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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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étonné de sa venue, prenait soin de son bien-être. Elle se sentait en confiance avec cet homme bienveillant qui incarnait la charité de l’Église. Aurait-elle pour autant le courage de lui révéler ce qu’elle avait sur le cœur ? Mais si elle ne le faisait pas, à qui d’autre pourrait-elle faire appel ? À personne.
    Le vieil homme avait pris place en face d’elle et la regardait avec aménité. Il pouvait ressentir le trouble qui la paralysait. Il l’avait toujours considérée comme une jeune fillegaie, sans doute un peu insouciante, mais c’était de son âge. Elle avait souffert de l’absence de père, et s’entendait mal avec sa mère qui l’avait élevée à la dure. Le père Jean se refusait à juger cette Maëlle Le Borgne que tout le monde affublait du sobriquet infamant de Dahud. Certes, elle n’était pas commode, ne venait jamais à l’église et s’adonnait, disait-on, à des pratiques magiques que condamnaient les textes saints. Mais elle avait eu son lot de souffrances et avait dû supporter toute sa vie le regard méprisant des autres. C’était une pécheresse, mais elle avait expié sa faute en s’occupant de sa fille, même si c’était souvent à coup de taloches. Et Annaïg n’était pas responsable de la honte qui pesait sur sa naissance. Elle n’avait pas demandé à venir au monde, et méritait qu’on la traite avec compassion. Elle était une brebis dont il était le berger, et si cette brebis s’était égarée, c’était à lui de la remettre dans le bon chemin. Mais pour cela, il ne devait pas la brusquer. Il devait attendre qu’elle lui révèle d’elle-même le problème qui la hantait.
    – Demain, c’est la fête de tous les saints, commença-t-il d’une voix douce. À l’église, nous réciterons leur litanie, afin qu’ils intercèdent pour nous auprès du Seigneur. Car le Seigneur est bon et veut notre bien. Il est le bon pasteur qui veille sur son troupeau. Tu peux lui faire confiance, Annaïg. Il t’aime d’un amour infini, comme il aime chacun d’entre nous. Il suffit de s’adresser à lui avec franchise, d’un cœur ouvert. Quelle que soit la question que nous nous posons, c’est lui qui a la réponse.
    Annaïg se mordait les lèvres, fuyant le regard clair du père Jean. Elle n’osait pas lui parler. Pas encore. Pourtant, il le fallait. Mais pour y parvenir, elle avait besoin de s’assurer du silence du prêtre. Elle ne se confierait à lui que sous le sceau du secret.
    – Mon père… Je… Je voudrais me confesser.
    Le père Jean marqua un temps avant de lui répondre.
    – Pourquoi t’y prends-tu si tard ? Je te rappelle que les confessions ont lieu deux fois par semaine, le mercredi pour les femmes et le jeudi pour les hommes, afin que les pécheurs des deux sexes n’aient pas l’occasion de se croiser. C’est d’ailleurs à cette seule condition qu’il est possible de recevoir l’eucharistie.
    La jeune fille secoua la tête d’un air affolé.
    – Mais c’est ce soir que j’ai besoin de me confesser !
    Le père Jean haussa les sourcils, surpris par la réaction de la jeune fille.
    – Annaïg, viens-tu de commettre un si grand péché ? Est-ce si grave, ce que tu as à avouer au Seigneur ?
    La jeune lavandière hocha brièvement la tête, prête à éclater en sanglots.
    Le père Jean poussa un profond soupir.
    – Très bien, ma fille. Je veux bien faire une exception pour toi, vu l’urgence de la situation dans laquelle tu sembles te trouver. Mais l’église n’est pas chauffée et je ne veux pas que tu prennes froid dans un confessionnal glacé. Reste ici, je vais chercher mon étole…
    Le recteur se dirigea vers un coin de la pièce où se trouvaient ses objets liturgiques. Il choisit une étole, la baisa puis la mit autour de son cou. Puis il disposa une chaise et le prie-Dieu sous le crucifix et fit signe à Annaïg.
    – Viens t’agenouiller, ma fille. Et récite tes prières et l’acte de contrition.
    La jeune fille se mit à genoux devant le prêtre, joignit les mains et prononça d’une voix blanche les paroles qu’elle connaissait par cœur.
    – Je confesse à Dieu tout-puissant et reconnais devant vous, mon père, que j’ai péché en pensée, en parole, par action et par omission. Oui, j’ai vraiment péché. C’estpourquoi je supplie la Vierge Marie, les anges et tous les saints, et vous aussi, mon père, de prier pour moi le Seigneur notre Dieu.
    Elle battit par trois fois sa

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