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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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fumée s’exhaler lentement de sa bouche ouverte comme d’un cratère de volcan. On en était là quand Aldo termina sur son départ de Newhaven avec le corps de Jacqueline et un instant, Phil Anderson resta la tête appuyée à son haut dossier de cuir noir, les yeux au plafond. Morosini respecta cette méditation en allumant lui-même une cigarette, ce qui n’arrangea pas l’atmosphère de la pièce mais c’était une assez bonne détente. Enfin le chef de la police new-yorkaise émit, pensant tout haut plus que s’adressant à son visiteur :
    — N’importe comment, cette malheureuse n’aurait pas vécu longtemps si elle avait suivi Ricci dans ce pays. Un mariage avec lui ne porte pas bonheur et à cette heure, il serait sans doute veuf pour la troisième fois…
    — Que voulez-vous dire ?
    Avant de répondre, le policier sonna pour qu’on lui apporte du café après s’être assuré que Morosini en prendrait avec lui. Sur sa lancée il fit quelques pas majestueux en direction d’une fenêtre qu’il ouvrit en large afin d’évacuer la fumée. C’était simple : il venait de finir son cigare. Jusqu’à ce que le plateau soit servi, il resta devant l’ouverture recevant de plein fouet le vacarme de la rue puis il referma, revint à son bureau, remplit les tasses, en offrit une à Morosini en lui laissant le soin de sucrer à son idée, revint s’asseoir, avala son café d’un trait… et alluma un nouveau cigare dont il avait tranché le bout d’un coup de dents. Une longue bouffée voluptueuse et, se carrant à nouveau dans son siège il déclara :
    — À moi maintenant de vous raconter une histoire peu banale. Il y a quatre ans environ, Ricci s’est marié en grande pompe dans son palais de Newport, dans le comté de Rhode Island qui est…
    — Je connais. Ne vous fatiguez pas à me décrire l’endroit, j’y ai séjourné en 1913.
    — Parfait ! Vous savez donc que toute la Society de New York y possède des propriétés somptueuses et y donne des fêtes qui ne le sont pas moins. Les origines de Ricci étant quelque peu douteuses, il a eu de la peine à se faire admettre mais on le sait très riche, très puissant aussi car il semble disposer d’une espèce d’armée occulte, et en outre, il s’est montré d’une telle générosité envers les œuvres charitables des dames les plus en vue qu’elles ont fini par accepter une de ses invitations puis par le recevoir. Son statut auprès d’elles était celui d’un original, l’un de ces américano-étrangers bizarres mais distrayants à force d’être fastueux. Aussi, quand il s’est marié, tout le gratin était-il représenté à la fête. D’autant qu’elle promettait d’être amusante puisque les invités, comme les époux eux-mêmes, devaient porter des costumes du XVI e siècle italien.
    — Tiens donc ! fit Morosini entre ses dents.
    — C’était selon lui une façon élégante de rendre hommage à ses ancêtres florentins en même temps qu’à ceux de sa fiancée qui était de là-bas elle aussi. Celle-ci se nommait Maddalena Brandini. Elle dansait à Broadway dans une revue et c’était une fille magnifique : blonde avec des yeux sombres, une allure de reine et une plastique assortie. Pas très intelligente peut-être mais sa beauté excusait toutes les folies. J’ai eu l’occasion de l’apercevoir peu avant son mariage et… peu après. J’étais alors inspecteur et j’avais été détaché par New York chez le shérif Williams, à Newport pour suivre un escroc dont on n’était pas certain qu’il ne soit pas aussi un assassin. J’y étais donc au moment des épousailles et pour une belle fête ça a été une belle fête ! La mariée était littéralement vêtue d’or roux – la couleur même de ses cheveux ! – avec des joyaux anciens, magnifiques comme on n’en voit guère que dans les musées d’Europe…
    — Une grande croix de diamants, perles et rubis assortie à de longs pendants d’oreilles ? lança Morosini inspiré par une voix intérieure singulièrement impérative.
    Aussi fut-il à peine surpris de constater l’effet de ses paroles sur son interlocuteur.
    — Comment le savez-vous ? lâcha celui-ci stupéfait.
    — Une idée ! Depuis l’Angleterre je suis persuadé que Ricci possède les joyaux que je cherche, que c’est lui qui a fait assassiner Cecilia Solari et peut-être aussi la fiancée de Pavignano. Il faudrait alors qu’ils lui aient échappé pendant

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