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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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côté.
     
    Dans les trois jours qui suivirent, Aldo eut l’impression, non seulement de vivre dans un monde à part ce qui était assez normal, mais dans un monde tournant à l’envers. Alors qu’il s’agitait dans le même espace clos que ses meilleurs amis, il côtoyait surtout des gens qui lui étaient inconnus comme les Ivanov, Van Laere et sa fiancée, l’acteur français dont il appréciait l’humour et l’élégance naturelle. C’était particulièrement sensible avec Adalbert qui l’ignorait de façon quasi systématique. Auprès de Gilles Vauxbrun, Aldo retrouvait encore l’ancienne cordialité mais seulement quand ils étaient seuls. Dès que la baronne Pauline s’inscrivait dans le paysage, l’antiquaire se ruait sur elle comme si Aldo eût été une bombe à retardement capable de la faire exploser. Ce qui au fond amusait la jeune femme qui ne protestait pas, se contentant d’un clin d’œil complice au passage. Ni elle ni Aldo n’avaient envie de faire de la peine au brave Gilles saisi visiblement d’une de ces passions dévorantes dont il était coutumier. En temps normal Aldo considérait ces flambées de façon débonnaire mais, cette fois, cela finit par l’agacer. La veille de l’arrivée à New York, il accéléra sa toilette en vue du dîner et alla frapper à la porte de son ami chez lequel ces préparatifs prenaient un temps fou. Il entra sans attendre la réponse.
    L’antiquaire était occupé à nouer avec précaution la cravate neigeuse qui était comme le point d’orgue de l’habit de soirée. Il sursauta, rata sa coque, ce qui l’exaspéra :
    — Tu pourrais frapper ! Qu’est-ce que tu veux ?
    — Un j’ai frappé. Deux j’ai une question à te poser.
    — Laquelle ?
    — Est-ce que tu te souviens de ma femme ?
    — Ben… oui ! émit Vauxbrun désarçonné.
    — Tu n’as pas oublié, j’espère, son visage, sa silhouette, son charme ?
    — Ben… non !
    — On ne le dirait pas. Penses-tu sincèrement que lorsqu’on a épousé quelqu’un comme elle, on puisse se lancer à l’assaut de la première belle créature qui se présente ? Je commence à en avoir assez de vous voir, toi et Vidal-Pellicorne me traiter en lépreux. Vous devriez chanter Othello en duo !
    Vauxbrun ôta la cravate froissée, s’assit et alluma une cigarette d’une main qui tremblait un peu :
    — Tu as raison, c’est idiot. Je veux que tu saches cependant que ce n’est pas toi que je crains : c’est elle ! Je sais bien que tu aimes Lisa et que jamais tu ne ferais la cour à l’amie d’un ami. Seulement cette amie a des yeux et je ne peux pas l’empêcher de faire des comparaisons qui ne seront jamais à mon avantage. Quand tu es là j’ai l’impression d’être Quasimodo…
    — …et moi cet imbécile de Phœbus ? Merci beaucoup !… Mais dis-moi c’est nouveau chez toi ? Tu m’as souvent présenté tes conquêtes sans faire un complexe, parfaitement ridicule d’ailleurs ?
    — J’en conviens et tu as certainement raison mais vois-tu, cette fois, c’est sérieux ! Je crois vraiment que je l’aime, murmura-t-il.
    — À merveille ! Épouse-la et je serai ton témoin. C’est une femme formidable ! Est-ce qu’elle t’a dit qu’elle m’a sauvé la vie ?
    Et Aldo raconta ce qui s’était passé sur la plage arrière au second jour de navigation :
    — Elle manie l’épée comme feu d’Artagnan, conclut-il. Une véritable amazone et comme c’est aussi une artiste vous irez fort bien ensemble !
    Tout en parlant, Aldo allait fouiller dans les petits tiroirs d’une malle cabine, en tira une cravate fraîche et s’approcha de son ami :
    — Laisse-moi faire ! Tes mains tremblent…
    — Est-ce que tu te rends compte de ce que tu viens de dire ? Quelqu’un a essayé de te tuer et tu n’as pas averti le Commandant ?
    — Ça n’aurait servi à rien. L’homme s’est fondu dans la masse et l’attaque ne s’est pas renouvelée. Tiens-toi droit et relève le menton !
    Sous les doigts agiles d’Aldo le papillon neigeux s’épanouit à la perfection mais Vauxbrun ne retrouva pas pour autant le sourire.
    — Qui peut vouloir ta mort sur ce bateau ?
    — Je ne le sais toujours pas. Comme tu le penses, j’ai veillé, pris des précautions mais je n’ai plus rien remarqué de suspect et j’en suis venu à me demander si l’attaque ne m’était pas adressée par erreur ?
    — Une erreur sur la personne ? Difficile à

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