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Les lions diffamés

Les lions diffamés

Titel: Les lions diffamés Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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énergie cohérentes, et si complètement affirmées dans la lumière de ce jour de soleil qu’elles comblaient ses espérances les guerriers de Philippe VI allaient dominer ceux d’Édouard III. Il ne pouvait en être autrement.
    — Apaise-toi, Ogier, conseilla Blanquefort. Laisse faire les choses et viens avec moi, là-bas. On s’y dispute.
    Une altercation s’achevait à la poupe. Le sénéchal en avait perçu les éclats.
    — Que se passe-t-il ?
    Guillaume de Rechignac, attentif parmi un groupe de barons, fit un pas en arrière. Il s’adossa au limon de l’escalier d’accès au paradis, remua ses bras dans un mouvement d’impuissance, puis les croisa pour dominer leur tremblement.
    — Barbe-Noire est allé trouver Hue Kieret afin de connaître ses intentions. Rendu furieux par la tâche que l’amiral vient de lui assigner, le Génois a protesté sans obtenir le moindre changement à des injonctions qu’il trouve insensées… Tiens, le voilà !
    En criant : « Ah ! Les affreux ! Les affreux ! » Barbanera descendait précipitamment du château d’arrière sous les regards intrigués des témoins de cet esclandre.
    — Eh bien, messire, vous voilà prêt à nous quitter ! observa Étienne de Liancourt, un chevalier du Valois, quand le mercenaire passa devant lui.
    — Si nous en croyons nos oreilles, intervint Gauthier d’Évrecy, un Normand, les dieux du paradis semblent désapprouver vos propos… ou vos conseils.
    — Pouvons-nous savoir, demanda Blanquefort, quelle en était la nature ?
    Trop heureux de révéler ses desseins, le mercenaire se laissa entourer par une douzaine de prud’hommes bruyants dont il exigea le silence.
    — Messires, leur dit-il, une main sur le cœur comme pour en amortir les battements, vous savez, vous aussi, que la victoire appartient de préférence à ceux qui prennent l’offensive…
    Il y eut des hochements de tête et des murmures d’assentiment à la suite desquels la main large et poilue du Génois, abandonnant le plastron de son haubergeon, se crispa sur la boucle de sa ceinture.
    — En vertu de ce principe, j’ai voulu porter toutes mes galères à la rencontre des Anglais pour rompre le front de leurs naves d’avant-garde. Une fois cette attaque accomplie, vos vaisseaux se seraient enfoncés sans trop de peine dans la formation ennemie. Assaillis de l’intérieur et de l’extérieur, les Goddons ne pouvaient que subir la défaite… Et croyez-moi, puisque nous sommes en surnombre, leur ardeur aurait été refroidie pour longtemps.
    Il entrevit Guillaume de Rechignac au dernier rang de l’assistance et s’adressa particulièrement à lui :
    — Après avoir coulé la plupart de ces coques, plus rien ne nous empêchait d’accoster en Angleterre, comme le souhaitait Argouges.
    — Eh oui ! fit Guillaume.
    Le regard de Barbanera glissa sur les visages de ses auditeurs, et sa bouche, visible à travers la broussaille de la barbe et de la moustache, frémit sous un nouveau spasme de colère :
    — Rien de ce qui est bon pour nous ne se fera, messires !… J’ai parolé avec un niais : Kieret. Un couard lui a donné raison : Bahuchet, qui veut attendre lui aussi les Goddons au mouillage. Blainville a accepté cette immobilité… à moins qu’il ne l’ait inspirée !
    Blanquefort parut humer l’air devant lui :
    — La discorde est montée à bord dès Honfleur. Le Christophe, depuis, empeste la défaite.
    Barbanera l’approuva, mécontentant Ogier.
    — Kieret et Bahuchet ont l’intention de passer sur le Saint-Georges et d’en faire in promptu le vaisseau amiral… Ces deux chefs, sur une même nef, se gêneront l’un l’autre !
    C’était l’évidence, mais nul ne pouvait rien contre cette ineptie.
    — Allons, compère, dit Guillaume de Rechignac, au lieu que ce soit sur des murailles de pierre, les Goddons se briseront sur nos parois de bois !
    — Faire haler, dit Barbanera méprisant, à l’avant de la première ligne, nos quatre grosses nefs : le Saint-Georges, le Saint-Denis, le Christophe et le Saint-Nicolas !
    —  Il y a, dit Liancourt, sur le Saint-Georges, autant d’hommes que sur le Christophe.
    —  Oui, dit Barbanera : deux cents. Et pour ces quatre naves, quatre cents arbalétriers. Kieret et Bahuchet…
    — Croient-ils, interrompit Blanquefort, que le roi d’Angleterre est effrayé de nous voir ?… Regardez en face !
    Tous se tournèrent vers les Anglais.
    — Ces quatre

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