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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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s’il n’était pas encore aux prises avec les rêves délirants de la drogue.
    — Quand vous aurez fini, gronda-t-il, il y en aura peut-être un qui consentira à m’enlever ces menottes ? Elles me scient les poignets !
    Lemercier s’en chargea avant de rendre le même service à Caroline qu’un gendarme était en train d’examiner. Il avait pris la main blessée de la jeune fille et désignait le pansement :
    — Vous avez vu ?
    — Pauvre petite fille ! Elle en aura subi plus que son content ! Portez-la dans une voiture et conduisez-la à l’hôpital… J’irai après.
    Cependant, assis sur une pierre, Aldo acceptait avec joie la cigarette que lui offrait Karloff :
    — Si vous me disiez comment vous en êtes arrivé là ? Je vous croyais amnésique ?
    — Je ne l’ai jamais été. Ce n’est pas si facile à simuler, surtout auprès de ceux que l’on aime, mais je dois admettre que mon chirurgien m’a aidé. Quand je me suis réveillé après l’opération, j’ai entendu quelqu’un demander si j’allais garder des séquelles, genre amnésie, et j’ai pensé que ce serait la meilleure façon de protéger les miens. Ces salopards m’ont cru mourant quand ils m’ont jeté dans une rue de Versailles. S’ils apprenaient que je survivais, ils achèveraient leur œuvre et en supprimant aussi les miens pour faire bonne mesure. Ça me faisait drôle de ne pas pouvoir vous reconnaître mais j’y étais obligé parce que je voulais mener ma petite enquête. Quand on m’a enlevé près de la grille du Dragon alors que j’allais suivre le gamin porteur du message, on m’a bandé les yeux et bâillonné mais il y avait une simple déchirure qui m’a permis d’observer certains détails.
    Revenu à la maison, je les ai mis bout à bout mais il y avait des manques. Je me suis confié à ma femme qui a joué le jeu à merveille surtout vis-à-vis de Marfa qui aurait empli le quartier d’actions de grâce tonitruantes. Elle a posté discrètement une lettre pour mon ami Panine qui tient un garage à Courbevoie. Il est venu me voir et lui aussi il a joué le jeu : il venait chercher dans une voiture le pauvre infirme que j’étais pour lui faire prendre l’air. Je dois dire qu’on a mis un certain temps à retrouver la vieille bâtisse à moitié ruinée enfouie au plus épais de la forêt de Marly. Je n’étais pas encore sûr de mon fait quand j’ai appris qu’on vous avait enlevé depuis un moment déjà. Alors j’ai pris mon courage à deux mains : on n’avait plus de temps à perdre. J’ai envoyé un mot, non signé, au commissaire Lemercier en lui donnant rendez-vous dans un coin du parc.
    — Il a dû avoir un choc en vous voyant ?
    — Vous pouvez le dire. Mais il a vite compris et on s’est mis d’accord pour tenter un coup de filet demain soir…
    — Alors, par quel miracle êtes-vous ici cette nuit ?
    — Quand on a vu brûler la maison de Crawford, Lemercier a compris qu’il y avait urgence. Il a rassemblé son monde et nous voilà !
    — L’extraordinaire, c’est que vous ayez réussi à vous entendre avec lui ! Cela tient du prodige !
    — Pas tant que ça ! Il a un foutu caractère mais il est beaucoup plus intelligent qu’on ne le croit. Je me demande même s’il ne le fait pas exprès…
    — En tout cas, soupira Aldo, je n’aurais jamais pensé être aussi heureux de le voir…
     
    Le retour au Trianon Palace fut ce qu’il devait être, une explosion de joie, une sorte de triomphe auquel participèrent les clients de l’hôtel. Cette nuit-là personne ne dormit. La totalité de la bande des « Vengeurs » – sauf ceux qui avaient été abattus pendant la brève et inégale bataille contre les forces de l’ordre – était sous les verrous. Y compris Léonora. Il avait fallu tout de même trois hommes pour la maîtriser quand le commissaire s’empara de sa mallette à bijoux…
    On s’attarda chez M me  de Sommières avec Pauline, Karloff mais aussi Adalbert que l’on avait rencontré sur la route du retour avec le journaliste, vexés tous deux de ne pas avoir participé à l’assaut final ! Caroline, épuisée et très choquée, avait été transportée à l’hôpital. Aldo promit de s’y rendre le lendemain aux fins d’examens. Son expérience forcée de la drogue le laissait légèrement flottant mais se dissiperait sans doute assez rapidement. Michel Berthier, lui, avait tenu à rejoindre l’ambulance qui emportait

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