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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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voisines se dressaient des demeures majestueuses dont les salons conservaient les richesses de la fin du siècle précédent. Là avaient vécu, il s’en souvenait, quelques-unes des douairières les plus redoutables mais le Square était à présent le centre intellectuel et artistique de Greenwich Village. C’était là qu’habitait Pauline von Etzenberg. De ses fenêtres on devait contempler juste en face l’arc de triomphe élevé à la gloire de George Washington et Aldo comprit pourquoi, prohibition ou non, celle qui signait ses œuvres Pauline Belmont avait choisi de revenir vivre dans l’une de ces demeures à échelle plus humaine que les énormes hôtels des magnats de l’industrie…
    La rêverie d’Aldo s’acheva brusquement. Il venait d’apercevoir Vauxbrun, la canne à la main et le chapeau de feutre à bords roulés, incliné sur le côté qui arpentait le trottoir devant la résidence de Pauline. Ce n’était pas le moment de se faire voir. Facilement tourné vers le soupçon, ces temps-ci, ce diable d’homme aurait sans doute peine à croire au but purement touristique de son ami. Pensant d’ailleurs que cela suffisait pour ce jour-là Aldo héla un taxi et ordonna à son chauffeur de le ramener au Plaza.
    Ce dont il se félicita car le portier lui remit un message de Phil Anderson : le Chef de la Police lui faisait savoir qu’il l’attendrait avec plaisir à cinq heures et demie. Aldo jeta un coup d’œil à sa montre : il était cinq heures moins le quart.
    — Le Quartier Général de la Police, c’est loin ?
    — Assez oui mais un taxi vous y conduira à temps. Civil Center dont les New York Police Headquarters font partie se trouve au sud de Greenwich Village…
    Autrement dit, Aldo repartait à peu de choses près d’où il était venu et il eût été plus intelligent de se renseigner avant de s’en aller jouer les badauds ! Il courut à sa chambre prendre la lettre de Warren et quelques instants plus tard, il roulait vers le sud de Manhattan…
    En sortant en trombe de l’hôtel pour s’engouffrer dans son taxi il faillit renverser une jeune fille qu’il ne prit pas le temps de regarder se contentant d’un rapide : « Veuillez m’excuser ! »
    L’eût-il examinée qu’il ne l’eût sans doute pas reconnue. Originale mais pas idiote, Nelly Parker avait remplacé les couleurs éclatantes de son béret écossais par une cloche de feutre marron qui engloutissait entièrement ses cheveux de flamme. Quand Morosini eut disparu, elle revint vers le voiturier :
    — Cet homme a la bougeotte ! Où est-ce qu’il court encore ?
    — Chez les cops !
    — En taxi et à cette allure ? Qu’est-ce qui lui arrive ?
    — Je n’en sais rien. Tout ce que je peux vous dire, miss Parker, c’est qu’il va chez un boss puisqu’il est en route pour Baxter Street.
    — Ah ! Qu’est-ce qu’il peut bien aller y faire ?
    Le voiturier haussa des épaules fatalistes tandis que la réflexion fronçait le petit nez couvert de taches rousses de la journaliste. Finalement elle soupira :
    — Bouh !… Je l’ai suivi tout l’après-midi, ça ne servirait à rien de recommencer. Si ça tombe à pic il sera déjà reparti quand j’arriverai. Autant l’attendre ici ? Qu’en pensez-vous Willie ?
    — C’est sûr qu’il finira par revenir à un moment ou à un autre mais si vous me permettez, il m’est pénible de vous voir vous fatiguer de la sorte. Il est si intéressant ce type ? Plutôt pas mal de sa personne d’accord mais…
    — Ce n’est pas ce qui compte encore que… Et pour être intéressant vous pouvez être certain qu’il l’est ! Il ne se déplace jamais sans faire des vagues et avec lui, je suis sûre d’avoir une mine de papiers sensationnels !
    — Comment se fait-il alors qu’il n’y ait ici aucun de vos confrères ?
    — Parce qu’en dehors du cinéma, du base-ball et de la politique ils ne connaissent rien à rien. Bon ! Qu’est-ce que je fais ?
    — Entrez donc vous asseoir dans le hall ! Vous serez aux premières loges pour le voir rentrer…
    — Au fond pourquoi pas ? Je vais aller m’offrir une tasse de café !… Et merci de m’aider, Willie !
    — C’est naturel, Miss Parker ! Ça me rappelle le vieux temps et ça c’est toujours agréable…
    Tout l’appareil administratif de la ville était groupé au nord de Foley Square dans un agglomérat de buildings, bâtis pour la plupart à la fin du XIX e siècle

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