Je sais ! Vous êtes payée pour vous méfier de ces gens qui tiennent absolument à vous composer une famille. Après le père, le frère ? Mais rassurez-vous, je suis marié, j’aime ma femme et les enfants qu’elle m’a donnés. Finissez votre dessert, buvons notre café et allons-y !
    Une demi-heure plus tard Jacqueline était nantie d’une chambre un peu éloignée de celle d’Aldo et, entièrement en confiance à présent, acceptait les quelques billets de banque qu’il lui offrait pour ses emplettes urgentes. Elle eut alors un joli geste de reconnaissance en lui plaquant sur une joue un baiser sonore – pas très distingué sans doute mais tellement spontané ! – avant de s’envoler vers les trottoirs animés de Piccadilly. Livré à lui-même Aldo s’interrogea sur ce qu’il convenait de faire, il décida finalement de prendre un taxi pour aller chez Adalbert et sortit en demander un au voiturier au moment précis où éclatait dehors un vacarme de crissements de freins, de cris, d’exclamations en même temps qu’un rassemblement se faisait au milieu de la grande artère.
    — Que se passe-t-il ? demanda-t-il au préposé en tenue galonnée qui revenait après être allé voir : un accident ?
    — Moi je dirais plutôt que c’est un meurtre, sir ! Une jeune dame vient d’être renversée par une voiture qui au lieu de s’arrêter a pris la fuite. Une honte !
    Un frisson glacé parcourut l’échine de Morosini, une sorte de pressentiment :
    — Une jeune femme, dites-vous ?
    — Oui et je l’ai vue il n’y a pas cinq minutes sortir d’ici. Si Monsieur désire un taxi…
    — Pas maintenant, merci ! Je vais voir…
    Il eut quelque peine à se frayer un chemin dans la foule mais un seul regard lui suffit pour voir le corps étendu sur lequel se penchaient un homme et un policeman en tenue : c’était Jacqueline qui gisait là le visage souillé de sang sous sa petite toque de ruban. Jacqueline qui plus jamais n’irait rejoindre David Fenner qu’elle s’était prise à aimer…
    Le médecin relevait la tête. Quelqu’un demanda :
    — Elle est morte ?
    Il fit signe que oui et Aldo recula d’un pas. Son premier mouvement avait été de s’avancer et de déclarer qu’il la connaissait mais il pensa aussitôt qu’il faudrait donner trop d’explications à des fonctionnaires qui n’y comprendraient certainement pas grand-chose et choisit une autre solution : il s’avança vers Piccadilly Circus, prit au vol un taxi qui passait et se fit conduire à Scotland Yard afin d’envahir une fois de plus le bureau de Warren, mais cette fois il se fit précéder du planton. Ce qui n’arrangea pas pour autant l’humeur du « Ptérodactyle » :
    — Encore vous ? grogna-t-il. Vous allez bientôt camper ici !
    — Ricci vient de tuer une jeune femme sous mes yeux. Ça vous intéresse ou pas ? fit Aldo froidement.
    — Comment ?… Et d’abord asseyez-vous ! On dirait que vous êtes remué. Je vous trouve mauvaise mine.
    — Il y a de quoi !
    Warren alla vers l’un de ses cartonniers, en tira une bouteille de whisky et deux verres, versa dans chacun une généreuse ration et en tendit un à son visiteur :
    — Buvez ! C’est une bonne panacée, ensuite vous raconterez !
    Encore bourru le ton s’était adouci. Aldo prit ce qu’on lui offrait et l’avala d’un trait.
    — C’est du pure malt  ! s’indigna l’Écossais.
    — Il est honorable, admit le coupable. Donnez-m’en encore un peu et je promets de le boire avec respect !
    Resservi il cala son verre dans la paume de sa main et entreprit de raconter son aventure. N’étant pas l’homme des longues digressions, ce fut vite et bien fait. Attentif Warren prit quelques notes puis décrochant son téléphone, demanda qu’on lui appelle le poste de Piccadilly avec lequel il eut un duo où sa partition se réduisit à quelques onomatopées après quoi il appela la police de Thames Valley pour demander que l’on envoie du monde à Levington Manor. Puis décida :
    — Vous allez venir avec moi reconnaître le corps ! C’est une corvée mais en attendant que l’on atteigne Ricci, vous êtes le seul qui connaisse un peu cette pauvre fille !
    Il fallut en passer par là. Pourtant ce fut un moins mauvais moment qu’Aldo l’eût imaginé.

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