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Les Lavandières de Brocéliande

Les Lavandières de Brocéliande

Titel: Les Lavandières de Brocéliande Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Edouard Brasey
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coulpe.
    – Mon Dieu, j’ai un très grand regret de vous avoir offensé parce que vous êtes infiniment bon, infiniment aimable, et que le péché vous déplaît. Je prends la ferme résolution, avec le secours de votre sainte grâce, de ne plus vous offenser et de faire pénitence.
    Le père Jean avait fermé les yeux et priait en silence. Ses lèvres remuaient à peine. Il tenait fermement la croix entre ses mains. Lorsque Annaïg eut terminé ses prières, il murmura, les yeux toujours clos :
    – Je t’écoute, ma fille.
    Annaïg sentait une boule d’angoisse lui serrer la gorge, mais il était trop tard pour reculer. Il lui fallait aller jusqu’au bout.
    Elle dévida le fil de son récit, s’interrompant souvent à cause des larmes ou de la trop forte émotion qui la submergeait. Le recteur l’écoutait sans manifester la moindre réaction. Il semblait s’être abstrait de lui-même, pour mieux accueillir en lui la présence divine. Il n’était plus un homme alors, avec ses forces et ses travers, mais un simple témoin, une oreille compatissante qui recevait la confession de la jeune fille. Encouragée par cette présence bienveillante qui ne jugeait pas, qui ne condamnait pas, Annaïg trouva la force de poursuivre son histoire jusqu’au bout, sans rien dissimuler ni omettre. Elle implorait la mansuétude de Dieu par l’intermédiaire de ce prêtre assis devant elle.
    Lorsqu’elle eut terminé, le père Jean rouvrit lentement les yeux et la considéra avec un regard d’une infinie bonté.
    – Mon enfant, ta faute est grande, mais elle est pardonnable car tu l’as commise par amour.
    Il ferma de nouveau les yeux, comme s’il se concentrait sur une voix intérieure.
    – Le Seigneur t’a fait un immense cadeau en t’offrant la faculté de donner la vie. Ses voies sont impénétrables et tu ne dois pas chercher à savoir pourquoi ce présent t’a été accordé dans des circonstances aussi difficiles. Tu dois l’accepter avec joie et confiance. Tout s’arrangera pour le mieux, tu verras. Dieu y pourvoira…
    Annaïg se sentait moins optimiste que son confesseur. D’une voix brisée par l’émotion et le remords, elle chuchota :
    – Mais Philippe, mon père… Pourquoi a-t-il agi comme cela avec moi ? Pourquoi m’a-t-il abandonnée ? Je l’aime, mon père. Et il disait qu’il m’aimait, lui aussi !
    Le front ridé du vieux prêtre se fronça de plis soucieux.
    – Je suis sûr qu’il saura assumer ses responsabilités. Il a seulement besoin de temps pour prendre conscience de ce qui vous arrive à tous les deux. Ce n’est pas rien, tu sais, de réaliser que l’on va bientôt être père. Les hommes en ont souvent peur. C’est parce qu’ils ne portent pas la vie en eux, comme le font les femmes. Mais il fera ce qui est juste. Je prierai pour que le Seigneur l’éclaire et lui donne le discernement. En attendant, tu dois t’armer de patience, ma fille… Et tout raconter à ta mère, exactement comme tu me l’as raconté.
    – Le dire à ma mère ? Jamais ! Elle me hait ! s’écria la jeune fille en se cramponnant au dossier du prie-Dieu.
    – Une mère ne peut haïr son enfant, elle l’aime, même si son amour prend parfois des formes étranges, répondit le prêtre sur un ton attendri.
    – Vous ne la connaissez pas.
    – Si, je la connais. En tout cas, je l’ai connue, il y a bien des années de cela. Lorsqu’elle avait ton âge et venait encoreà la messe. Tu verras qu’elle saura te protéger et prendre soin de toi. Me promets-tu de lui parler dès ce soir ?
    Annaïg hésitait encore. L’idée de confier un tel secret à sa mère lui était insupportable. Pourtant, elle devait bien admettre que le père Jean avait raison. Elle ne pourrait dissimuler plus longtemps son état à Dahud et aurait besoin de son soutien. Plus elle attendrait et plus cela serait difficile. Grâce aux encouragements du vieux prêtre, elle trouverait peut-être les mots justes pour parler à sa mère sans provoquer sa colère. D’une voix encore mal assurée, elle finit par dire :
    – Je vous le promets, mon père.
    Le père Jean sourit.
    – C’est bien, ma fille. C’est la seule solution, tu verras. À présent, baisse la tête, je vais te donner l’absolution.
    Le recteur posa sa main sur la tête d’Annaïg et prononça les paroles consacrées qui lavent les péchés.
    – Je ne te donne pas de pénitence, conclut le prêtre. Tu as déjà suffisamment été

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