Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
dangereux ? Il y a des moments où je crains que mes compatriotes soient plus ou moins pris de folie.
    — Pourquoi donc ? s’écria Ivanov. N’est-il pas naturel que chaque homme cherche à se procurer toujours plus de confort, toujours plus de richesse ? Et puisque le Marché est porteur il est normal que tous veuillent en profiter. Quand nous serons tous fabuleusement riches nous régnerons sur le monde !
    — Je me demande parfois, intervint doucement le Commandant, si ce n’est pas dû à ce que les Américains s’ennuient…
    — Que voulez-vous dire ?
    — Oh c’est simple : la prohibition les empêche de boire, les paris sur les jeux de hasard sont interdits par la loi, alors ils spéculent. Une façon comme une autre de se procurer des émotions…
    Pauline opina soutenue par l’acteur de cinéma mais, comme Ivanov après une protestation indignée se lançait dans ce qui menaçait d’être une philippique contre un officier d’une compagnie n’ayant qu’à se louer des flots d’argent américain, celui-ci coupa court en demandant à Adolphe Menjou des nouvelles de Hollywood et de ses prochains films, ce qui permit à Célimène, après que l’acteur eut répondu avec sa bonne grâce habituelle, de reprendre la conversation en main et de ne plus la lâcher en la faisant rouler, non sans une certaine habileté, sur l’Art en général et le Théâtre en particulier. On put y participer, après quoi des entretiens privés s’établirent entre voisins. Sorel bavardait avec le comédien, le comte de Ségur – un gentilhomme massif et assez taciturne – avec l’aviateur et Caroline Ivanov, Pauline avec Aldo qui, du coin de l’œil observait Adalbert. Lui ne parlait à personne, se contentant, en buvant peut-être un peu plus que de raison, de contempler Alice que le Commandant Blancart interrogeait sur l’Égypte. Et cela, Aldo n’aimait pas, même sachant d’expérience que l’archéologue tenait bien l’alcool. Mais s’il avait pu enregistrer quelques « cuites » mémorables auxquelles il lui était arrivé de prendre part, cela se passait toujours dans la bonne humeur qui était d’ailleurs le climat normal d’Adalbert. Cette fois une morne tristesse émanait de cet homme en train de vider verre après verre en regardant sa princesse égyptienne rire avec le Commandant. Fallait-il qu’il fût atteint pour avoir ce regard affamé, douloureux ? Et jusqu’à quel point ? Quel droit la fille de l’insensible Ava lui avait-elle donné – ou fait semblant de donner ! – sur sa personne et sur son cœur ? Était-elle sa maîtresse ? S’était-elle promise afin de s’approprier au moins une partie de sa profonde science archéologique ? Et que faire dans ce cas puisque Adalbert n’accordait plus à Aldo les privilèges de l’amitié donc le droit de l’aider ?
    Quand on se leva de table, pas une fois il n’avait croisé son regard. Vidal-Pellicorne se détourna même quand il se mit debout pour marcher d’un pas encore ferme – peut-être un peu raide et automatique ! – vers la jeune femme à qui Ivanov offrait déjà son bras pour la conduire au salon de conversation où il y aurait concert, après quoi on allait danser. Aldo le vit s’interposer d’une façon trop autoritaire pour être polie puis entraîner Alice qui se laissa emmener sans protester et avec un sourire qui détendit le visage crispé de son pauvre amoureux.
    Étouffant un soupir, Aldo s’apprêta à le suivre quand la main de Pauline se posa sur son bras :
    — Si nous allions entendre Ravel ensemble ? proposa-t-elle. Il me semble que ce serait plus amusant ? Ou bien aurais-je démérité moi aussi ?
    — Pardonnez-moi ! Si vous pouvez vous contenter d’un compagnon aussi peu récréatif que moi ?
    — Vous ? Mais à côté de votre ami vous pétillez de franche gaieté, mon cher prince ! Il est sinistre ce soir et si je devais plaindre quelqu’un ce serait cette garce d’Alice. Écouter la « Pavane pour une infante défunte » en compagnie de ce joyeux drille devrait la mener tout droit chez les Carmélites !
    — Ne soyez pas cruelle, baronne ! Cela ne ressemble pas à une femme qui possède ce beau regard droit et cette bouche généreuse ! Vous feriez mieux de m’aider à trouver un moyen d’opérer un sauvetage qu’à chaque instant je devine de plus en plus nécessaire. Adalbert jouant les amoureux transis, voire les Othello ce serait à pleurer de rire si

Weitere Kostenlose Bücher