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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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invitation, commissaire ? Un couvert, Higgins !
    Le visage sombre du policier ne s’éclaira qu’à peine :
    — Je vous remercie, madame, mais je ne fais que passer. Comme je savais que les Versaillais de votre comité étaient réunis chez vous, il m’est apparu normal de vous faire part d’un fait nouveau qui est intervenu il y a une heure…
    — Encore un cadavre ? s’inquiéta le général de Vernois.
    — Non : ceci !
    Et, tirant de sa poche un sachet de papier, il en fit glisser sur la blancheur de la nappe damassée quelque chose dont les bougies du surtout fleuri arrachèrent des éclairs en même temps qu’un « oh » de stupéfaction aux convives : la larme de diamants dérobée à Trianon.
    On se leva pour mieux voir mais déjà Lemercier avait escamoté le corps du délit :
    — Ce n’est pas tout, annonça-t-il. Un message l’accompagnait. Non signé comme il se doit et écrit en majuscules : notre voleur se plaint – il a tous les culots – d’avoir été victime d’une illusion. Le bijou étant faux il nous le rend… en exigeant qu’il soit remplacé par le vrai !
    — C’est insensé ! s’écria Morosini. Où veut-il que nous le prenions puisqu’en l’exposant la propriétaire espérait justement le faire sortir de sa cachette.
    — Oh ! Il a parfaitement compris. D’autant mieux même qu’il déclare posséder l’autre boucle d’oreille. Il est donc persuadé que la demoiselle a toujours la vraie et n’a usé de ce subterfuge que pour compléter la paire. Il lui donne trois jours pour lui faire parvenir ce qu’il veut dans des conditions qu’il lui fera connaître en temps voulu…
    — Je ne vois pas comment elle pourrait faire si elle est toujours en Italie ? émit Vauxbrun.
    La cuirasse de certitudes du commissaire devait en avoir pris un coup car il se passa sur les yeux une main que le regard d’Aldo décréta légèrement tremblante. En même temps il lâchait :
    — C’est bien ça le chiendent ! J’ai envoyé chez elle, rue du Plateau Saint-Antoine et il n’y a aucun signe de vie. La maison est un peu isolée mais une voisine, interrogée, a dit que, à son avis, elle n’était pas près de rentrer…
    — D’où le sort-elle ? ne put s’empêcher de demander doucement Aldo, si doucement que Lemercier ne s’aperçut pas que la question venait de lui. Il haussa les épaules :
    — Son intime conviction. Autrement dit c’est sans intérêt… Mesdames, messieurs, vous en savez autant que moi à présent. À vous de voir ce que vous devez faire mais je ne saurais trop vous conseiller d’en finir avec votre foutue exposition…
    Il allait sortir. Olivier de Malden le rattrapa par sa manche :
    — Un instant s’il vous plaît, monsieur le commissaire ! Que se passera-t-il si, comme tout le laisse supposer, l’assassin n’est pas en possession de la « larme » dans les trois jours ?
    — Je ne sais pas ! Il dit seulement que nous aurons les meilleures raisons de le regretter !
    Et « Dur-à-cuire » sortit se contentant de saluer avec un geste désabusé qui en disait long sur son état d’esprit.

CHAPITRE III
UNE NUIT AGITÉE
    Dans la petite voiture d’Adalbert, décapotée et marchant à une allure sage afin de pouvoir respirer l’odeur d’arbres et d’herbe coupée de cette belle nuit de mai, le chauffeur et son passager gardaient le silence, réfléchissant chacun dans son coin. Ce ne fut que quand l’entrée éclairée du Trianon Palace fut en vue qu’Aldo demanda :
    — Tu connais bien Versailles, toi ?
    — C’est selon. Tu parles de quoi : le château ou la ville ?
    — La ville et ses abords. Par exemple, tu ne saurais pas où se trouve la rue du Plateau Saint-Antoine ?
    Au lieu de répondre Adalbert s’arrêta sur le bas-côté de la route et se tourna vers son ami :
    — Non, mais je vois où tu veux en venir. C’est la rue qu’habite l’Arlésienne ?
    — La fille dont on parle tout le temps et qu’on ne voit jamais. Je ne sais pas pourquoi mais j’aimerais voir à quoi ressemble sa maison…
    L’archéologue se mit à rire :
    — Les grands esprits se rencontrent : c’est exactement ce que je pensais. Les habitations vides nous ont toujours été très instructives. Mais comme je ne sais pas où c’est, il faut se procurer un plan. Et à cette heure-ci… À moins d’en demander un au portier de nuit de l’hôtel mais qui pourrait peut-être trouver bizarre… on n’est

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